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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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« Allons-nous continuer ? Il y
a des quartiers à... » Leodegan s’arrêta. « Mon Dieu, j’ai oublié, mais
le commandant de la garde sait. Où est-il ? Là. Quel est son nom ?
Peu importe, nous y arriverons. »
    Le drapeau à
l’aigle du Powys et la bannière au cerf de Leodegan se joignirent à nos
étendards. Nous suivîmes une route romaine toute droite à travers un pays
accueillant, celui-là même qu’Arthur avait mis à feu et à sang l’automne
précédent, même si seul Leodegan se montra assez indélicat pour évoquer la
campagne. « Tu y es déjà venu, bien sûr », lança-t-il à Arthur.
N’ayant point de cheval, Leodegan était obligé de marcher à côté de la
délégation royale.
    Arthur fronça
les sourcils : « Je ne suis pas sûr de connaître ce pays, dit-il
diplomatiquement.
    — Mais
si, mais si. Tu vois ? La ferme brûlée ? Ton œuvre ! »
Leodegan considérait Arthur avec un sourire rayonnant. « Ils t’ont
sous-estimé, n’est-ce pas ? Je l’ai dit à Gorfyddyd, je lui ai dit droit
dans les yeux. Le jeune Arthur est brave, lui ai-je dit, mais Gorfyddyd n’a
jamais été homme à entendre raison. Un combattant, oui, un penseur, non. Le
fils vaut mieux, je crois. Cuneglas vaut nettement mieux. J’espérais assez que
le jeune Cuneglas pourrait épouser une de mes filles, mais Gorfyddyd ne veut
pas en entendre parler. Peu importe. » Il trébucha sur une touffe d’herbe.
La route, tout comme la grande Voie romaine, près d’Ynys Wydryn, était
remblayée en sorte que la surface se vidait dans les fossés, mais les années
les avaient comblés et la terre avait glissé sur les pavés qui étaient
maintenant recouverts de mauvaises  herbes.  Leodegan 
persistait  à  montrer  du  doigt d’autres endroits
qu’Arthur avait dévastés, mais, au bout de quelque temps, il se fatigua de
n’obtenir aucune réponse et ralentit le pas pour se retrouver avec nous, les
gardes, derrière les trois prêtres de Tewdric. Il essaya de parler à Agravain,
le commandant de la garde d’Arthur, mais il était d’humeur maussade et Leodegan
finit par conclure que, de tout l’entourage d’Arthur, j’étais le plus
sympathique, et il me questionna avidement sur la noblesse de Dumnonie. Il
cherchait à savoir qui était marié, et qui ne l’était pas. « Le prince
Gereint, maintenant ? Il l’est ? Il l’est ?
    — Oui,
Seigneur.
    — Et elle
se porte bien ?
    — Pour
autant que je sache, Seigneur.
    — Le roi
Melwas, alors ? Il a une reine ?
    — Elle
est morte, Seigneur.
    — Ah !
fit-il en s’illuminant aussitôt. J’ai des filles, tu comprends ?
expliqua-t-il avec le plus grand sérieux. Deux filles, et les filles doivent
être mariées, n’est-ce pas ? Les filles non mariées ne sont d’aucune
utilité pour l’homme ni pour la bête. Attention, pour être franc, l’une de mes
deux chéries doit se marier. C’est de Guenièvre que je parle. Elle doit épouser
Valerin. Tu connais Valerin ?
    — Non,
Seigneur.
    — Un bel
homme, un bel homme, un bel homme, mais pas... » Il s’arrêta, cherchant le
mot juste. « Pas de fortune ! Pas vraiment de terre, tu comprends.
Des broussailles à l’ouest, je crois, mais pas d’argent qui mériterait d’être
compté. Il n’a ni rentes ni or, et sans rentes ni or un homme ne saurait aller
bien loin. Et Guenièvre est une princesse ! Puis il y a Gwenhwyvach, sa
sœur, et elle n’a point de perspectives de mariage, aucune ! Elle vit
uniquement de ma bourse, et les Dieux savent qu’elle est assez maigre. Et la
couche de Melwas est vide, vraiment ? En voilà une idée ! Mais c’est
bien dommage pour Cuneglas.
    — Pourquoi,
Seigneur ?
    — Il ne
semble pas vouloir de l’une ni de l’autre ! répondit Leodegan indigné.
J’en ai fait la suggestion à son père. Une alliance solide, expliquai-je, des
royaumes adjacents, un arrangement idéal ! Mais non. Cuneglas n’a d’œil
que pour Helledd d’Elmet et Arthur, dit-on, doit épouser Ceinwyn.
    — Je ne
savais pas, Seigneur, dis-je innocemment.
    — Ceinwyn
est une jolie fille ! Ah ça oui ! Mais ma Guenièvre aussi, seulement
elle doit épouser Valerin. Mon amour. Quel gâchis ! Ni rentes ni or ni
argent, rien, hormis quelques pâturages inondés et une poignée de vaches
malingres. Ça ne lui plaira pas. Elle aime son confort, Guenièvre, mais Valerin
ne sait pas ce que ça veut dire ! Pour autant que je sache, il vit

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