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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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autre élément obligé des paradis terrestres mais,
hélas, la réalité se révèle tout autre. Elles sont assurément impudiques, mais
elles sont aussi crasseuses, leur conversation est fastidieuse, et le plaisir
qu’on en retire est aussi fugitif qu’honteux. Si c’est ce genre de femmes que
tu cherches, Derfel, tu n’auras que l’embarras du choix.
    — La
femme que je recherche s’appelle Nimue.
    — Nimue ?
fit-il en se creusant la cervelle. Nimue ! Ah oui, j’y suis ! Une
fille aux cheveux noirs qui a perdu un œil. Elle est allée chez les gens de la
mer.
    — Noyée ?
demandai-je, épouvanté.
    — Non,
non. » Il hocha la tête. « Tu dois comprendre que nous avons nos
communautés à nous, sur l’île. Tu as déjà fait connaissance avec les goules de
la porte. Nous, qui vivons dans les carrières, nous sommes les ermites, un
petit groupe qui chérissons notre solitude et habitons les grottes sur ce
versant de l’île. Du côté le plus éloigné, ce sont les brutes. Tu imagines sans
doute à quoi ils ressemblent. Et, à la pointe sud, il y a les gens de la mer.
Ils pèchent avec des lignes de cheveux humains et des épines en guise
d’hameçons, et ce sont, je dois le dire, les mieux policées des tribus
insulaires, bien qu’elles ne soient pas exactement réputées pour leur
hospitalité. Tous se combattent, naturellement. Vois-tu, nous avons ici tout ce
qu’offre le Pays des Vivants ? Sauf, peut-être, la religion, bien qu’un ou
deux de nos habitants se prennent pour des Dieux. Et qui leur infligerait un
démenti ?
    — Tu n’as
jamais essayé de te sauver ?
    — Si,
fit-il tristement. Il y a bien longtemps. J’ai tenté une fois de traverser la
baie à la nage, mais ils nous surveillent, une hampe de lance sur le crâne te
rafraîchit la mémoire ! Nous ne sommes pas censés quitter l’île, et j’ai
fait demi-tour bien avant que de recevoir un pareil rappel à l’ordre. Mais la
plupart se noient, qui essaient de s’échapper ainsi. Quelques-uns longent la
digue et certains, peut-être, retournent parmi les vivants, mais à condition
d’affronter d’abord les goules de la porte. Et s’ils survivent à cette épreuve,
il leur faut encore éviter les gardes postés sur la plage. Ces crânes que tu as
vus en franchissant la digue ? Ce sont des hommes et des femmes qui ont
tenté de fuir. Les malheureux. » Il se tut et, l’espace d’une seconde, je
crus qu’il était sur le point de pleurer. Puis il s’écarta brusquement de la
paroi. « Où ai-je la tête ? En voilà des manières ! Je dois
t’offrir de l’eau. Tu vois ? Ma citerne ! » D’un geste, il
montra fièrement une barrique de bois placée à l’entrée de sa grotte de manière
à recueillir l’eau qui dévalait en cascade les flancs de la carrière pendant
les orages. Il avait une louche avec laquelle il emplit d’eau deux écuelles.
« La barrique et la louche viennent d’un canot de pêche qui a fait
naufrage ici, quand ? Voyons voir... Il y a deux ans. Les
malheureux ! Trois hommes et deux garçons. Un homme a tenté de s’enfuir à
la nage et s’est noyé, les deux autres sont morts sous une grêle de pierres et
les deux garçons ont été emportés. Tu imagines ce qui leur est arrivé !
Sans doute y a-t-il pléthore de femmes, mais la chair tendre d’un petit pêcheur
est un mets rare sur cet île. » Il mit l’écuelle devant moi et hocha la
tête. « C’est un endroit terrible, mon ami, et c’est folie de ta part que
d’être venu ici. À moins qu’on ne t’y ait envoyé ?
    — C’est
moi qui ai choisi de venir.
    — Alors
ta place est ici de toute façon, car tu es fou à lier ! » Il but son
eau. « Raconte-moi, reprit-il, les nouvelles de Bretagne. »
    Je m’exécutai.
Il avait su la mort d’Uther et la venue d’Arthur, mais guère plus. Lorsque je
lui dis que le roi Mordred était estropié, il se renfrogna, mais il fut ravi
d’apprendre que Bedwin vivait encore. « Je l’aime bien, Bedwin. Ou plutôt,
je l’aimais bien. Ici, il nous faut apprendre à parler comme si nous étions
morts. Il doit être vieux ?

— Pas
autant que Merlin.
    — Merlin
vit ? demanda-t-il surpris.
    — Il vit.
    — Ça
alors ! Merlin vit ! » Il semblait content. « Un jour je lui
ai donné une pierre d’aigle et il m’en a été très reconnaissant. J’en ai une
autre ici, quelque part. Où ça ? » Il fouilla dans un petit tas de
cailloux et

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