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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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également pillé les pauvres moines. Hélas, quelles déprédations n’a-t-il commises !
Le sanctuaire a souffert pour le Christ et il ne s’est jamais remis.
    — Gundleus
est d’abord allé au Tor, dis-je. Je le sais, parce que j’étais là. Et, ce
faisant, il a laissé aux moines le temps de cacher leurs trésors.
    — Quelles
fables ne faites-vous pas courir sur les chrétiens, vous autres païens !
Prétends-tu encore que nous mangeons des bébés lors de nos banquets
d’amour ? » Sansum rit.
    Arthur
soupira. « Cher évêque Sansum, reprit-il, je sais que ma requête t’est
douloureuse. Je sais qu’il entre dans ta mission de préserver la richesse de
ton Église, afin qu’elle puisse prospérer et refléter la gloire de Dieu. Tout
cela, je le sais, mais je sais aussi que si nous n’avons pas d’argent pour
combattre nos ennemis, l’ennemi viendra ici et il n’y aura pas d’église, il n’y
aura pas de Sainte-Épine, et l’évêque du sanctuaire  – il enfonça un doigt
dans les côtes de Sansum  – ne sera qu’un tas d’os nettoyés par les
corbeaux.
    — Il est
d’autres manières de tenir l’ennemi à l’écart de nos portes », protesta
Sansum, insinuant malencontreusement qu’Arthur était la cause de la guerre et
que, s’il quittait tout simplement la Dumnonie, Gorfyddyd serait satisfait.
    Arthur garda
son calme et se contenta de sourire. « Ton trésor est nécessaire à la Dumnonie,
évêque.
    — Nous
n’avons point de trésor. Hélas ! » Sansum fit le signe de la croix.
« Dieu m’est témoin, Seigneur, nous ne possédons rien. »
    J’allai
jusqu’à l’aubépine. « Les moines d’Ivinium, dis-je, faisant allusion à un
monastère à quelques lieues plus au sud, sont de meilleurs jardiniers que vous,
évêque. » Sortant Hywelbane de son fourreau, je la pointai dans le sol, à
côté du misérable arbuste. « Peut-être devrions-nous déraciner la
Sainte-Épine et la confier aux moines d’Ivinium ? Je suis sûr qu’ils
paieraient cher le privilège.
    — Et
l’Épine serait encore plus loin des Saxons ! ajouta Arthur d’un ton vif.
Tu approuves certainement notre plan, l’évêque ? »
    Sansum agitait
les mains en signe de désespoir. « Les moines d’Ivinium sont des ignorantins,
Seigneur, de simples marmonneurs de prières. Si vos Seigneuries voulaient bien
patienter dans l’église, peut-être puis-je trouver quelques pièces pour vos
projets ?
    — Fais ! »
répondit Arthur.
    On nous
introduisit tous les trois dans l’église. Un bâtiment simple, avec un sol de
dalles, des murs de pierre et une toiture de poutres. Un endroit sombre, où
seul un faible rai de lumière pénétrait par les hauts fenestrons où picoraient
des moineaux et poussaient des giroflées des murailles. À l’extrémité, un crucifix
se dressait sur une table de pierre. Nimue, qui avait retiré son capuchon, lui
cracha dessus, tandis qu’Arthur se dirigea vers la table et se hissa des mains
afin de s’asseoir sur le bord. « Je n’y prends aucun plaisir, Derfel.
    — Pourquoi
en prendrais-tu, Seigneur ?
    — Ça ne
se fait pas d’offenser les Dieux, ajouta Arthur d’un ton lugubre.
    — Ce
Dieu, fit Nimue avec mépris, on dit qu’il pardonne. Mieux vaut offenser de
cette manière que d’une autre. »
    Arthur sourit.
Il portait un simple justaucorps, des pantalons, un manteau, des bottes et
Excalibur. Il ne portait ni or ni armure mais on ne pouvait se méprendre sur
son autorité ni, à cette heure, sur son embarras. Il resta assis un moment,
silencieux, puis leva les yeux vers moi. Nimue explorait les petites pièces au
fond de l’église et nous étions seuls. « Peut-être devrais-je quitter la
Bretagne ? dit Arthur.
    — Et
céder la Dumnonie à Gorfyddyd ?
    — Le
moment venu, Gorfyddyd mettra Mordred sur le trône, et c’est la seule chose qui
compte.
    — C’est
ce qu’il dit ? demandai-je.
    — Oui.
    — Et que
dirait-il d’autre ? protestai-je, consterné que mon seigneur pût même
envisager l’exil. Mais la vérité, ajoutai-je avec force, c’est que Mordred sera
le client de Gorfyddyd, et pourquoi Gorfyddyd mettrait-il sur le trône un
client ? Pourquoi ne pas y mettre plutôt l’un de ses parents ? Son
fils Cuneglas, par exemple, sur notre trône ?
    — Cuneglas
est un homme honorable, insista Arthur.
    — Cuneglas
fera ce que son père lui dit de faire, dis-je d’un ton méprisant, et Gorfyddyd
veut

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