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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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râla :
    – Et vous, Bérengère, m’aimez-vous ?
    Et d’une voix ferme, elle répondit :
    – Je vous aime, et suis heureuse de devenir votre épouse.
    Il se rapprocha d’un pas rapide, mais sans la toucher.
    – Répétez, Bérengère ! Répétez ce mot qui m’enivre et m’exalte…
    – Je vous aime…
    – Me suivrez-vous partout, Bérengère ?
    – Sans doute. Ne sera-ce pas mon devoir ? Si vous étiez exilé pour… ce terrible événement de tout à l’heure, ce ne sera plus seulement un devoir, mais une joie pour moi de vous suivre, d’être près de vous partout où vous serez…
    – Ferez-vous tout ce que je vous demanderai ?
    – L’obéissance de l’épouse n’est-elle pas une loi d’honneur et une loi divine ?
    – Vous consentez donc à être mienne ?
    – De toute mon âme, je le veux !
    – Vous ne comprenez pas, Bérengère, c’est tout de suite…
    – Si vous pensez que le jour de notre mariage doive être changé, si c’est cette nuit même que nous devons échanger le serment qui nous liera, je suis prête… conduisez-moi donc à la noble dame dont vous m’avez parlé, allez chercher mon père, et ensemble rendons-nous à l’église que vous avez choisie.
    – Votre père ! gronda-t-il. Puisque vous m’aimez, Bérengère, qu’est-il besoin de votre père ?
    Elle tressaillit.
    La même soudaine épouvante que tout à l’heure, quand elle avait vu du sang aux mains du fiancé, fit irruption dans son esprit. De nouveau elle le vit tel qu’il était, pareil à une bête de proie qui allait se jeter sur elle.
    Ce n’était qu’une frêle jeune fille, et il n’y avait en elle que des pensées de timide douceur. Et dans le même instant, elle fut toute vaillance.
    Il s’avança sur elle. D’un geste, elle le contint. D’un geste, et d’un mot :
    – Que voulez-vous, Amauri ? Pourquoi n’allez-vous pas chercher mon père ?
    – Je n’irai pas chercher Turquand ! gronda-t-il.
    Et ce nom jeté ainsi d’un accent d’indicible mépris et de haine, ce nom, le nom vénéré de son père, il lui sembla que c’était une insulte qui la frappait au cœur.
    Elle se raidit. Elle appela à elle tout ce qu’elle pouvait posséder de courage et de sang-froid.
    – Que voulez-vous donc ? répéta-t-elle.
    – Vous, dit-il. C’est vous que je veux !
    Il marcha rudement sur elle, un mauvais rire au coin des lèvres. Avec cette extraordinaire lucidité qu’on a aux minutes où il est question de vie ou de mort, elle jeta un regard autour d’elle, vit étinceler la panoplie aux dagues. Elle y fut d’un bond, en saisit une au hasard.
    Loraydan s’arrêta net. Elle dit :
    – Amauri, vous voulez donc que je meure ?
    Il souriait.
    Et c’était terrible.
    Pourquoi Loraydan souriait-il, en cet abominable moment ? Ce n’était pas excès de cynisme ou bravade de criminel. C’était, chose étrange et vraiment tragique, c’était, dans l’instant même où il voyait Bérengère prête à se tuer, c’était qu’il évoquait une scène d’orgie à laquelle il avait pris part avec quelques écervelés dont était Sa Majesté. Il revoyait le roi François renversé au dossier d’un fauteuil, et, la coupe à la main, célébrant ses fredaines. Il l’entendait dire :
    « Que de fois j’ai vu la belle révoltée me résister à la dernière minute, saisir une dague, me menacer de se tuer ! Ah ! mes amis, mes chers amis, si la chose vous advient, dites-vous bien que c’est une ruse féminine. Un pas de plus, elle se frappe ! Ah ! Ah ! Jour de Dieu ! Ou bien encore : Un pas, et je saute cette fenêtre ! Non, elle ne se frappe pas. Elle ne saute pas. Courez à elle. Un baiser a vite raison de ces funèbres menaces dont, le lendemain, elle rira avec vous… »
    Loraydan marcha sur Bérengère…
    À l’instant où il allait l’atteindre, il eut la vision du geste qui, en sa foudroyante rapidité, fut accompli avec une sorte de lenteur comme il arrive dans les rêves… il vit au sein de Bérengère une large tache rouge… il la vit tomber…
    Loraydan eut un hurlement.
    À l’instant, il fut à genoux, près de Bérengère, bégayant des jurons, des mots sans suite, soupirant, se cachant les yeux des deux mains, se mordant les poings, et puis, dans une brusque accalmie, se penchant, ah ! se penchant jusqu’au sol, collant son oreille au sein sanglant, écoutant, écoutant de tout son être, pour surprendre un battement du cœur…
    Le

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