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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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des
branches d’if entre les pieux largement espacés : elle avait fait une
palissade-fantôme sous la forme d’une rangée d’épouvantails humains ensorcelés
qu’aucun homme n’oserait franchir sans l’aide d’un druide. Sagramor voulut
qu’elle en fasse une autre au nord du gué, mais Nimue refusa. « Leurs
guerriers viendront avec des druides, expliqua-t-elle, et un druide se rit
d’une palissade-fantôme. En revanche, les requis n’auront pas de druides. »
Elle était allée chercher au pied de la colline une brassée de verveine et
distribuait maintenant les petites fleurs violettes aux lanciers, qui savaient
tous que l’herbe sacrée était une protection dans la bataille. Elle m’en glissa
une branche dans mon armure.
    Les chrétiens
se rassemblèrent pour dire leurs prières pendant que nous, les païens,
implorions l’aide de nos Dieux. Des hommes lancèrent des pièces dans la rivière
puis demandèrent à Nimue de toucher leurs talismans. La plupart portaient une
patte de lièvre, mais certains lui apportèrent des pênes de lutin ou des
pierres de serpent. Très prisés des soldats, les pênes de lutin étaient de
toutes petites pointes de silex tirées par les esprits ; les pierres de
serpent, en revanche, avaient des couleurs vives que Nimue enrichissait en les
plongeant dans la rivière avant de les porter à son œil. Je pressai l’armure
d’écailles pour sentir contre ma poitrine la broche de Ceinwyn, puis je
m’agenouillai pour embrasser la terre. Je gardai le front sur le sol humide
tout en adjurant Mithra de me donner de la force, du courage et, si telle était
Sa volonté, une bonne mort. Certains de nos hommes buvaient l’hydromel que nous
avions découvert au village mais, pour ma part, je ne bus que de l’eau. Nous fîmes
notre repas des vivres que les hommes de Valerin avaient prévus pour leur petit
déjeuner, puis un groupe de lanciers aida Nimue à attraper des crapauds et des
souris d’eau qu’elle tua et disposa sur la route, au-delà du gué, pour donner
de mauvais présages à l’ennemi approchant. Chacun aiguisa de nouveau ses armes
et attendit. Sagramor avait mis la main sur un homme qui se cachait dans les
bois, derrière le village. L’homme était berger et Sagramor l’interrogea sur
les environs : ainsi apprit-il qu’il y avait un second gué en amont, où
l’ennemi pouvait nous déborder si nous essayions de défendre la rive à
l’extrémité nord de la vallée. L’existence de ce deuxième gué n’était pas faite
pour nous inquiéter maintenant, mais nous ne devions pas en oublier l’existence
car elle donnait à l’ennemi un moyen de contourner notre ligne de défense
postée plus au nord.
    La bataille
qui se préparait m’inquiétait, mais Nimue semblait impassible : « Je
n’ai rien à craindre. J’ai connu les Trois Blessures. Par quoi puis-je être
blessée ? » Elle s’était assise à côté de moi, à proximité du gué, au
nord de la vallée. Ce serait notre première ligne de défense, l’endroit où nous
amorcerions la lente retraite qui attirerait l’ennemi dans la vallée et le
piège d’Arthur. « En outre, ajouta-t-elle, je suis sous la protection de
Merlin.
    — Sait-il
que nous sommes ici ? »
    Après un
instant de silence, elle hocha la tête. « Il le sait.
    — Viendra-t-il ? »
    Elle se
renfrogna comme si ma question était stupide. « Il viendra, fit-elle
lentement, quoiqu’il ait à faire.
    — Alors
il viendra ! » répétai-je plein d’espoir.
    Nimue secoua
la tête, exaspérée. « La seule chose qui préoccupe Merlin, c’est la
Bretagne. Il croit qu’Arthur pourrait aider à restaurer la Sagesse de la
Bretagne, mais s’il décide que Gorfyddyd ferait mieux l’affaire, alors
crois-moi, Derfel, il prendra le parti de Gorfyddyd. »
    Merlin
lui-même me l’avait laissé entendre à demi-mot à Caer Sws, mais j’avais encore
peine à croire que ses ambitions étaient si éloignées de mes allégeances et de
mes espoirs. « Et toi ? demandai-je à Nimue.
    — J’ai un
fardeau qui m’attache à cette armée, après quoi je serai libre d’aider Merlin.
    — Gundleus... »
    Elle approuva
d’un signe de tête. « Donne-moi Gundleus en vie, Derfel, me demanda-t-elle
en me regardant dans les yeux, donne-le moi vivant, je t’en supplie. »
Touchant son bandeau de cuir, elle se tut, rassemblant ses énergies en vue de
la vengeance qu’elle ruminait fébrilement. Elle avait encore

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