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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Pagel
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suffît, mon cousin ! trancha Philippe. La suggestion de mon oncle est bonne et nous l'appliquerons.
    Beauvais se renfrogna. Les deux prélats ne s'étaient jamais voué un amour immodéré.
    — Tant que nous ne saurons pas ce qu'il en est de ce projet d'assassinat, continua le roi, je préfère arrêter mille Croisés que laisser passer un unique Musulman. Si certains en souffrent injustement, il leur sera accordé réparation. (Il se tourna vers son vieux chambellan.) Par ailleurs, messire Gautier, vous rédigerez un acte pour la création d'un corps de massiers attachés à ma personne jour et nuit. Je veux disposer à tout moment d'au moins quatre d'entre eux, et ce dès ce soir. Vous demanderez au maréchal Clément de les choisir.
    Le maréchal Clément dont il parlait était Henri, frère cadet d'Aubri, qui s'était vu confier une charge devenue dès lors héréditaire. Philippe avait eu envie d'honorer cette famille dont il ne comptait plus les services rendus à la couronne. De plus, le jeune Henri lui semblait pétri des qualités nécessaires.
    — Pardonnez-moi, mon neveu, intervint l'archevêque comme Gautier acquiesçait. Je comprends vos inquiétudes et ne nie pas l'utilité de vos précautions, même si je les juge un peu excessives, mais combien de temps comptez-vous nous les imposer, en supposant que nul ne signale jamais vos fameux assassins ?
    — Je ne sais pas ! (Philippe avait presque crié. Devant les regards éberlués fixés sur lui, il se contraignit au calme.) Vous avez raison, monseigneur : c'est l'incertitude qui me mine, mais comment savoir ce qu'il en est vraiment ?
    Il y eut un instant de silence, puis une voix hésitante s'éleva : celle du chevalier Barthélémy de Roye, encore ravi et étonné d'être accueilli dans l'entourage royal.
    — Pourquoi ne pas envoyer un messager au Vieux de la Montagne ? Quand j'étais en Terre Sainte, j'ai toujours entendu dire que c'était un homme de parole, en dépit de ses activités. Si le roi d'Angleterre l'a payé pour vous faire tuer, il nous le dira : après tout, que lui importe Richard ?
    Roye, plutôt petit, le visage rond et potelé, les épaules trop étroites pour être un bon guerrier, ne payait guère de mine, mais ceux qui le connaissaient respectaient ses avis. Guillaume aux Blanches Mains le connaissait mal et le considérait comme de trop petite noblesse pour mériter son attention. En l'occurrence, cependant, il appuya la suggestion : s'il existait une chance de rassurer Philippe avant que l'angoisse ne le changeât en un dément aux actes imprévisibles, il fallait la courir.
    — Monseigneur de Beauvais me semble parfaitement qualifié pour cette mission, ajouta-t-il. Le pays lui est familier et il maîtrise bien les données du problème.
    — Pitié, mon cousin ! se récria l'évêque à l'adresse de Philippe, sans montrer l'irritation que lui causait son vieil antagoniste. Dieu sait si votre sécurité m'importe, et j'ai d'ailleurs fait diligence pour vous avertir, mais à moins que vous ne l'estimiez indispensable, je vous supplie de ne pas me renvoyer là-bas : j'ai eu ma part de sécheresse et de combats. Pour le moment, je n'aspire qu'à un peu de calme parmi mes ouailles.
    Un tel aveu de la part de cet homme, plus chevalier que prêtre, dénotait une réelle lassitude, si bien que Philippe n'eut pas le cœur d'insister.
    — Nous trouverons un volontaire, assura-t-il. L'important est que le message parte bel et bien. Je ne connaîtrai pas de véritable repos avant d'avoir reçu la réponse.
    — Puisque la question semble réglée, enchaîna Guillaume aux Blanches Mains, j'aimerais aborder à présent celle de votre remariage, sire. Vous m'avez demandé de réunir une liste des princesses susceptibles de convenir au royaume : je dispose déjà de quelques noms.
    Le roi leva les mains en signe de dénégation. Sur son visage, depuis la veille, le tic ne s'était pas calmé.
    — Nous en parlerons, mon oncle, mais pas aujourd'hui, je vous en prie. Je n'ai pas l'esprit assez libre pour réfléchir clairement à une affaire aussi importante.
    Quelques semaines plus tard, une autre nouvelle devait le forcer à étudier d'urgence la question.
    Richard Plantagenêt avait bel et bien quitté la Terre Sainte, mais il n'était pas rentré en Angleterre : en chemin, il avait été fait prisonnier par le duc Léopold d'Autriche.
    Henri, comte de Champagne, le neveu du roi Richard, prit pour
femme la fille du

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