Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
gré des reflets du
soleil levant. Je ne savais comment lui faire franchir la garde. Tout ce que je
savais, c’était qu’il nous fallait quitter l’île, parce que tel était son
destin et que j’en étais l’instrument. Je marchai donc, assuré que les Dieux
résoudraient le problème lorsque j’arriverais à la dernière barrière.
    Je lui fis
franchir le mur du milieu avec sa rangée de crânes et avançai vers les vertes collines
de Dumnonie à l’aurore. J’aperçus la silhouette d’un seul et unique lancier
au-dessus du mur de pierre lisse et raide, et j’imaginai que quelques-uns des
gardes avaient dû traverser la canal à la rame en me voyant quitter l’île.
D’autres gardes se tenaient sur la rive de galets ; ils s’étaient postés
pour me barrer le passage vers la terre ferme. Si je dois tuer, me dis-je, je
tuerai ! Telle était la volonté des Dieux, pas la mienne, et Hywelbane
frapperait avec l’agilité et la vigueur d’un Dieu.
    Mais alors que
je me dirigeais vers le dernier mur en portant mon léger fardeau dans les bras,
les portes de la vie et de la mort s’ouvrirent pour me recevoir. Je m’attendais
vaguement à retrouver là le commandant avec sa lance rouillée, prêt à me
refouler, mais c’étaient Galahad et Cavan qui m’attendaient sur le seuil noir,
leurs épées tirées, leurs boucliers de combat au bras. « Nous t’avons
suivi, expliqua Galahad.
    — Bedwin
nous a envoyés », ajouta Cavan. Je recouvris de ma capuche l’abominable
chevelure de Nimue en sorte que mes amis ne vissent point sa dégradation et
elle s’agrippa à moi, essayant de se cacher.
    Galahad et
Cavan avaient amené mes hommes, qui avaient manœuvré le bac et tenaient les
gardiens de l’île à la pointe de leur lance sur l’autre rive du chenal.
« Nous serions partis à ta recherche aujourd’hui », dit Galahad, puis
il fit un signe de croix en regardant la digue. Il me lança un regard étrange,
comme s’il craignait que je fusse un autre homme à mon retour de l’île.
    « J’aurais
dû me douter que tu serais ici.
    — Oui, tu
aurais dû. » Il avait les yeux embués de larmes, des larmes de bonheur.
    Nous
franchîmes le chenal à la rame puis, portant Nimue dans mes bras, je remontai
la route des crânes vers la salle des fêtes, tout au bout du chemin, où je
trouvai un homme chargeant une charrette de sel à destination de Durnovarie.
J’installai Nimue sur son chargement et marchai derrière la carriole grinçante.
J’avais arraché Nimue à l’île des Morts pour la rendre à un pays en guerre.
     
     
    Je conduisis Nimue
à la ferme de Gyllad. Je ne l’installai pas dans la grande salle, lui préférant
une cabane de berger abandonnée où nous pouvions être seuls. Je lui servis du
bouillon et du lait, mais je commençai par sa toilette, lavant chaque
centimètre de son corps, la lavant deux fois, puis lavant ses cheveux noirs
avant d’employer un peigne en os pour tâcher de les démêler. Certains nouds
étaient si serrés qu’il fallut les couper, mais la plupart cédèrent sous le
peigne et quand sa chevelure fut raide et mouillée je me servis du peigne pour
dénicher les poux et les tuer avant de la rincer une nouvelle fois à grandes
eaux. Elle s’y soumit comme une gosse obéissante et, lorsqu’elle fut propre, je
l’enveloppai d’une grande couverture de laine et retirai le bouillon du feu
pour la faire manger tandis que je me lavais à mon tour et traquais les poux
qui avaient sauté de son corps sur le mien.
    Quand j’eus
terminé, la nuit tombait et elle eut tôt fait de s’endormir sur un lit de
fougères fraîchement coupées. Elle dormit toute la nuit et, au matin, elle
avala six œufs brouillés que je lui avais préparés sur le feu. Puis elle se
rendormit et je pris un couteau et un morceau de cuir pour lui tailler un cache
et un lacet qu’elle pourrait nouer autour de ses cheveux. Je demandai à une
esclave de Gyllad d’apporter des habits et j’envoyai Issa en ville aux
nouvelles. C’était un gaillard intelligent, si ouvert et avenant que les
inconnus eux-mêmes étaient ravis de se confier à lui à la table des tavernes.
    « La
moitié de la ville dit que la guerre est déjà perdue, Seigneur », me
confia-t-il à son retour. Nimue dormait et nous nous installâmes à côté du
ruisseau qui coulait près de la cabane.
    « Et
l’autre moitié ? »
    Il sourit.
« Elle attend Lughnasa, Seigneur. Ils ne voient pas plus loin

Weitere Kostenlose Bücher