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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sang continuait de couler, et elle dit, parmi ses râles :
    – Inutile. Je n’arriverais pas jusqu’à la halle. Dans quelques minutes, je serai morte.
    Croixmart contint les gardes qui se jetaient sur la ribaude.
    – Que veux-tu ? gronda-t-il.
    – Monseigneur, dit-elle, c’est Alcyndore qui m’envoie. Elle dit qu’il faut qu’un de vos officiers s’en aille au Porc-qui-Pique pour voir je ne sais quoi qu’elle veut lui montrer.
    En même temps, elle s’affaissa. Mais se redressant sur les mains :
    – J’ai fait sa commission. Par ma foi, je suis contente. Alcyndore m’a toujours donné à manger quand j’avais faim, à boire quand j’avais soif…
    Elle eut un violent effort pour se redresser, et, d’une voix terrible, cria :
    – Vive la reine d’Argot !
    Et elle s’abattit, morte. On emporta le cadavre. Et Croixmart dit à ses officiers :
    – Que peut bien vouloir cette truie ?
    – Monseigneur, dit l’un des officiers, peut-être veut-elle se rendre et livrer le rebelle. Si vous m’en donnez l’ordre, je vais entrer dans la bauge.
    – J’y vais, dit le grand prévôt.
    Il fit quelques pas et, se retournant :
    – Si vous ne me voyez pas d’ici vingt minutes, attaquez. Mais surtout n’oubliez pas que le sire de Ponthus doit être pris vivant.
    Et il entra.
    Il s’avança parmi les décombres, les débris de tables et d’escabeaux, il s’avança vers Alcyndore. Elle était telle qu’à son habitude, avec son sourire figé, ses yeux sans expression, ses mains chargées de bagues, sa robe de soie verte où pas un pli ne semblait avoir été dérangé.
    Elle se tenait debout, en avant des truands et des ribaudes qui avaient soutenu les quatre attaques de la nuit.
    Truands et ribaudes étaient bien alignés, en très bel ordre, l’un près de l’autre : seulement, ils étaient couchés de leur long, la tête au mur, tous raides, avec des yeux blancs… ils étaient morts.
    Les uns avaient été tués pendant les attaques ; d’autres avaient ensuite succombé à leurs blessures.
    Parmi eux, se trouvait Lurot-qui-n’a-pas-froid-aux-yeux, qui jamais plus ne devait avoir froid aux yeux. Mais Pancrace-à-la-cicatrice n’y était pas.
    Alcyndore, en riant, salua Croixmart d’un petit geste amical de la main, et elle secoua coquettement sa tête, et elle dit :
    – C’est toi qui es venu, prévôt ? C’est bien de l’honneur pour ma pauvre auberge. Sois le bienvenu. Allons, massiers et suppôts, comtes et ducs du royaume d’Argot, saluez le grand prévôt de l’autre royaume. Non ? Pardonne-leur, prévôt. Ils te devront ce salut, quand tu iras les rejoindre chez Satan.
    Croixmart demeurait immobile.
    Il n’y avait sur son visage ni mépris ni colère.
    Alcyndore reprit :
    – Tes gens ont bien besogné, c’est une justice à leur rendre. Nous ne sommes plus ici que trois vivants, savoir : moi, Alcyndore – et puis le gardien du bon vin – et puis celui-ci qui n’est pas d’Argot… qui est de ton royaume.
    Elle eut un geste, Croixmart se retourna, et au pied de l’escalier il vit Clother de Ponthus.
    Il était en lambeaux, mais non blessé, sauf une estafilade au bras. Il avait une étrange physionomie que le sourire aigu n’adoucissait pas. Il tenait à la main un tronçon de rapière, et cette main était rouge de sang.
    Le grand prévôt ouvrit la bouche pour lui parler, – mais il se tut. Clother le regarda fixement. Croixmart détourna la tête. Un instant, il fut pensif. Puis il haussa les épaules comme pour signifier qu’après tout il ne faisait qu’exécuter un ordre en attaquant ce loyal gentilhomme à qui aucun crime ne pouvait être reproché…
    Il se tourna vers Alcyndore :
    – Femme, si je ne suis pas sorti d’ici au bout de vingt minutes, on viendra m’y chercher. Ainsi, hâtez-vous, le temps presse. Qu’avez-vous à me dire et à me montrer ?
    Alcyndore sourit et se mit à jouer avec ses bagues :
    – J’avais à te dire, prévôt, que nous ne sommes plus que trois vivants ici. Quant à ce que je veux te montrer, il faut que tu descendes là.
    Elle désigna le panneau de la cave.
    Si maître de lui qu’il fût, Croixmart eut un mouvement de recul.
    – Descendez, monsieur, dit Ponthus. Je réponds de votre sûreté.
    Le grand prévôt se tourna vers le sire de Ponthus et le salua gravement. Puis il commença à descendre l’escalier, suivi de près par Alcyndore.
    La cave était vaste, sèche, et parfaitement

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