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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vides, ceux de la rangée du bas, vides, tous vides !
    Dans le caveau, il n’y avait eu de poudre que la traînée à laquelle, devant Ponthus, Alcyndore avait mis le feu.
    La mine infernale n’était qu’un simulacre.
     
    À la cour des Miracles, une heure plus tard.
    Clother de Ponthus sortit de l’une de ces friperies où l’on trouvait de tout, depuis le costume du riche gentilhomme jusqu’aux ulcères postiches, depuis la noble épée de bataille jusqu’à l’ignoble couteau de chasse qui sert à couper le jarret du cerf hallali, Alcyndore avait dit un mot au fripier, et le fripier avait mis sa boutique à la disposition du sire de Ponthus, qui, avec ses vêtements en lambeaux, n’aurait pas fait cent pas hors du royaume d’Argot sans être arrêté. Mais Clother refusa d’accepter une épée, bien que la sienne fût brisée. Seulement, de la fameuse poignée creuse, il tira un diamant, le plus beau de ceux qui lui restaient, et il l’offrit à Alcyndore qui l’attendait dehors.
    – Gardez-le, ma chère hôtesse, non pas comme un remerciement ou un souvenir de moi, mais en mémoire du si joli geste que vous avez eu en mettant le feu à la traînée de poudre pour me montrer que les barils étaient vides et que l’affreuse pensée de la mine infernale n’était qu’une ruse…
    Alcyndore prit la pierre précieuse, l’admira en bonne connaisseuse et dit :
    – C’est en souvenir de vous, mon gentilhomme, que je garderai ce diamant. Quant à la mine, dès hier au soir, j’ai su que les braves de ce pays-ci viendraient à mon secours. Je voulais inspirer quelque hésitation au prévôt, gagner quelques heures. Au moment qui m’a paru favorable, je lui ai donc montré la mine pour le faire patienter. Mais Croixmart est un rude homme : il allait nous attaquer lorsque mes braves, devançant l’heure convenue, sont arrivés à la rescousse. N’en parlons plus. Qu’allez-vous faire maintenant ?
    – Et vous ? demanda Clother en regardant fixement Alcyndore.
    Elle se mit à rire, secoua la tête :
    – Je suis chez moi. J’y suis aussi en sûreté que l’autre reine en son Louvre. Les gens d’armes du prévôt sont redoutables, mais nul d’entre eux ne s’avisera de franchir la frontière de ce royaume. Le roi a autour de lui des capitaines qui ont pris mainte forteresse. Mais ils ne prendront pas le pays d’Argot…
    Elle eut un geste farouche de haine et de défi, et elle gronda :
    – Jamais !…
    – Adieu donc, mon hôtesse. Suivez votre destin. Moi je vais suivre le mien.
    Clother jeta un regard sur la vaste cour en apparence paisible. Quelques mendiants se transformaient en boiteux ou en manchots, d’autres s’ornaient de fausses plaies, un groupe de bohémiennes s’exerçaient à la danse tandis que l’une d’entre elles cadençait leurs mouvements au moyen d’un tambourin ; une vieille femme chantait une complainte ; des enfants s’amusaient à simuler un vol, il y avait on ne sait quoi de terrible dans la tranquillité de l’étrange royaume… mais où était l’infernale troupe de mille démons ? En quelles sombres tanières ? Où était passée la trombe ?
    Clother murmura :
    – Nous reverrons-nous jamais ?
    – Le monde est petit, dit Alcyndore.
    – Adieu, madame.
    – Adieu !

XXIII
 
AMICALE CONVERSATION DU FOSSOYEUR ET JOLI-FRISÉ
    Clother de Ponthus quitta la cour des Miracles et se dirigea vers l’hôtel d’Arronces. L’unique précaution qu’il prit fut d’éviter la rue Saint-Denis où il supposait que son logis devait être surveillé.
    Un moment, à un endroit désert de la rue du Temple, il s’arrêta, essuya son front couvert d’une sueur froide, écouta son cœur qui battait à coups précipités. La terrible nuit, les quatre assauts, la vision des cadavres alignés tête au mur, avec Alcyndore debout qui parle au grand prévôt, l’effroyable minute où elle avait mis le feu à la traînée de poudre, la formidable ruée des truands, le passage de la trombe qui l’avait saisi, emporté comme un fétu de paille, tout cela s’effaçait : même l’image de Léonor s’éloignait à l’horizon de sa pensée. Il songeait :
    « Un jour, dans les landes du Périgord, j’étais en route pour Paris et fort pressé d’y arriver : sans motif j’ai tourné bride ; sans motif je me suis dirigé vers la solitaire auberge abandonnée ; je n’eus point à m’en plaindre, il est vrai, puisque j’eus le bonheur, à la

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