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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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la
barricade.
    Nous
attendîmes. Je jetai un coup d’œil en arrière. Les hommes d’Arthur étaient
invisibles. J’imaginai qu’ils devaient se cacher à l’endroit où la route était
masquée par les arbres, à quelques centaines de mètres plus au sud. À ma
droite, la rivière s’écoulait en tourbillons brillants sur lesquels deux cygnes
se laissaient porter. Un héron péchait au bord de la rivière. Il ouvrit
paresseusement ses ailes pour voler vers le nord. D’après Nimue, c’était de bon
augure, parce qu’il portait la malchance dans les rangs ennemis.
    Les lanciers
de Valerin approchèrent lentement. On les avait réveillés pour la bataille et
ils étaient encore hébétés. Certains étaient nu-tête et je me dis que leurs
chefs avaient dû les arracher si brutalement de leur paillasse qu’ils n’avaient
pas eu le temps de passer leur armure. Ils n’avaient pas de druides : au
moins n’avions-nous aucun charme à craindre même si, tout comme mes hommes, je marmonnai
à la hâte quelques prières. Les miennes allaient à Mithra et à Bel. Nimue
invoquait Andraste, la Déesse du Carnage, tandis que Cavan priait ses Dieux
irlandais de donner à sa lance sa ration du jour. Je vis que Valerin avait mis
pied à terre et conduisait ses hommes depuis le centre de la ligne, mais je
remarquai aussi qu’un serviteur le suivait de près avec son cheval.
    Un fort coup
de vent humide souffla en travers de la route la fumée des cabanes en feu,
masquant à moitié la ligne ennemie. Les corps de leurs camarades étripés
réveilleraient à coup sûr l’ardeur des lanciers et, comme de bien entendu,
j’entendis leurs cris de colère quand ils découvrirent les cadavres encore
frais. Lorsqu’une rafale de vent chassa la fumée, la ligne de nos assaillants hâtait
le pas et criait des insultes. Nous attendîmes en silence tandis que la lumière
grise de l’aube se répandait dans le creux humide de la vallée.
    Les lanciers
ennemis s’arrêtèrent à cinquante pas de nous. Tous portaient sur leurs
boucliers l’aigle du Powys ; aucun ne venait donc de Silurie ni des autres
contingents rassemblés par Gorfyddyd. Ces lanciers, calculai-je, étaient parmi
les meilleurs du Powys. Tous ceux qui tomberaient aujourd’hui ne pourraient que
nous aider par la suite, et les Dieux savaient que nous avions besoin d’aide.
Nous étions loin d’avoir gagné la partie et je devais sans cesse me rappeler
que ces moments de relâche avaient pour seul but d’attirer le gros des forces
de Gorfyddyd et de ses alliés vers les rares hommes demeurés fidèles à Arthur.
    Deux hommes
sortirent en courant de la ligne d’Arthur et lancèrent leurs lances, qui
passèrent largement au-dessus de nos têtes pour s’enfoncer dans la terre
derrière nous. Mes hommes les conspuèrent et certains se découvrirent même à
dessein, comme pour inviter l’ennemi à recommencer. Je remerciai Mithra que
l’ennemi n’eût point d’archers. Peu de guerriers portaient des arcs car aucune
flèche ne peut transpercer un bouclier ou un plastron de cuir. L’arc était une
arme de chasseur, plus utile contre la sauvagine ou le petit gibier, mais une
masse de rustres requis pourvus d’arcs légers pouvait tout de même constituer
une gêne en forçant les guerriers à se blottir derrière leur mur de boucliers.
    Deux autres
hommes lancèrent des lances. Une arme s’enfonça dans un bouclier, l’autre passa
de nouveau au-dessus. Valerin nous observait, jaugeant notre détermination et,
peut-être parce que nous ne ripostions pas, il en conclut que nous étions déjà
des hommes battus. Il leva les bras, frappa de sa lance contre son bouclier et
cria à ses hommes de charger.
    Ils rugirent
et, comme Arthur nous l’avait ordonné, nous brisâmes les rangs pour détaler.
L’espace d’une seconde régna la confusion, car les hommes de la ligne de
boucliers se gênaient mutuellement, mais bientôt les hommes se dispersèrent,
chacun suivant son chemin d’un pas lourd. Nimue, son manteau noir au vent,
courait devant nous, ne cessant de se retourner pour voir ce qui se passait
derrière nous. L’ennemi criait victoire et se lançait à nos trousses pour
essayer de nous rattraper, tandis que Valerin, voyant une occasion de fendre à
cheval une cohue en débandade, hurlait à son serviteur de lui amener sa
monture.
    Encombrés que
nous étions de nos manteaux, de nos boucliers et de nos lances, nous avions du
mal à courir. Fatigué et

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