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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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voulait-il que j’assimile cette leçon avant de
rejoindre sa bande. Il se pencha de nouveau vers la feuille de plomb, puis se
redressa : un hurlement se fit entendre à travers les bâtiments délabrés.
C’était Pellinore qui protestait contre son emprisonnement.
    « Owain
dit qu’on devrait envoyer le malheureux Pell dans l’Ile des Morts, dit Arthur
en parlant de l’île où l’on se débarrassait des fous furieux. Qu’en
penses-tu ? »
    J’étais si étonné
qu’il me pose la question que je restai d’abord sans voix, puis je balbutiai
que Pellinore était cher au cœur de Merlin et que Merlin avait voulu le garder
parmi les vivants, et qu’à mon avis il fallait respecter les désirs de Merlin.
Arthur m’écouta gravement et parut me savoir gré de mon conseil. Il n’en avait
pas besoin, bien entendu, mais il essayait juste de me donner de l’importance.
    « Alors
Pellinore peut rester ici, mon gars. Maintenant, prends l’autre bout.
Soulève ! »
    Le lendemain,
Lindinis se vida. Morgane et Nimue retournèrent à Ynys Wydryn dans l’intention
de reconstruire le Tor. Nimue coupa court à mes adieux ; son œil la
faisait encore souffrir, elle était amère, et elle n’attendait plus rien de la
vie que de se venger de Gundleus, ce qu’on lui refusait. Arthur se dirigea vers
le nord avec ses cavaliers afin de renforcer les troupes de Tewdric sur la
frontière nord du Gwent, tandis que je demeurai avec Owain, qui avait élu
domicile dans la grande salle de Caer Cadarn. Je pouvais bien être un guerrier,
mais l’été avançait et il importait davantage de rentrer les récoltes que de
monter la garde devant les remparts du fort si bien que, des jours durant, je
laissai de côté mon épée et le casque, le bouclier et le plastron de cuir que
j’avais hérités d’un Silurien mort pour aller dans les champs aider les serfs à
rentrer le seigle, l’orge et le blé. Ce fut un rude boulot avec une petite
faucille qu’il fallait constamment affiler sur un racloir : un bâton de
bois que l’on commençait par tremper dans la graisse de porc, puis que l’on
enrobait de sable fin grâce auquel on donnait du tranchant à la lame, mais
celle-ci n’était jamais assez affilée pour moi et, si en forme que je fusse, je
finis par avoir le dos et les bras endoloris à force de me pencher et de donner
des coups de reins. Au Tor, je n’avais jamais mis tant d’acharnement au
travail, car j’avais maintenant quitté l’univers privilégié de Merlin pour les
troupes d’Owain.
    On fit des
meulettes dans les champs, puis on transporta des monceaux de paille de seigle
à Caer Cadarn et à Lindinis. On s’en servait pour réparer les toits de chaume
et pour rembourrer les matelas si bien que, l’espace de quelques jours bénis,
nos lits étaient sans poux ni puces, mais cette félicité était de courte durée.
C’est à cette époque que je me laissai pousser la barbe : un mince filet
doré dont je n’étais pas peu fier. Je passais mes journées à accomplir aux
champs un travail éreintant, mais je devais encore endurer chaque soir deux
heures d’entraînement militaire. Hywel m’avait bien appris, mais Owain exigeait
davantage. « Ce Silurien que tu as tué », me dit Owain un soir que je
suais à grosses gouttes sur les remparts de Caer Cadarn après une passe d’armes
à la canne avec un guerrier du nom de Mapon, « je parierai un mois de
solde à une souris morte que tu l’as tué avec le tranchant de ton épée. »
Je n’acceptai pas le pari mais confirmai que je m’étais bel et bien servi du
tranchant de mon épée comme d’une hache. Owain rit de bon cœur, puis écarta
Mapon d’un geste de la main. « Hywel apprenait toujours aux gens à se
battre avec le tranchant, dit Owain. Observe Arthur, la prochaine fois qu’il se
battra. Il ferraille, il ferraille comme un faneur qui essaie de finir avant la
pluie. » Il tira son épée. « Sers-toi de la pointe, fiston. Toujours
la pointe. Elle tue plus vite. » Il allongea une botte en ma direction,
m’obligeant à une parade désespérée. « Si tu te sers du tranchant, c’est
que tu es à découvert. Le mur de boucliers s’est défait, et si tu n’as plus
cette protection, tu es un homme mort, si fine épée sois-tu. Mais si le mur de
boucliers tient bon, cela veut dire que tu es épaule contre épaule et que tu
n’as pas de place pour balancer ton épée, juste assez pour frapper comme on
porte un coup de

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