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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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dans
une porcherie. Et pourtant il est chef. Vois-tu, plus on s’enfonce dans le
Powys, plus les hommes sont enclins à s’appeler chefs. » Il soupira.
« Mais c’est une princesse ! Je pensais que l’un des garçons de
Cadwallon au Gwynedd pourrait l’épouser, mais Cadwallon est un drôle d’oiseau.
Il ne m’a jamais beaucoup aimé. Il ne m’a pas aidé quand les Irlandais sont
venus. »
    Il se tut en
ruminant cette grande injustice. Nous avions avancé suffisamment dans le nord
pour que le pays et ses habitants nous fussent peu familiers. En Dumnonie, nous
étions entourés par le Gwent, la Silurie, le Kernow et les Saxons, mais ici les
hommes parlaient de Gwynedd et d’Elmet, de Lleyn et d’Ynys Mon. Lleyn était
naguère Henis Wyren, le royaume de Leodegan, dont faisait partie Ynys Mon, l’Ile
de Mona. Mais les deux territoires étaient désormais gouvernés par Diwrnach,
l’un des seigneurs irlandais d’Outre-Mer, qui se taillaient des royaumes en
Bretagne. Leodegan, me dis-je, avait dû être une proie facile pour un homme
aussi sinistre que Diwrnach, réputé pour sa cruauté. Même en Dumnonie, on
racontait comment il peignait les boucliers de ses soldats avec le sang des
hommes tombés au combat. Mieux valait combattre les Saxons, disait-on, que
d’affronter Diwrnach.
    Mais nous nous
rendions à Caer Sws pour faire la paix, non pour préparer la guerre. Caer Sws
était en fait une petite ville romaine entourant un fort romain gris installé
dans une large vallée au fond plat, à côté d’un gué profond qui permettait de
franchir le Severn, ici baptisé Hafren . La véritable capitale du Powys
était Caer Dolforwyn, une belle colline couronnée d’une Pierre royale, mais
Caer Dolforwyn, comme Caer Cadarn, n’avait ni eau ni assez de place pour
abriter le tribunal du roi, le trésor, les armureries, les cuisines et les entrepôts,
si bien que, de même que les affaires quotidiennes de la Dumnonie étaient
conduites depuis Lindinis, le gouvernement du Powys avait son siège à Caer Sws,
la cour de Gorfyddyd ne descendant le fleuve pour rejoindre les hauts de Caer
Dolforwyn que dans les temps de danger ou à l’occasion des grandes festivités
royales.
    Les
constructions romaines de Caer Sws avaient presque disparu, mais la salle de
banquet était édifiée sur de vieilles fondations en pierre. Gorfyddyd avait
flanqué cette bâtisse de deux nouvelles salles spécialement construites pour
Tewdric et Arthur. Il vint en personne nous accueillir. Le roi du Powys était
un homme revêche, dont la manche gauche pendait, vide, du fait d’Excalibur.
Homme d’âge mûr, solidement charpenté, il avait de petits yeux et un visage
soupçonneux : il embrassa Tewdric sans chaleur et grommela à contrecœur
quelques mots de bienvenue. Il se réfugia dans un silence maussade
lorsqu’Arthur, qui n’était pas un roi, s’agenouilla devant lui. Ses chefs et
ses guerriers avaient tous natté leurs moustaches, et leurs manteaux épais
étaient dégoulinants de la pluie tombée toute la journée. La salle sentait le
chien mouillé. Il n’y avait aucune femme, hormis deux esclaves portant des
jarres où Gorfyddyd puisait fréquemment des cornes d’hydromel. Nous apprîmes
plus tard qu’il s’était mis à boire au cours des longues semaines qui avaient
suivi la perte de son bras sous le tranchant d’Excalibur ; des semaines de
fièvre au cours desquelles ses hommes doutèrent de sa survie. L’hydromel était
brassé épais et fort, et il eut pour effet de transférer la charge de Powys
d’un Gorfyddyd aigri et grisé sur les épaules de son fils Cuneglas, Edling de
Powys.
    Cuneglas était
un jeune homme au visage rond et malin avec de longues moustaches noires.
Détendu et chaleureux, il riait volontiers. Arthur et lui, cela sautait aux
yeux, étaient des âmes sœurs. Trois jours durant, ils chassèrent le cerf dans
les montagnes et, la nuit, ils banquetaient et écoutaient les bardes. Les
chrétiens étaient peu nombreux à Powys, mais sitôt qu’il eut appris que Tewdric
était chrétien, Cuneglas transforma un entrepôt en église et invita des prêtres
à prêcher. Il alla même jusqu’à écouter l’un des sermons bien que, par la
suite, il hochât la tête en disant préférer ses Dieux à lui. Le roi Gorfyddyd
tenait l’Église pour une sottise, mais il n’empêcha point son fils de tolérer
la religion de Tewdric tout en priant cependant son druide d’entourer d’un
cercle de

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