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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’y avait pas une once de pardon chez Nimue. Elle
avait déjà demandé à Arthur et à Owain la permission de tuer elle-même
Gundleus, et elle avait essuyé un refus, mais aussi longtemps que Nimue vivrait
Gundleus connaîtrait la peur.
    Le lendemain,
Arthur se rendit à Ynys Wydryn à la tête d’un groupe de cavaliers. Il rentra le
soir même en rapportant que l’antre de Merlin n’était plus que cendres. Les
cavaliers revinrent aussi avec ce pauvre fou de Pellinore et un Druidan indigné
qui s’était réfugié dans un puits appartenant aux moines de la Sainte-Épine.
Arthur dit son intention de reconstruire la demeure de Merlin, mais comment
allait-il s’y prendre sans argent et sans une armée de manœuvres, nul ne le
savait. Gwlyddyn fut officiellement nommé constructeur royal de Mordred et fut
invité à commencer à abattre des arbres pour reconstruire les bâtiments du Tor.
Pellinore fut enfermé dans un entrepôt de pierre vide attaché à la villa
romaine de Lindinis, qui était la colonie de peuplement la plus proche de Caer
Cadarn et où les femmes, les enfants et les esclaves qui suivaient les femmes
d’Arthur trouvèrent un toit. Arthur organisait tout. Il a toujours été un homme
infatigable, ne supportant pas de rester les bras croisés, et, dans les tout
premiers jours qui suivirent la capture de Gundleus, il travailla de l’aube
jusque longtemps après la tombée de la nuit. Il passait le plus clair de son
temps à trouver un gagne-pain à ses hommes ; il fallait leur allouer des
terres royales et agrandir des maisons pour leur famille, tout cela sans
froisser les gens qui vivaient déjà à Lindinis. La ville elle-même avait
appartenu à Uther, et Arthur la reprit pour lui. Il n’y avait pas de tâche trop
insignifiante pour lui et, un matin, je le trouvai même aux prises avec une
grande feuille de plomb. « Donne-moi un coup de main, Derfel ! »
lança-t-il. Je fus flatté de constater qu’il se rappelait mon nom et me
précipitai pour l’aider à soulever la masse encombrante. « C’est
rare ! » observa-t-il joyeusement. Il était torse nu et sa peau était
barbouillée du plomb qu’il comptait découper en bandes pour en revêtir le
caniveau de pierre qui transportait jadis l’eau d’une source jusqu’à
l’intérieur de la villa.
    « En
partant, les Romains ont emporté tout le plomb avec eux, expliqua-t-il ;
voilà pourquoi les conduites d’eau ne marchent plus. Nous devrions recommencer
à exploiter les mines. » Il laissa tomber le plomb qu’il avait entre les
mains pour s’éponger le front. « Remettre les mines en activité,
reconstruire les ponts, paver les gués, creuser des écluses et trouver le moyen
de persuader les Saïs de rentrer chez eux. Il y a assez de travail pour la vie
d’un homme, tu ne crois pas ?
    — Oui,
Seigneur », répondis-je nerveusement, me demandant bien pourquoi un
seigneur de la guerre se souciait de réparer des conduites d’eau. Le conseil
devait se réunir plus tard dans la journée et je pensais qu’Arthur avait
suffisamment à faire pour le préparer, mais le plomb semblait le préoccuper
davantage que les affaires d’État.
    « Je ne
sais pas si tu as vu du plomb ou si tu en as coupé avec un couteau, dit-il
d’une voix lugubre. Il faut que je sache. Je vais demander à Gwlyddyn. On
dirait qu’il sait tout. Savais-tu qu’il faut toujours mettre les troncs la tête
en bas pour en faire des piliers ?
    — Non,
Seigneur.
    — Ça
empêche l’humidité de monter, tu comprends, et ça évite au bois de pourrir.
C’est ce que m’a expliqué Gwlyddyn. J’aime ce genre de savoir. C’est bien, les
connaissances pratiques, ce qui fait tourner le monde. Ainsi donc, comment
trouves-tu Owain ? reprit-il avec un large sourire.
    — Il est
bon avec moi, Seigneur », répondis-je, embarrassé par sa question. En
vérité, il me rendait encore nerveux, même s’il ne montra jamais la moindre
rudesse avec moi.
    « Il le
doit. Ce sont ses hommes qui font la réputation d’un chef.
    — Mais je
préférerais te servir, Seigneur », lâchai-je avec une juvénile impudence.
    Il sourit.
    « Cela
viendra, Derfel, cela viendra. Le moment venu. Si tu franchis l’épreuve du
combat pour Owain. »
    Il fit cette
observation d’un ton assez distrait, mais, plus tard, je me demandai s’il avait
prévu la suite. Le moment venu, je franchis l’épreuve d’Owain avec succès, mais
ce fut dur, et peut-être Arthur

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