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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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agencée. Elle se composait de trois caveaux successifs. On pouvait passer de l’un à l’autre par des baies cintrées que ne fermait aucune porte, excepté la troisième où il y avait une porte de fer… mais elle était grande ouverte. Croixmart vit que toute la cave était vaguement éclairée par une lumière qui venait du troisième et dernier caveau.
    – Ici, dit Alcyndore, avec une volubilité gazouillante, avec une évidente fierté d’hôtesse, ici, dans ces larges tonnes, sont les vins qu’on tire au broc ; ils sont bons toutefois ; chez Alcyndore, jamais mauvaise piquette n’eut sa franche entrée. Mais viens par ici, prévôt, ajouta-t-elle en passant dans le deuxième caveau. Voici les vins de la chaude et généreuse Bourgogne : tu vois ces flacons : il y en a qui datent de vingt ans et plus. Veux-tu goûter ? Non ? À ton aise. Au fait, je te conseillerais plutôt ceux-ci qui me viennent des bords de la Loire. De Vouvray à Saumur, la Loire est ma tributaire. Aimes-tu mieux ceux-ci que la Champagne m’a envoyés ? Ou encore, peut-être ces vins de Bordeaux… tu les préfères ? je reconnais là ton goût raffiné, ils ont la couleur du sang…
    – Hâtez-vous, dit Croixmart. Les vingt minutes s’écoulent.
    – Bah ! bah ! laisse-les couler, prévôt. Laisse couler le vin. Laisse couler le sang. Tiens, voici trois petits barils qui me viennent d’Alicante, et celui-ci de Malaga. Les vins d’Espagne, mon cher, sont à un bon repas ce que la rose est à un bouquet. Mais à présent, voici le chef-d’œuvre de ma cave.
    Elle entra vivement dans le troisième caveau.
    Croixmart la suivit, et voici ce qu’il vit :
    Quinze forts barils étaient entassés l’un sur l’autre, par rangées de moins en moins larges, et formaient une pyramide qui montait jusqu’à la voûte. La rangée du bas comprenait cinq barils, celle du dessus n’en avait que quatre, ainsi de suite.
    La symétrie de cette pyramide était maintenue par de fortes traverses de fer qui, enfoncées dans le sol par leurs pieds, allaient se rejoindre à la voûte.
    Devant ce bizarre assemblage, il y avait une petite table et un escabeau.
    Sur la table, il y avait deux flambeaux de cire, plusieurs bouteilles et un gobelet.
    Sur l’escabeau, il y avait un homme assis, un homme qui ne tourna pas la tête lorsque Croixmart entra. Il était là, paisible et sinistre buveur silencieux, il était là qui se versait une forte rasade, d’un air de profonde satisfaction.
    C’était Pancrace-à-la-cicatrice.
    – Voici mon meilleur vin, dit Alcyndore. J’en ai fait couler un peu pour que tu en admires la couleur. Regarde.
    Elle saisit l’un des flambeaux et le pencha jusqu’au sol… jusqu’à une large traînée de poudre répandue devant les cinq barils du bas… et à cette traînée de poudre, les cinq barils étaient reliés par cinq mèches qui s’enfonçaient à l’intérieur de chacun d’eux : une mèche par baril.
    Ce fut sur cette traînée de poudre qu’Alcyndore pencha la flamme de la cire, et la flamme touchait presque la poudre : qu’Alcyndore eût un faux mouvement et tout sautait.
    Les quinze barils étaient pleins de poudre.
    La bizarre pyramide était une formidable mine.
    Alcyndore se redressa, reposa tranquillement le flambeau sur la table et dit :
    – Il y a longtemps, vois-tu, que j’ai préparé ceci, mais n’aie pas peur, la poudre est bonne ; j’ai eu soin de la vérifier.
    Elle leva les yeux sur la voûte.
    – Juste sous la rue de la Hache. Un mot de moi crié d’en haut et ce brave que tu vois ici, le gardien du bon vin, baissera le flambeau un peu plus bas que je n’ai fait. Alors, Alcyndore, prévôt, gardes, cadavres, vivants, tout cet ensemble prendra son essor… Viens, prévôt.
    Et quand ils furent dans la salle, Alcyndore, les traits durs, la voix rauque de haine :
    – Maintenant, va donner l’ordre d’assaut.
    Le grand prévôt sortit de l’auberge.
    Alors Clother de Ponthus s’approcha d’Alcyndore.
    – J’ai tout entendu, dit-il.
    – Fort bien, mon gentilhomme, dit-elle en faisant une jolie révérence. Laissez-moi vous regarder un peu. Cela repose, un visage comme le vôtre, après celui de tout à l’heure…
    – J’ai tout entendu, reprit Ponthus. C’est donc à cet infernal travail que vous avez, cette nuit, occupé plusieurs de vos hommes ?
    – Il fallait bien transporter les barils de poudre au bon endroit, les disposer, les consolider,

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