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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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salle, revêtu de son armure. La cotte d’écailles, avec
ses plaques d’or et d’argent, qui scintillaient à la lueur des flammes, et les
plumes d’oie de son casque à tête de mort en argent repoussé touchèrent les
chevrons lorsqu’il remonta l’allée centrale. Son bouclier revêtu d’argent
étincelait à la lumière tandis que son manteau blanc balayait le sol sur son
passage. On ne porte pas d’armes dans une salle de banquet, mais cette nuit-là
Arthur choisit de porter Excalibur, et c’est comme un conquérant faisant la
paix qu’il se dirigea vers la table haute ; Gorfyddyd lui-même en eut le
souffle coupé quand il vit son ancien ennemi s’avancer vers le dais. Jusqu’à
maintenant, Arthur avait toujours été un pacificateur, mais cette nuit-là il
entendait rappeler sa puissance à son futur beau-père.
    Ceinwyn fit
son entrée quelques instants plus tard. Depuis notre arrivée à Caer Sws, elle
était demeurée cachée dans les appartements des femmes, ce qui n’avait fait
qu’exciter l’impatience de ceux d’entre nous qui n’avaient encore jamais vu la
fille de Gorfyddyd. Pour la plupart, je l’avoue, nous nous attendions à être
déçus par cette étoile du Powys, mais en vérité elle faisait pâlir les étoiles
par son éclat. Elle entra dans la salle avec les dames de sa suite, et la vue
de la princesse coupa le souffle des hommes. Le mien, assurément. Elle avait
cette blondeur qui est plus répandue chez les Saxons, mais chez Ceinwyn ce
blond avait un charme pâle et délicat. Elle paraissait fort jeune avec son
farouche minois et son maintien réservé. Elle portait une robe de lin teinte en
jaune d’or avec de la cire d’abeille et brodée d’étoiles blanches autour du cou
et des ourlets. Sa chevelure d’or était si légère qu’elle semblait briller
autant que l’armure d’Arthur. Elle était si gracile qu’Agravain, assis par
terre à côté de moi, observa qu’elle aurait du mal à mettre des enfants au
monde. « Un bébé digne de ce nom mourra en essayant de forcer ces
hanches », dit-il avec aigreur, ce qui ne devait pas m’empêcher de
plaindre Ailleann, qui avait certainement espéré que la femme d’Arthur ne
serait rien de plus qu’une commodité dynastique.
    La lune
flottait au-dessus de Caer Dolforwyn lorsque Ceinwyn se dirigea timidement,
d’un pas lent, vers Arthur. Elle portait dans ses mains un licol : le
cadeau qu’elle apportait à son futur mari, symbole qu’elle se soustrayait à l’autorité
de son père pour se placer sous la sienne. Arthur hésita et faillit laisser
tomber le licol lorsque Ceinwyn le lui remit. C’était certainement de mauvais
augure, mais tout le monde, Gorfyddyd le premier, rit de la maladresse, puis
Iorweth, le druide du Powys, fiança officiellement le couple. Les torches
vacillèrent lorsque leurs mains furent liées par une chaîne d’herbes nouées. Le
visage d’Arthur était dissimulé derrière le casque gris argent, mais Ceinwyn,
la douce Ceinwyn, semblait radieuse. Le druide donna sa bénédiction, priant
Gwydion, le Dieu de la Lumière, et Aranrhod, la Déesse dorée de l’Aube, d’être
leurs divinités attitrées et de combler toute la Bretagne de leur paix. Une
harpiste joua, les hommes applaudirent et   Ceinwyn, l’adorable Ceinwyn
aux reflets d’argent, pleura et rit au fond de son âme. Mon cœur lui fut à
jamais acquis dès cette nuit-là. Et je ne fus pas le seul dans ce cas. Elle
avait l’air si heureuse, et ce n’était pas étonnant, car avec Arthur elle
échappait au cauchemar de toutes les princesses, qui était de se marier dans
l’intérêt de leur pays plutôt qu’en suivant les inclinations de leur cœur. Une
princesse devra partager la couche de n’importe quel vieux bouc puant et
bedonnant si la sécurité d’une frontière ou d’une alliance l’exige, mais
Ceinwyn avait trouvé Arthur et, dans sa jeunesse et sa bonté, elle voyait sans
doute une échappatoire à ses peurs.
    Leodegan, le
roi en exil de Henis Wyren, arriva dans la salle des fêtes à l’apogée de la
cérémonie. On ne l’avait pas revu depuis notre arrivée, car il avait préféré
rejoindre ses pénates, au nord de Caer Sws. Impatient de profiter des largesses
qui suivaient toujours les fiançailles, il se tenait maintenant au fond de la
salle et se joignit aux applaudissements qui accueillirent la distribution d’or
et d’argent par Arthur. Arthur avait également obtenu du conseil de

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