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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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volte-face,
l’épée tirée, j’aperçus un homme courtois en manteau noir. Il m’observait
gravement depuis l’entrée d’une grotte. Il leva une main. « Je t’en
prie ! Pas d’armes. Je m’appelle Malldynn, et je te salue, étranger, si tu
viens en paix ; sinon, je te prie de passer ton chemin. »
    J’essuyai le
sang d’Hywelbane et la rangeai dans son fourreau. « Je viens en paix.
    — Es-tu
nouveau venu dans l’île ? » demanda-t-il en se rapprochant doucement.
Il avait un visage avenant, creusé de rides profondes et triste, avec des manières
qui rappelaient l’évêque Bedwin.
    « Je suis
arrivé il y a une heure.
    — Et sans
doute as-tu été pourchassé par la racaille de la porte. Je m’en excuse pour
eux, bien que les Dieux sachent que je ne suis point responsable de ces goules.
Chaque semaine, ils s’emparent du pain et nous le font payer. Fascinant,
n’est-ce pas, de voir que même au pays des âmes perdues nous formons des
hiérarchies ? Il y a des souverains ici. Il y a les forts et les faibles.
Certains hommes rêvent de créer des paradis sur cette terre et la première
condition de ces paradis, si je comprends bien, est qu’aucune loi ne doit plus
nous entraver. Mais je soupçonne, mon ami, qu’une contrée délivrée des lois
ressemblera davantage à cette île qu’à n’importe quel paradis. Je n’ai pas le
plaisir de connaître ton nom.
    — Derfel.
    — Derfel ? »
Il réfléchit un instant en fronçant les sourcils. « Un serviteur des
druides ?
    — Autrefois.
Aujourd’hui je suis guerrier.
    — Non,
non, me corrigea-t-il. Tu es mort. Te voilà dans l’île des Morts. Je t’en prie,
assieds-toi. Ce n’est pas grand-chose, mais voici ma maison. » D’un geste
de la main, il montra la grotte où deux blocs de pierre à demi dressés
faisaient office de siège et de table. Un vieux bout de toile, peut-être
repêché dans la mer, dissimulait mal sa litière d’herbes sèches. Il insista
pour que je prenne place sur le petit bloc de pierre. « Je puis t’offrir à
boire de l’eau de pluie et à manger du pain de cinq jours. »
    Je mis sur la
table une galette d’avoine. Malldynn était de toute évidence affamé, mais il
résista à la tentation de se jeter sur le biscuit. Il sortit un petit couteau
dont la lame avait été si souvent affûtée que son tranchant ondulait et il s’en
servit pour couper la galette en deux. « Au risque de paraître ingrat, l’avoine
n’a jamais été mon plat favori. Je préfère la viande, la viande fraîche, mais
je te remercie tout de même, Derfel. » Il s’était agenouillé en face de
moi, mais dès qu’il eut mangé la galette et délicatement débarrassé ses lèvres
des miettes, il se leva et s’appuya à la paroi de la grotte. « Ma mère
faisait des galettes d’avoine, me dit-il, mais les siennes étaient plus
grossières. J’imagine que l’avoine n’était pas convenablement écorcée. Celle-là
était délicieuse, et je m’en vais réviser mon opinion sur l’avoine. Encore
merci. » Il s’inclina.
    « Tu ne
me parais point fou. »
    Il sourit.
C’était un homme d’âge moyen, au visage distingué, avec des yeux malicieux et
une barbe qu’il s’efforçait de garder bien peignée. Il avait nettoyé sa grotte
à l’aide d’un balai de brindilles qui reposait maintenant contre le mur.
« Les fous ne sont pas seuls à être envoyés ici, Derfel », dit-il sur
un ton de reproche. « Certains qui veulent punir les sains d’esprit les
envoient également ici. Hélas, j’ai offensé Uther. » Il s’arrêta, l’air
lugubre. « J’étais un conseiller, reprit-il, un grand homme même, mais
quand j’ai dit à Uther que son fils Mordred était un imbécile, je me suis
retrouvé ici. Mais j’avais raison. Mordred était un sot, même à dix ans c’était
un sot.
    — Tu es
là depuis si longtemps ? demandai-je, médusé.
    — Hélas,
oui.
    — Comment
fais-tu pour survivre ? »
    Il haussa les
épaules en un geste de modestie. « Les goules qui gardent la porte me
croient magicien. Je menace de leur rendre leurs esprits s’ils me contrarient, et
ils veillent à me satisfaire. Tout homme sain d’esprit implorerait le ciel de
le rendre fou sur cette île. Et toi, ami Derfel, pourrais-je te demander ce qui
t’amène ici ?
    — Je
cherche une femme.
    — Ah !
Nous en avons quantité, et la plupart ne s’embarrassent pas de pudeur. Ces
femmes, je crois, sont un

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