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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Saxons en avaient enterré
quelques-uns à Lloegyr. L’un des desseins de ce Grand Conseil était de faire la
paix entre les royaumes bretons subsistant, une paix qui était déjà menacée
parce que le Powys et la Silurie n’étaient pas venus au conseil. Leurs trônes
étaient vides, témoins muets de l’hostilité persistante de ces royaumes envers
le Gwent et la Dumnonie.
    Juste devant
les rois et les princes, et au-delà d’un petit espace laissé libre pour les
orateurs, siégeaient les conseillers et les principaux magistrats des royaumes.
Certains conseils, comme ceux du Gwent et de la Dumnonie, étaient fort
nombreux, tandis que d’autres ne comptaient qu’une poignée d’hommes. Magistrats
et conseillers étaient assis à même le sol, dont je vis maintenant qu’il était
décoré de milliers de petites pierres de couleur formant un immense dessin que
l’on devinait entre leurs corps assis. Les conseillers s’étaient tous procuré
des couvertures pour s’en faire des édredons car ils savaient que les
délibérations du Grand Conseil pouvaient durer bien au-delà de la tombée de la
nuit. Derrière les conseillers, et présents uniquement au titre d’observateurs,
se trouvaient les guerriers en armes, d’aucuns avec leurs chiens de chasse
préférés, en laisse, à leurs côtés. Je pris place parmi ces hommes en
armes : mon torque de bronze à tête de Cernunnos justifiait amplement ma
présence.
    Deux femmes
étaient au conseil, deux seulement, mais leur seule présence suscita des
murmures de protestation, qu’Uther fit taire d’un battement de paupières.
    Morgane
s’assit directement en face d’Uther. Les conseillers s’étaient reculés en sorte
qu’elle s’était retrouvée isolée avant que Nimue ne franchît hardiment le seuil
et se faufilât à travers les messieurs assis pour venir se placer à côté
d’elle. Nimue était entrée avec une telle assurance que nul n’avait essayé de
lui barrer le chemin. Sitôt assise, elle leva les yeux vers le Grand Roi Uther,
comme pour le mettre au défi de l’expulser, mais le Roi fit comme si de rien
n’était. Morgane feignit elle aussi d’ignorer la présence de sa jeune rivale,
raide et impassible. Elle était vêtue d’une robe de lin blanc serrée à la
taille par une ceinture de cuir. Au milieu de ces hommes grisonnants, aux
manteaux épais, elle semblait frêle et vulnérable.
    Le Grand
Conseil commença, comme tous les conseils, par une prière. Eût-il été présent,
Merlin aurait invoqué les Dieux. Mais c’est l’évêque Conrad de Gwent qui récita
une prière au Dieu chrétien. J’aperçus Sansum dans les rangs des conseillers du
Gwent : il fusilla du regard les deux femmes qui n’inclinaient pas la tête
alors que l’évêque priait. Sansum savait bien que les deux femmes étaient là à
la place de Merlin.
    La prière
terminée, c’est Owain, le champion de Dumnonie qui deux jours auparavant avait
affronté les meilleurs hommes de Tewdric, qui lança le défi. Une brute épaisse,
comme disait toujours Merlin, et il en avait l’air, debout devant le Grand Roi
avec les balafres de son dernier tournoi, son épée tirée et son épaisse
fourrure de loup passée autour des muscles noueux de ses larges épaules.
« Y a-t-il ici un homme, gronda-t-il, qui conteste à Uther le droit de
monter sur le Grand Trône ? »
    Personne ne
bougea. L’air un peu déçu d’être ainsi frustré de l’occasion de réduire en
bouillie un adversaire, Owain rengaina son épée et se rassit, mal à l’aise,
parmi les conseillers. Il aurait préféré de beaucoup se trouver au milieu de
ses guerriers.
    Puis on passa
aux nouvelles de la Bretagne. S’exprimant au nom du Grand Roi, Mgr Bedwin
déclara que la menace saxonne, à l’est de la Dumnonie, s’était éloignée, mais à
un prix exorbitant. Le prince Mordred, Edling de Dumnonie et guerrier dont la
gloire avait atteint les confins de la terre, avait péri à l’heure de la
victoire. Le visage d’Uther ne laissa paraître aucune émotion tandis qu’il
écoutait pour la énième fois le récit de la mort de son fils. Le nom d’Arthur
ne fut pas mentionné, alors même que c’était lui qui avait arraché la victoire
à la maladresse de Mordred, et tout le monde, ici, le savait. Bedwin raconta
que les Saxons vaincus étaient venus des terres jadis gouvernées par la tribu
Catuvelan et que, même s’ils n’avaient pas été boutés hors de tout cet

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