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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’éclats de bois qui formaient une collection à l’entrée de la
grotte. « Où est-elle passée ? » Il tendit le doigt vers le
rideau. « Tu la vois ? »
    Je me
retournai pour regarder la pierre précieuse et, à peine avais-je détourné les
yeux, que Malldynn sauta dans mon dos pour essayer de me plonger dans la gorge
la lame ébréchée de son petit couteau. « Je vais te manger !
cria-t-il d’un air de triomphe. Te manger. » Mais de ma main gauche
j’étais tant bien que mal parvenu à arrêter son bras et réussis à éloigner la
lame de ma trachée. Il me fit tomber à terre et voulut me mordre l’oreille. Il
salivait au-dessus de moi, l’appétit réveillé par la perspective de chair
fraîche. Je frappai une fois, deux fois, parvins à me retourner et à relever un
genou pour le frapper à nouveau, mais le malheureux avait une force étonnante
et le bruit de la bagarre fit sortir d’autres hommes de leur antre. Encore
quelques secondes et je serais submergé par les nouveaux venus. Au prix d’un
effort désespéré, je lui donnai un grand coup de la tête et finis par me
défaire de lui. Je continuai à le frapper, jouant des pieds et des mains pour
me soustraire à la meute des assaillants, puis je me retrouvai à l’entrée de sa
chambre, où j’eus enfin assez de place pour tirer Hywelbane. La lame brillante
de l’épée fit reculer les ermites.
    La bouche
ensanglantée, Malldynn se tenait de l’autre côté de la grotte. « Pas même
un bout de foie frais ? m’implora-t-il. Juste un morceau ? Je t’en
prie ! »
    Je le quittai.
Les autres ermites me tirèrent par le manteau tandis que je traversais la
carrière, mais aucun n’essaya de m’arrêter. Me voyant partir, l’un d’eux rit à
gorge déployée. » Il te faudra bien revenir ! me lança-t-il, et ce
jour-là nous serons encore plus affamés.
    — Bouffez
Malldynn », leur répondis-je avec aigreur.
    Je grimpai
jusqu’à la crête, où des genêts poussaient parmi les rochers. Du sommet, je pus
voir que la grande colline de rocaille n’allait pas jusqu’à la pointe sud de
l’île, mais plongeait vers une longue plaine hachée d’un fouillis de vieux murs
de pierre : la preuve que des hommes et des femmes ordinaires avaient jadis
vécu sur l’île et cultivé le plateau pierreux qui descendait vers la mer. Il y
avait encore des colonies sur le plateau : les maisons, me dis-je, des
gens de la mer. Un groupe d’âmes mortes m’observaient depuis leur grappe de
huttes rondes qui se dressaient au pied de la colline et leur présence me
persuada de rester où j’étais et d’attendre l’aube. La vie se réveille
lentement au point du jour, et c’est pourquoi les soldats aiment à attaquer aux
premières lueurs, et pourquoi je me mettrais en quête de ma Nimue perdue
lorsque les habitants fous de l’île seront léthargiques et encore engourdis de
sommeil.
    Ce fut une
rude nuit. Une sale nuit. Les étoiles tournaient au-dessus de moi, foyers de
lumière d’où les esprits considèrent la terre débile. J’implorai Bel, lui
demandant des forces, et somnolai, mais chaque bruissement d’herbe ou chute de
pierre m’arrachait au sommeil. Je m’étais réfugié dans une anfractuosité du
rocher de manière à limiter les risques d’attaque. J’étais donc certain de
pouvoir me protéger, même si Bel seul savait comment je quitterais jamais
l’île. Ou si je retrouverais jamais Nimue.
    Je m’extirpai
en rampant de ma niche avant l’aube. Au-delà des sinistres remous qui
marquaient l’entrée de la Caverne de Cruachan, le brouillard planait au-dessus
de la mer et une faible lumière grise faisait paraître l’île plate et froide.
Je descendis la colline sans apercevoir âme qui vive. Le soleil ne s’était pas
encore levé quand j’entrais dans le premier village de huttes rudimentaires.
Hier, avais-je conclu, je m’étais montré trop timoré avec les habitants de
l’île. Aujourd’hui, je traiterais les morts comme les charognes qu’ils étaient.
    C’étaient de
vrais gourbis recouverts d’herbes et de branchages. J’enfonçai une porte de
bois branlante, entrai dans la cabane et empoignai la première forme endormie
qui me tomba sous la main. Je flanquai la créature dehors, en frappai une
autre, puis ouvris un grand trou dans le toit avec Hywelbane. Ces choses qui
avaient jadis été humaines se désentortillèrent et s’éloignèrent en rampant. Je
frappai un homme à la tête,

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