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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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reprit son cheval dans les écuries du Louvre, sauta en selle, et traversa Paris à fond de train, peu soucieux des cris de femmes et des malédictions des gens qu’il avait failli renverser. Il songeait :
    « Ainsi la fourberie de ce roi félon pêche par la base même. Pour réussir, il fallait agir ce soir, que dis-je ! à l’instant même. Et il fallait, Sire, commencer par me faire arrêter moi-même. Trois jours ! Dans une heure, Turquand sera prévenu… »
    Il mit pied à terre dans la cour de l’hôtel de Loraydan. Brisard lui tint l’étrier, et aussitôt :
    – Monsieur, il est temps…
    Loraydan en reçut une telle secousse, il apparut si défiguré que Brisard recula de trois pas.
    – Que dis-tu ? que dis-tu ? haleta Loraydan.
    – Monsieur, je vous jure que ce n’est pas ma faute. Je dis qu’il est temps, voilà tout.
    Et Brisard continua de reculer, et, malgré lui, son regard loucha vers le coin aux étrivières.
    « Allons, songea-t-il mélancoliquement, il fallait pourtant les étrenner, elles ne pouvaient pas rester neuves le reste de ma vie ! »
    – Ici ! rugit le comte. Ici, tout de suite, vilain maraud ! Approche ! Bon. Répète voir…
    – Il est temps ! dit Brisard en fermant les yeux pour mieux se recommander aux saints, car la fureur du comte de Loraydan semblait dépasser l’emploi des étrivières.
    Quand il les rouvrit, ces yeux, il vit la main de son maître grande ouverte, et dans cette main une douzaine de pistoles. Brisard fut ébloui, mais ne fit pas un geste.
    – Prends ! dit Loraydan. C’est tout ce que la femme a dit ?
    – Non, monsieur. Elle a encore dit : ce soir…
    Loraydan s’élança au-dehors.
    Brisard, demeuré seul, compta et recompta ses pistoles en murmurant :
    – C’est bien la première fois depuis que je sers le noble comte… mais c’est que je ne savais pas m’y prendre, bon sang ! À l’avenir, je sais bien ce que j’aurai à faire pour ouvrir l’escarcelle de monseigneur. Je n’aurai qu’à dire : « Monsieur, il est temps. »
    Loraydan était sorti de l’hôtel. Il avait toute la journée pour réfléchir à ce qu’il avait à décider pour le soir. L’amour pouvait donc attendre. La haine était plus pressée : il se rendit au Temple en se disant :
    « C’est la plus heureuse journée de ma vie ! »
    – Oh ! lui dit Guitalens en le voyant, vous êtes tout radieux, mon cher comte.
    – C’est que le roi s’est montré si bon pour moi… Mais voici, mon cher gouverneur, l’ordre de me laisser entrer dans le cachot du sire de Ponthus.
    – Et que diable voulez-vous dire à ce misérable ? fit Guitalens, répétant sans s’en douter la question du roi.
    – Peu ! une mission qu’une dame m’a confiée… vous comprenez, c’est sacré. Allons, il est temps ! acheva Loraydan en éclatant de rire.
    – Oui, fit Guitalens étonné. Il est temps. Dois-je vous accompagner ?
    – Inutile. Qu’on ouvre la porte, c’est tout ce qu’il faut. Je présume que le prisonnier ne peut pas tenter une évasion ?
    – Impossible. Vous allez voir.
    Le gouverneur avait soigneusement lu l’ordre de laissez-passer. Au-dessous de la signature du roi, il avait apposé la sienne. Il appela un geôlier et lui donna ses instructions. Loraydan suivit le geôlier.
    On descendit trente marches, et on parvint à un large palier sur lequel s’ouvraient plusieurs portes. Le salpêtre brillait sur les murs et des fongosités, aux angles, dressaient leurs molles silhouettes. Il faisait nuit. Dans l’atmosphère lourde d’humidité flottaient des senteurs fades qui oppressaient les poumons.
    – C’est ici ? demanda Loraydan qui respirait péniblement.
    – Non, monseigneur, c’est plus bas. Ici, c’est seulement le Grand Purgatoire.
    – Diable !… fit Loraydan avec une sorte de bonne humeur.
    La descente fut rapide. Encore trente marches et Loraydan parvint au sol même sur lequel reposaient les formidables assises de la forteresse.
    Le silence était terrible. La nuit était opaque. On se trouvait peut-être à des centaines de lieues de la rue parisienne. C’était sûrement à des milliers de lieues du monde des vivants. C’était l’antichambre de la mort.
    Il y avait trois portes de fer dans ce caveau. Le geôlier s’arrêta devant la troisième et dit :
    – Voici le cachot du sire de Ponthus. Le numéro trois, monseigneur. Le meilleur.
    – Donne-moi ta lanterne, ouvre et va m’attendre

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