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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le même répit qui lui restait pour son mariage avec Bérengère.
    La fortune, les honneurs, le bonheur, tout, il tenait tout. De la même main dont il écrasait son ennemi, il étreignait aussi la félicité suprême, en rude conquérant qui, à peine entré dans la vie, façonne à son gré les événements. Ambition et amour recevaient ensemble une éclatante satisfaction.
    Un crime : le mariage avec Léonor. Un autre crime : le rapt de Bérengère. Un autre crime : la mort de Ponthus. Un autre crime : une trahison contre le roi de France et l’empereur Charles-Quint à la fois. Grâce à l’heureux assemblage de ces crimes, il détenait le bonheur. C’était facile. C’était simple.
    C’est toujours simple et facile : la difficulté, pour beaucoup d’hommes, c’est d’accepter tout d’abord l’idée du crime. Cette difficulté n’existait pas pour Loraydan…
    Dix heures sonnèrent au Temple.
    – Il est temps ! dit Loraydan.
    Il s’arrêta court. Il se sentit pâlir, des gouttes de sueur pointèrent à son front.
    – Quoi ? gronda-t-il et il essaya de rire. Qu’est cela ? Suis-je dément moi-même ? Ou suis-je indigne de conquérir le bonheur ? Parce qu’il a prononcé ces mots qui n’ont de sens que pour moi seul, parce qu’au fond de son cachot, solidement enchaîné au mur, il a répété ces paroles dans un accès de délire ou de folie, j’en éprouve je ne sais quelle émotion stupide et lâche ? Allons ! Marche, Loraydan ! Marche à Bérengère ! Demain tu marcheras à Léonor ! Malheur ! Malheur à qui se dresse sur mon chemin ! Allons !…
    Et il regarda autour de lui avec une bizarre défiance. Et il tremblait.
    En réalité, pendant ces deux heures où il avait si fermement, si soigneusement établi l’ordre et la marche du crime, pas un instant il n’avait cessé de penser à cette étrange folie de Ponthus qui, sans motif, lui avait répété ces seuls mots : il est temps…
    D’un effort rapidement couronné de succès, Loraydan parvint à se débarrasser de cette inquiétude qui n’avait aucune raison d’être, aucune raison valable.
    Lorsqu’il fut dehors, dans l’air froid de la nuit, il reconquit toute sa lucidité, et la joie entra à flots dans son cœur. Et, dans ce cœur, dans cette âme de sacripant, c’était une joie presque pure. Il se trouvait tout attendri par ce qu’il appelait son amour, il murmurait des lambeaux de paroles où il promettait à Bérengère une félicité sans fin, une reconnaissance éperdue.
    Par le trou de la haie, il gagna le terrain des Enfants-Rouges, et bientôt il se trouva dans la cabane du rendez-vous.
    Il évoqua l’image souriante de Bérengère, et, tout à coup, il la vit qui venait à lui, accompagnée de dame Médarde.
    Elle aimait…
    Le rendez-vous, une fois accepté, elle y venait en toute loyauté, très décidée, sans l’ombre d’un soupçon… et que pouvait-elle craindre ? Loraydan était pour elle un demi-dieu, elle l’avait doté de toute la noblesse d’esprit qu’elle avait trouvée en elle-même.
    Elle avait vu Loraydan, et simplement, elle avait marché un peu plus vite. Elle entra la première, puis, presque aussitôt ce fut dame Médarde.
    Ce peu d’instants avait suffi à Loraydan pour calculer, compter et disposer en bon ordre le nombre de gestes précis qu’il aurait à exécuter.
    Médarde entra donc, et dans la seconde même où elle pénétra dans les ténèbres de la cabane, du même coup, elle fit son entrée dans les ténèbres de la nuit éternelle ; elle eut la terrifiante impression d’un étau dont la double branche se fût fermée sur sa gorge, elle tenta vainement de pousser un cri qui ne fut qu’un faible gémissement, elle sentit le sol se dérober et qu’elle s’affaissait, et, en même temps, elle éprouva au sein la sensation d’une fraîcheur qui, instantanément, fut une intense brûlure, elle eut un ou deux soubresauts, quelques mouvements désordonnés, et puis Loraydan se releva. Cela avait duré cinq ou six secondes.
    Loraydan murmura :
    – Celle-ci ne pourra pas dire où se trouve Bérengère…
    – Que faites-vous ? Que faites-vous ? balbutia Bérengère immobilisée par la stupeur.
    – Cette femme vous trahissait, dit Loraydan en se relevant. Je l’ai bâillonnée et liée pour qu’elle ne puisse se sauver. Tout à l’heure, votre père décidera de son sort quand je lui aurai raconté la trahison…
    – Elle me trahissait !

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