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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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marcher sur la taverne ; le grand prévôt s’élança, hurla : « En avant ! » et alors se produisit l’effroyable choc. Cela ne dura qu’une ou deux minutes. Il y eut à l’entrée de la rue de la Hache quelque chose comme une de ces houles soudaines qui parfois soulèvent l’océan, un tourbillon de vagues entre-choquées, un remous terrifiant d’où montaient des grondements de haine, des insultes furieuses, et encore de brefs cris d’agonie, et encore des imprécations sauvages, et tout à coup la trombe passa…
    La trombe !…
    Elle dévala, dans une indescriptible mêlée de têtes forcenées, d’armes brandies, êtres et choses emportés par le torrent, toutes digues rompues… la centaine d’hommes d’armes que le grand prévôt avait amenée, poignée de braves, certes, mais poignée misérable, impuissante, devant le flot déchaîné, fut balayée, noyée… la trombe passa !
    Elle était entrée par une extrémité de la rue de la Hache. Elle roula le long de la rue jusqu’à l’extrémité, et elle s’éloigna.
    La trombe était passée…
    Dans la rue, il y avait par-ci par-là des choses écrasées, sur le sol, recroquevillées en des attitudes bizarres… c’étaient des cadavres, une douzaine de cadavres, truands ou gardes prévôtales. Il y avait une vingtaine de blessés, mais parmi eux, pas un seul truand : la cour des Miracles avait laissé ses morts, mais emporté ses blessés.
    Le grand prévôt, suivi de deux ou trois officiers et de quelques hommes d’armes, s’était élancé dans la taverne du Porc-qui-Pique. Il disait à M. de Parsac :
    – Alcyndore et Ponthus sont partis avec les truands. Inutile de les chercher ici maintenant. Le droit, la justice et l’autorité royale auront leur revanche. Dussé-je demander au roi d’assiéger la cour des Miracles et d’en faire un vaste brasier, tous ces misérables recevront le châtiment qu’ils méritent… Ce qui ne peut tarder une minute, c’est la destruction de la mine préparée par cette femme. L’existence des habitants de la rue tient à une étincelle égarée… Suivez-moi. Non. Pas de torches : des lanternes fermées.
    On trouva chez les habitants des lanternes d’écurie. On descendit à la cave, le grand prévôt toujours en tête. On arriva au troisième caveau.
    – Prenez ces barils l’un après l’autre, commanda Croixmart. On les montera dans la rue. M. de Parsac, vous veillerez à ce que nul n’en approche. Et tout aussitôt, vous les ferez transporter dans les caves de la Bastille Saint-Antoine.
    Alors le grand prévôt s’approcha de la mine, une lanterne à la main.
    Il se pencha pour examiner la traînée de poudre qu’Alcyndore avait préparée.
    M. de Parsac regardait, lui aussi.
    Ils se redressèrent lentement… ils étaient un peu pâles.
    – Diable ! fit le lieutenant. Nous l’avons échappé belle ! Mais pourquoi l’explosion ne s’est-elle pas produite ?…
    – Oui, dit M. de Croixmart pensif, la traînée de poudre a brûlé ! L’abominable Alcyndore a mis le feu à la traînée.
    – Monseigneur, elle aura entendu les cris des truands et sera parvenue à étouffer…
    – Non, non… toute la traînée a brûlé…
    – Les mèches sont éventées, sans doute. Quoi qu’il en soit, c’est à un miracle que nous devons la vie.
    Et le lieutenant essuya son front couvert de sueur.
    – Un miracle, dit le grand prévôt. Oui. Et pourtant… qui sait… qui sait s’il n’eût pas mieux valu, pour l’honneur de Paris, que cette mine eût pris feu, et que la rue de la Hache eût sauté ? Nous eussions péri. Mais le royaume eût été délivré de cette hideuse plaie qu’on appelle la cour des Miracles… il y avait plus de mille truands dans la rue… quelle belle hécatombe ! Et quelle belle fin pour un grand prévôt !…
    – Monseigneur, appela à ce moment l’un des gardes, d’une voix étrange.
    On avait appliqué une échelle au sinistre échafaudage des barils, et cet homme, monté jusqu’en haut, soulevait de ses bras le baril qui formait le sommet de la pyramide.
    – Qu’y a-t-il ? tressaillit Croixmart.
    – Monseigneur, dit l’homme, CE BARIL EST VIDE.
    – Vide ? fit Croixmart.
    – Complètement vide, monseigneur.
    Le baril fut descendu, et aussitôt éventré ; il ne contenait, jamais il n’avait contenu le moindre grain de poudre.
    Les barils de la rangée suivante furent soulevés…
    Ils étaient vides !…
    Et

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