Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
« Grâce de Dieu », d’offrir à Léonor l’aide de ma bonne rapière. Mais pourquoi, sans motif, ai-je tourné le dos à Paris que ma volonté était d’atteindre au plus tôt ? Et pourquoi, en ce moment, suis-je incité à m’arrêter, alors que je veux courir à l’hôtel d’Arronces ? Pourquoi incité à rebrousser chemin ? Quel motif ? »
    – Il ne faut pas aller au chemin de la Corderie, dit une voix très distincte, et rapide.
    Clother tressaillit, regarda, et vit un homme qui, arrêté à trois pas de lui, le saluait de multiples saluts empressés et joyeux, exécutés d’ailleurs avec toute l’élégance d’un bretteur qui frappe du pied la planche de la salle d’armes.
    – Bel-Argent !
    – Lui-même, monsieur ! Je veux dire moi-même. Et je veux être embroché dans la grande lardoire de Belzébuth si je ne suis pas, par ma foi, content de vous trouver tout vif, alors que je m’attendais à vous revoir mort, occis, et trépassé.
    – Pourquoi, haleta Ponthus avec fièvre, pourquoi me dis-tu de ne pas aller au chemin de la Corderie ?
    – Moi ! s’écria Bel-Argent stupéfait.
    – Toi ! fit Ponthus hors de lui. Pourquoi me dis-tu cela ?
    – Par la tête ! Par le ventre ! Par le front cornu ! Par les pieds fourchus ! Puissé-je être foudroyé si ce n’est pas vous-même, monseigneur, qui l’avez dit !
    – C’est moi qui l’ai dit ?
    – Oui bien. Mais sur mon âme, vous aviez la voix d’un dormeur qui parle en rêve. Mon avis, au contraire, est qu’il faut aller au chemin de la Corderie, puisqu’on vous attend à l’hôtel d’Arronces.
    – Bel-Argent, dit alors Clother, pourquoi n’es-tu point parti cette nuit ?
    – Je veux avoir à mes chausses les diables les plus cornus, monsieur, si je n’ai pas tout fait pour obéir à votre écriture, la preuve en est que c’est Jacquemin Corentin qui me l’a lue, le damné escogriffe ! Cette noble dame a refusé de partir, que je sois étripé ! Et elle a soutenu qu’il fallait qu’elle soit là pour vous recevoir, vu que votre premier mouvement, dès que vous seriez libre, serait d’accourir à l’hôtel d’Arronces.
    – Allons, allons ! fit Clother en accélérant le pas.
    Son cœur bondissait dans sa poitrine.
    – Oui, monseigneur, mais pour vous suivre, il me faudrait les échasses de Jacquemin. Et ce matin, quand elle est partie pour se rendre au Louvre…
    – Au Louvre !…
    – Oui bien. Elle m’a commandé alors d’aller rue de la Hache, pour voir et même écouter, mais elle m’a défendu de me faire tuer. Voilà la pure vérité. C’est donc vous, monsieur, qui rendrez compte fidèle en mon lieu et place.
    – En sorte que tu n’as point revu la dame d’Ulloa depuis son départ pour le Louvre.
    – Non certes.
    – La litière de voyage ?
    – À sa place dans l’hôtel. Et mon cheval aussi, et le vôtre. Vous n’avez qu’à donner l’ordre du départ.
    – Allons ! allons !
    Ils arrivèrent au chemin de la Corderie, s’élancèrent jusqu’à un tournant d’où, de loin, on voyait distinctement la grille d’Arronces.
    – Que Dieu vous tienne en joie, digne Bel-Argent !…
    Un homme venait de sortir d’une encoignure de haie où il se dissimulait et leur barrait la route.
    – Eh ! fit Bel-Argent, c’est l’un de ces saints pèlerins qui ont reçu l’hospitalité de la dame d’Ulloa et avec qui, ce matin, je bus quelques gobelets de ce vin blanc que nous donna le seigneur intendant, en l’assaisonnant, il est vrai, de patenôtres en latin.
    – Oui, digne Bel-Argent. Et je vous suis envoyé par cette noble et très charitable dame pour vous dire que vous devez attendre ici…
    Ponthus avait pâli.
    Il y avait du malheur dans l’air.
    Une telle angoisse lui serrait la gorge qu’il ne pouvait parler.
    – Attendre ? s’écria Bel-Argent.
    – Attendre votre maître, le sire de Ponthus, a-t-elle dit, et dès que vous le verrez…
    – Voici le seigneur de Ponthus lui-même, dit Bel-Argent.
    Le pèlerin eut une sorte de sanglot bizarre et dit en s’inclinant très bas :
    – Le ciel en soit béni ! Vous êtes donc sauvé, monseigneur !
    – Parlez, pèlerin ! gronda alors Clother. Que se passe-t-il ?
    – Regardez, monseigneur ! Regardez à la grille de l’hôtel d’Arronces.
    – Des gardes ! fit Bel-Argent dans un formidable juron. Il faut fuir !
    Clother jeta un coup d’œil sur la grille et vit distinctement les gardes

Weitere Kostenlose Bücher