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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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– les gardes que M. de Bervieux avait fait placer là, sur l’ordre du roi, pour empêcher Léonor de sortir jusqu’au moment où le rebelle serait pris.
    Il saisit le bras du pèlerin :
    – Qu’est-il arrivé à la dame d’Ulloa ? Parlez, par le ciel !
    – Rien de fâcheux, monseigneur ! Rien de fâcheux ! Cette très pieuse dame a pu sortir de l’hôtel sans encombre. Voici donc ce qui s’est passé : la très charitable dame venait de rentrer du Louvre, où, d’après le peu qu’elle a dit, j’ai compris qu’elle avait été voir notre bon sire le roi…
    – Après ! Après !…
    – C’est à ce moment que les gardes sont arrivés, monseigneur. Et il y en a plus de cent dans l’hôtel et dans le parc. Et ils ont l’ordre de saisir le sire de Ponthus pour le traîner aussitôt au Temple. C’est pourquoi, voyant cette très noble dame dans un état voisin du désespoir, nous avons été émus de pitié, mon compagnon et moi, et lui avons offert nos humbles services. Elle nous a alors demandé de nous poster sur ce chemin pour y attendre le digne Bel-Argent et lui recommander, au cas où il verrait le sire de Ponthus, de l’empêcher à tout prix d’aller à l’hôtel d’Arronces.
    – Ce serait aller dans la gueule du loup, dit Bel-Argent.
    Clother éprouvait cette crise de rage qu’il avait déjà subie. Un instant, la pensée lui vint de courir aux gardes, de les insulter, de les provoquer. Il se dompta.
    – Mais, fit-il, vous disiez que la dame d’Ulloa a quitté l’hôtel ?
    – Pour vous attendre, seigneur, pour vous attendre ! Mon compagnon connaît ici près une honnête famille de bourgeois et il a offert à cette pieuse dame de la conduire en leur logis pour qu’elle pût, sans danger, s’y concerter avec vous sur ce que vous avez à entreprendre. Elle a daigné accepter. Les gardes, n’ayant point d’ordres contre elle lui ont, non sans difficulté, permis de sortir. De même, ils ne se sont point opposés à la sortie d’une litière de route et de deux chevaux que des serviteurs ont conduit en un point que j’ignore et qu’elle vous dira sans doute.
    La vue des gardes, ces paroles, l’accumulation des détails en parfaite concordance avec la situation, la reconnaissance du pèlerin par Bel-Argent, tout eût contribué à dissiper jusqu’à l’ombre d’un soupçon, si Ponthus eût pu en concevoir.
    Mais que pouvait-il soupçonner ?
    Est-ce que lui-même, dans la rue du Temple, n’avait pas été averti par un étrange pressentiment qu’il ne s’expliquait pas, de ne pas se rendre à l’hôtel d’Arronces ?
    Ainsi, dans l’esprit de Clother, l’hôtel d’Arronces se confondait avec le chemin de la Corderie !
    Puisqu’il se reprenait à attacher de l’importance à ce singulier pressentiment, il eût dû se dire que le chemin de la Corderie ne signifiait nullement hôtel d’Arronces.
    Le pèlerin fit entendre encore cette sorte de sanglot bizarre que nous avons signalé et acheva :
    – Mon compagnon a donc conduit la très charitable dame au logis qu’il m’a dit et dont il m’a indiqué la situation. Moi, je me suis posté ici pour y attendre le digne Bel-Argent. J’espère, monseigneur, que vous voudrez bien témoigner à la très noble dame que j’ai en toute conscience accompli ma mission.
    – Allons ! dit Ponthus. Pèlerin, vous serez récompensé.
    – J’en suis aussi sûr que les pistoles sont pistoles, tandis que les écus d’or sont écus d’or.
    Et le pèlerin se mit en route, suivi de Ponthus et de Bel-Argent qui grognait :
    – Des écus d’or ? Au diable. Il me semble qu’avec quelques écus d’argent…
    Le pèlerin tourna le coin de la rue du Temple (hôtel de Loraydan), et une centaine de pas plus loin que le cabaret du Bel-Argent , s’arrêta devant un logis d’apparence plus seigneuriale que bourgeoise ; c’était d’ailleurs un de ces logis à figure avenante dont les fenêtres sont des sourires. La porte s’entrouvrit. L’autre pèlerin apparut et dit :
    – Dieu soit loué. La dame d’Ulloa commençait à se désespérer.
    Clother entra aussitôt, puis Bel-Argent, puis le pèlerin qui se mit à verrouiller la porte.
    Le sire de Ponthus se vit dans un vestibule assez vaste meublé de magnifiques bahuts et de fauteuils. Trois portes établissaient la communication avec l’intérieur du logis ; au fond, s’indiquait dans la demi-obscurité un très bel escalier. Tout cela, Clother le

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