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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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en assommai un autre avec le plat de la lame puis
en entraînai un troisième à la lumière blafarde du petit matin. Je le jetai à
terre, posai un pied sur sa poitrine et pointai Hywelbane sur sa gorge.
« Je cherche une femme, Nimue. »
    Il balbutia
quelques mots incompréhensibles. Il ne savait pas parler ou plutôt il ne
s’exprimait que dans une langue de son cru, et je l’abandonnai donc à son
triste sort pour courser une femme qui clopinait parmi les arbustes. Elle hurla
quand je l’empoignai et hurla encore lorsque je pressai l’acier contre sa
gorge. « Connais-tu une femme qui s’appelle Nimue ? »
    Elle était
trop terrorisée pour parler, mais releva ses jupes immondes et sa bouche
édentée se fendit en un large sourire égrillard. Je la claquai avec le plat de
ma lame. « Nimue ! Nimue ! Une fille borgne. Tu la
connais ? » Toujours incapable de parler, elle m’indiqua le sud,
tendant une main tremblante vers la pointe de l’île dans un effort désespéré
pour me faire fléchir. Je retirai mon épée et rabattis les jupes sur ses
cuisses. La femme s’éloigna en rampant parmi les épineux. Depuis leurs cabanes,
les autres âmes effarouchées me regardèrent m’éloigner vers la mer tumultueuse.
    Je passai
devant deux autres minuscules colonies, sans que personne n’essaie de m’arrêter
maintenant. Je faisais désormais partie du cauchemar vivant de l’Ile des
Morts : une créature de l’aube avec de l’acier nu. Je traversai des champs
d’herbe pâle parsemés de cornes du diable, d’herbes au lait bleues et d’épis
d’orchidées pourpres, et je me dis que j’aurais dû me douter que Nimue, étant
une créature de Manawydan, aurait trouvé refuge au plus près de la mer.
    La côte sud de
l’île était un amas de rochers bordant une petite falaise. De grandes vagues venaient
s’y fracasser en écume, s’engouffraient dans des ravines et se brisaient en
nuages d’embruns. Au large, le chaudron bouillonnait et crachotait. C’était un
matin d’été, mais la mer était grise comme le fer, le vent était glacial, et
les oiseaux de mer glapissaient.
    Je sautai de
rocher en rocher en direction de cette mer mortelle. Mon manteau en haillons
flottait au vent quand, contournant un pilier de pierre pâle, j’aperçus une
grotte à quelques pas au-dessus de la ligne noire des laminaires et des raisins
de mer déposés par les marées les plus hautes. Une corniche conduisait à la
grotte et sur la corniche s’entassaient les ossements d’oiseaux et d’animaux
divers. Ces amas étaient l’œuvre de mains humaines, car ils étaient à espace
régulier, et chaque tas était consolidé par un savant échafaudage d’os plus
longs et couronnés par un crâne. Je m’arrêtai, la peur déferlant en moi comme
une lame de fond, et gardai les yeux fixés sur le refuge, aussi près que
possible de la mer sur cette île des âmes condamnées.
« Nimue ? » appelai-je en trouvant le courage d’approcher de la
corniche. « Nimue ? »
    Je grimpai sur
l’étroite plate-forme de rocher et m’avançai à pas lents à travers les tas
d’ossements. J’avais peur de ce que j’allais découvrir dans la grotte. « Nimue ? »
    En contrebas,
une vague déferla sur un éperon rocheux et griffa la corniche de ses doigts
blancs. L’eau se retira par les sombres rigoles avant qu’une autre lame ne vînt
se fracasser sur la pointe de terre et ses rochers étincelants. La grotte était
sombre et plongée dans le silence. « Nimue ? » appelai-je une
fois de plus d’une voix défaillante.
    L’entrée était
gardée par deux crânes humains enfoncés dans des niches, en sorte que leurs
dents brisées paraissaient sourire face au vent plaintif. « Nimue ? »
Il n’y eut d’autre réponse que le hurlement du vent, les lamentations des
oiseaux et le bruit de succion et le frémissement de la mer blafarde.
    J’entrai. Il
faisait froid et sombre. Les parois étaient ruisselantes. Le sol de galets
s’élevait devant moi, m’obligeant à me pencher sous la masse indistincte du
plafond et j’avançai prudemment. De plus en plus étroite, la grotte formait un
coude sur la gauche, gardé par un troisième crâne jaunissant. J’attendis que
mes yeux s’habituent à l’obscurité puis, passant devant ce gardien, je vis que
la grotte se perdait dans l’obscurité.
    Elle était là,
tout au fond, couchée. Ma Nimue.
    Au départ, je
la crus morte, car elle était nue, repliée

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