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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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essayer de préserver la
dignité. » Il renifla.
    « Alors
comment savez-vous qu’Hywel est mort ?
    — Parce
que Bedwin me l’a écrit, pauvre sot.
    — Bedwin
vous a écrit tout au long de ces années ? demandai-je stupéfait.
    — Bien
entendu. Il avait besoin de mes conseils. Que croyais-tu que je faisais ?
Que j’avais disparu ?
    — Vous
aviez bel et bien disparu, répliquai-je avec rancœur.
    — Sottises.
C’est simplement que tu ne savais pas où me chercher. Non que Bedwin m’ait
consulté sur tout. Quel gâchis il a fait ! Mordred en vie ! Folie
pure. Il aurait fallu étrangler l’enfançon avec son cordon ombilical, mais
j’imagine qu’on n’aurait jamais pu persuader Uther de le faire. Pauvre Uther.
Il croyait que les vertus se transmettent par les reins d’un homme !
Quelle sottise ! Un enfant, c’est comme un veau ; si la chose naît
estropiée, on s’empresse de lui briser le crâne pour saillir de nouveau la
vache. Il n’y a pas grand plaisir pour les femmes dans tout cela, c’est
entendu, mais il faut bien que quelqu’un souffre. Remercions les Dieux que ce
soit elles, plutôt que nous.
    — Avez-vous
jamais eu des enfants ? demandai-je, m’étonnant de n’avoir encore jamais
pensé à lui poser la question.
    — Bien
sûr que oui ! Quelle question extraordinaire. » Il me considéra comme
s’il doutait de ma santé mentale. « Je n’ai jamais eu beaucoup d’affection
pour aucun d’entre eux et, fort heureusement, la plupart sont morts ;
quant aux autres, je les ai reniés. Il y a même un chrétien parmi eux, je
crois. » Il frissonna. « Je préfère de beaucoup les enfants des
autres. Ils sont bien plus reconnaissants. Mais de quoi parlions-nous ? Ah
oui, Caleddin. Un homme terrible. » Il hocha la tête d’un air lugubre.
    « C’est
lui qui a écrit le rouleau ?
    — Ne sois
pas stupide, Derfel, trancha-t-il avec humeur. Les druides ne sont pas
habilités à écrire quoi que ce soit, c’est contre les règles. Tu le sais !
Dès que tu écris quelque chose, ça devient figé. Ça devient un dogme. Les gens
peuvent en discuter, ils deviennent péremptoires, ils se réfèrent aux textes,
produisent de nouveaux manuscrits, ils discutent encore et bientôt ils
s’entre-tuent. Si tu n’as jamais rien écrit, personne ne sait exactement ce que
tu as dit et tu peux toujours le changer. Faut-il donc que je t’explique tout
ça ?
    — Vous
pouvez expliquer ce qui est écrit sur le rouleau, dis-je humblement.
    — C’est
exactement ce que j’étais en train de faire ! Mais tu ne cesses de
m’interrompre et de changer de sujet ! C’est un monde ! Et dire que
tu as grandi au Tor. J’aurais dû te fouetter plus souvent, cela t’aurait
peut-être inculqué de meilleures manières. J’apprends que Gwlyddyn rebâtit ma
demeure ?
    — En
effet.
    — Un
brave homme, ce Gwlyddyn, et honnête. Il faudra probablement que je
reconstruise tout moi-même, mais il essaie.
    — Le
rouleau, rappelai-je.
    — Je
sais ! Je sais ! Caleddin était un druide, je te l’ai dit. Un
Ordovicien. Des bêtes redoutables, les Ordoviciens. Quoi qu’il en soit, pense à
l’Année Noire et demande-toi comment Suétone a su tout ce qu’il savait de notre
religion. Tu sais qui était Suétone, j’imagine ? »
    La question
était insultante, car tous les Bretons connaissent et méprisent le nom de
Suetonius Paulinus, le gouverneur nommé par l’empereur Néron et qui, dans cette
Année Noire qui remonte à quelque quatre cents ans avant notre temps, a
pratiquement détruit notre ancienne religion. Il n’est de Breton qui n’ait
appris en grandissant comment deux légions de Suétone avaient écrasé le sanctuaire
druidique d’Ynys Mon. Ynys Mon, comme Ynys Trebes, était une île, le plus grand
sanctuaire de nos Dieux, mais les Romains étaient tant bien que mal parvenus à
franchir le détroit et avaient passé par l’épée les druides, les bardes et les
prêtresses. Ils avaient abattu les bocages consacrés et profané le lac sacré,
si bien qu’il ne nous restait plus que l’ombre de l’ancienne religion, et nos
druides, comme Tanaburs et Iorweth, n’étaient que de pâles échos d’une gloire
passée. « Je sais qui était Suétone, dis-je à Merlin.
    — Il y a
eu un autre Suétone, dit-il avec amusement. Un écrivain romain, plutôt bon. Ban
possédait son De viris Illustribus , qui porte essentiellement sur la vie
des poètes. Suétone

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