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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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un visage pâle et
décharné, avec ses cheveux noirs et plats qui lui couvraient les joues. La
tendresse qu’elle avait révélée à Lughnasa avait cédé la place à une tristesse
froide qui me donnait à penser que je ne la comprendrais jamais. Je l’aimais,
non pas comme je croyais aimer Ceinwyn, mais comme un homme peut aimer une
belle créature sauvage, un aigle ou un chat sauvage, car je savais que sa vie
ou ses rêves me seraient à jamais impénétrables. Soudain, elle grimaça.
« Je ferai hurler l’âme de Gundleus jusqu’à la fin des temps, dit-elle à
voix basse, je l’expédierai dans les abîmes du néant, mais jamais il
n’atteindra le néant, Derfel, il souffrira toujours à sa lisière,
hurlant. »
    Je frissonnai
pour Gundleus.
    Un cri attira
mon attention vers la rivière. Six cavaliers galopaient vers nous. Notre mur de
boucliers se dressa, chacun passant son bras dans les sangles de son bouclier,
mais je vis qu’ils étaient conduits par Morfans. « Une lieue, fit-il,
haletant. Arthur nous a envoyés vous aider. Grands Dieux, ils sont des
centaines, les salauds ! » Il s’épongea le front, puis grimaça.
« Il y a assez de butin pour mille hommes ! » Il se laissa
glisser lourdement de son cheval. Je vis qu’il portait la corne d’argent et
devinai qu’il s’en servirait le moment venu pour appeler Arthur.
    « Où est
Arthur ? demanda Sagramor.
    — Bien
caché », nous rassura Morfans. Puis, voyant mon armure, son affreuse
trogne se fendit en un large rictus. « Elle te pèse, hein, cette
armure ?
    — Comment
se bat-il avec ça ?

— Très
bien, Derfel, très bien. Tu verras, toi aussi. » Il me donna une claque
sur l’épaule. « Des nouvelles de Galahad ?
    — Aucune.
    — Agricola
ne nous laissera pas combattre tout seuls, quoi que puissent vouloir ce roi
chrétien et sa chiffe molle de rejeton », trancha Morfans avant de
conduire ses cinq acolytes à travers le mur de boucliers. « Accordez-nous
quelques minutes pour le repos des chevaux. »
    Sagramor passa
son casque. Le Numide portait une cotte de mailles, un manteau noir et des
cuissardes. Son casque de fer était noir de poix et se terminait en pointe, ce
qui lui donnait un air exotique. En général, il combattait à cheval, mais il ne
laissa poindre aucun regret d’être fantassin en ce jour. Il ne montra non plus
la moindre inquiétude en faisant les cent pas devant ces hommes auxquels il
grognait des encouragements.
    Je remis le
casque étouffant d’Arthur et bouclai la sangle sous mon menton. Ainsi accoutré
comme mon seigneur, je rejoignis à mon tour la ligne des lances, prévenant mes
hommes que le combat serait rude, mais la victoire assurée aussi longtemps que
tiendrait notre mur. C’était un mur dangereusement mince  – de juste trois
hommes d’épaisseur à certains endroits, mais c’étaient tous des braves. Lorsque
j’approchai du point de raccord entre mes lanciers et ceux de Sagramor, l’un
d’eux sortit du rang. « Tu te souviens de moi, Seigneur ? »
    Je crus un
instant qu’il m’avait pris pour Arthur et, écartant mes joues pour voir son
visage, je le reconnus enfin. C’était Griffid, le capitaine d’Owain, l’homme
qui avait essayé de m’écharper à Lindinis avant que Nimue ne s’interpose pour
me sauver la vie. « Griffid ap Annan !
    — Il y a
du mauvais sang entre nous, Seigneur, dit-il en tombant à genoux.
Pardonne-moi. »
    Je lui fis
signe de se relever et le serrai dans mes bras. Sa barbe grisonnait, mais il
restait l’homme efflanqué et à la triste figure dont j’avais gardé le souvenir.
« Mon âme est sous ta garde, lui dis-je, et je suis ravi de la mettre là.
    — Et la
mienne est à toi, Seigneur.
    — Minac ! »
J’avais reconnu un autre de mes anciens camarades. « Suis-je
pardonné ?
    — Y
avait-il quelque chose à pardonner, Seigneur ? demanda-t-il, gêné par ma
question.
    — Il n’y
avait rien à pardonner. Aucun serment brisé, je le jure. »
    Minac s’avança
pour m’embrasser. Tout au long du mur de boucliers, d’autres querelles semblables
trouvaient leur solution. « Comment ça s’est passé ? demandai-je à
Griffid.
    — Bataillé
rudement, Seigneur ! Surtout contre les Saxons de Cerdic. Aujourd’hui sera
un jeu d’enfants en comparaison de ces bougres, sauf pour une chose. » Il
hésita.
    « Eh
bien ?
    — Va-t-elle
nous rendre nos âmes, Seigneur ? » demanda Griffid en jetant un

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