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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avant.
    — Alors
pourquoi...
    — Parce
que, fit Owain en devançant ma question, parce que tout l’objet de la bataille,
petit, c’est de briser le mur ennemi. Tout le reste est jeu d’enfant. Les
chevaux d’Arthur effraient, à leur vue les lignes se défont, mais le jour
viendra où l’ennemi les attendra de pied ferme, et alors les Dieux aideront ces
chevaux. Et les Dieux aideront aussi Arthur s’il se fait jamais renverser de
son gros tas de viande et qu’il essaie de se battre à pied avec cette armure
d’écailles. Le seul métal dont un guerrier ait besoin est celui de son épée, et
la masse de fer à l’extrémité de sa lance, le reste n’est qu’un poids inutile,
mon gars, un poids mort. »
    Il jeta un œil
en direction de l’enceinte du fort où Ladwys escaladait la palissade qui
entourait la prison de Gundleus.
    « Arthur
ne restera pas longtemps ici, reprit-il avec assurance. Une défaite, et il fera
de nouveau voile vers l’Armorique, où ils sont impressionnés par les gros
chevaux, les habits d’écaillés et les épées de fantaisie. »
    Il cracha et
je sus que, malgré l’amour qu’Owain professait envers Arthur, il y avait là
autre chose, quelque chose de plus profond que la jalousie. Owain savait qu’il
avait un rival, mais il attendait son heure comme, je crois, Arthur attendait
la sienne, et cette inimitié me tracassait car j’aimais les deux hommes. Owain
sourit de la détresse de Ladwys. « C’est une putain fidèle, je dirai ça à
sa décharge, observa le colosse, mais je la briserai encore », puis,
faisant un signe de tête en direction de Lunete qui portait un sac de cuir
rempli d’eau vers les cabanes des guerriers, il me demanda :
    « C’est
ta femme ?
    — Oui. »
    Je rougis de
ma confession. Lunete, comme mon filet de barbe, était un signe de virilité, et
je portais les deux gauchement. Lunete avait décidé de rester avec moi au lieu
d’aller retrouver avec Nimue ce qu’il restait d’Ynys Wydryn. C’est elle qui
avait pris la décision et je n’étais pas encore bien certain de nos relations
même si Lunete semblait n’avoir aucun doute. Elle s’était installée dans un
coin de la cabane qu’elle avait déblayée et isolée d’une haie d’osier, et
maintenant elle parlait avec assurance de notre avenir commun. J’avais cru
qu’elle voudrait rester avec Nimue, mais depuis son viol Nimue était demeurée
taciturne et retranchée. En vérité, elle était devenue hostile, n’adressant la
parole que pour détourner la conversation. Morgane soignait son œil et le même
forgeron qui lui avait fait un masque proposait de faire un globe d’or pour
remplacer l’œil perdu. Comme nous tous, Lunete était un peu effarouchée par la
nouvelle Nimue qui crachait et arborait des airs revêches.
    « C’est
une jolie fille, reconnut Owain du bout des lèvres en parlant de Lunete, mais
les filles ne vivent avec les guerriers que pour une raison, petit, pour
s’enrichir. Alors assure-toi qu’elle te rende heureux, sans quoi, c’est couru
d’avance, elle te rendra misérable. »
    Il fouilla les
poches de son manteau et en retira une petite bague en or :
« Donne-lui ça. »
    Je balbutiai
des remerciements. Les chefs étaient censés faire des cadeaux à leurs hommes,
mais cette bague était tout de même un généreux présent car il me restait à me
battre pour Owain. La bague plut à Lunete. Avec le fil d’argent que j’avais
détaché du pommeau de mon épée, elle commençait à se faire un magot. Elle
incisa une croix sur la surface usée de l’anneau : non qu’elle fût
chrétienne, mais parce que la croix en faisait une bague d’amante et marquait
que, de fille, elle était devenue femme. Certains hommes portaient également
des bagues d’amants, mais, pour ma part, je brûlais d’envie de posséder ces
anneaux de fer tout simples que les guerriers victorieux martelaient à partir
des pointes de lance de leurs ennemis vaincus. Owain en avait une vingtaine
dans sa barbe, et ses doigts en étaient noirs tellement il en avait. Arthur, je
l’avais remarqué, n’en avait point.
    Une fois
rentrées les récoltes des champs des environs de Caer Cadarn, nous sillonnâmes
la Dumnonie pour collecter les impôts en nature. Nous visitâmes les vassaux et
les chefs, toujours accompagnés d’un clerc du trésor de Mordred qui marquait
les rentrées. Il était étrange de penser que Mordred était désormais roi et que
ce n’était

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