Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
et méticuleux,
se penchait sur un conflit de compétences entre deux chefs de son royaume.
Uther cracha dans son urine pour conjurer son mal, puis regagna le dais en
clopinant tandis que Tewdric rendait son verdict, que trois scribes, attablés
derrière le dais, s’empressèrent de coucher par écrit, comme tous les autres,
sur un parchemin. Uther économisait ses maigres forces en vue de la grande
affaire de la journée, à la nuit tombée. Il faisait nuit noire, et les
serviteurs de Tewdric étaient allés chercher une douzaine de torches
supplémentaires. Il s’était mis à pleuvoir dru et la salle devint vite glaciale
tandis que des torrents d’eau s’engouffraient dans les trous de la toiture et
gouttaient sur le sol ou ruisselaient le long des murs de brique. Soudain, il
fit si froid qu’on apporta aux pieds du Grand Roi un brasero de fer de quatre
pieds de large et empli de bûches. On retira les boucliers royaux et l’on
déplaça le trône de Tewdric en sorte que la chaleur du brasier pût atteindre
Uther. La fumée s’éleva en tourbillonnant dans la pièce, se perdant dans les
ombres épaisses comme si elle avait cherché à rejoindre la pluie battante.
    Enfin Uther se
leva pour s’adresser au Grand Conseil. Chancelant, il lui fallut s’appuyer sur
un grand épieu le temps de dire ce qu’il pensait de son royaume. La Dumnonie,
commença-t-il, avait un nouvel Edling, et il fallait rendre grâces aux Dieux de
cette miséricorde, mais l’Edling était faible, ce n’était encore qu’un bébé
affligé d’un pied bot. Des murmures saluèrent la confirmation de ce mauvais
augure dont la rumeur s’était déjà fait l’écho, mais le roi leva la main et le
silence se fit aussitôt. La fumée l’auréolait, lui donnant l’air d’un spectre
comme si son âme avait déjà rejoint son corps d’outre-tombe. L’or scintillait à
son cou et à ses poignets, tandis qu’un mince filet d’or, la couronne de Grand
Roi, ceignait sa chevelure blanche en bataille.
    « Je suis
vieux et je n’en ai plus pour longtemps, dit-il, en faisant taire les
protestations d’un timide geste de la main. Je ne prétends pas que mon royaume
soit supérieur à aucun autre de cette terre, mais je dis que si la Dumnonie
tombe entre les mains des Saxons, c’est toute la Bretagne qui sombrera. Que la
Dumnonie tombe, et nous perdrons nos liens avec l’Armorique et avec nos frères
d’outre-Manche. Que la Dumnonie tombe, et les Saxons auront réussi à diviser le
pays breton. Et un pays divisé ne saurait survivre. »
    Il s’arrêta.
L’espace d’une seconde, je le crus trop fatigué pour continuer, mais il
redressa alors sa grosse tête de taureau.
    « Les
Saxons ne doivent pas atteindre la mer de Severn ! » cria-t-il,
rappelant le credo qui était au cœur même de ses ambitions depuis de longues
années.
    Tant que les
Bretons cerneraient les Saxons, il subsisterait une chance qu’on les pût un
jour refouler vers la mer de Germanie, mais si jamais ils atteignaient notre
côte ouest, c’est qu’ils seraient parvenus à couper la Dumnonie du Gwent, et
les Bretons du Sud des Bretons du Nord.
    « Les
hommes du Gwent sont nos guerriers les plus valeureux, reprit Uther, rendant
hommage à Agricola d’un signe de tête, mais ce n’est un secret pour personne
que le Gwent vit du pain de la Dumnonie. Il faut sauver la Dumnonie, où c’en
est fait de la Bretagne. J’ai un petit-fils, et le royaume est à lui !
C’est à Mordred qu’il appartiendra de le gouverner quand je serai mort. Telle
est ma loi ! »
    Il donna alors
un grand coup de lance sur l’estrade et, l’espace d’un instant, on reconnut
dans ses yeux la force implacable qui était naguère celle du Pendragon. Rien ne
se déciderait ici sans lui, car c’était la loi d’Uther, et dans cette salle
tout le monde le savait. Restait à voir comment protéger l’enfant estropié en
attendant qu’il eût l’âge de prendre les rênes.
    Ainsi commença
la discussion, bien que tout le monde sût ce qui avait déjà été décidé. On
comprendrait mal autrement cet air suffisant de Gundleus, vautré sur son trône.
Reste que certains hommes avancèrent encore d’autres candidats pour la main de
Norwenna. Le prince Gereint, le Seigneur des Pierres qui tenait les frontières
de la Dumnonie avec les Saxons, proposa Meurig ap Tewdric, l’Edling du Gwent,
mais tout le monde, ici, savait que la proposition n’était qu’une flatterie

Weitere Kostenlose Bücher