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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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poignard. » Il porta une nouvelle botte, m’obligeant à
parer.
    « Pourquoi
crois-tu que les Romains avaient des épées courtes ?
    — Je ne
sais pas, Seigneur.
    — Parce
qu’une épée courte pénètre mieux qu’une longue, voilà pourquoi. Loin de moi
l’idée de te persuader de changer d’épée, mais malgré tout, n’oublie pas de
t’en servir comme un poignard. La pointe, c’est toujours la pointe qui
gagne. »
    Il fit mine de
s’éloigner puis fit soudain volte-face pour me porter l’estocade et je parvins
tant bien que mal à écarter sa lame avec ma malheureuse canne. « Tu es
rapide, petit, fit-il avec un large sourire, et c’est bien. Tu t’en sortiras
mon garçon, tant que tu resteras sobre. » Il rengaina son épée et porta
ses regards vers l’est. Il observait au loin des taches grises de fumée qui trahissaient
la présence de pillards, mais, pour les Saxons comme pour nous, c’était la
saison des moissons, et leurs soldats avaient mieux à faire qu’à franchir notre
lointaine frontière.
    « Alors,
petit, que penses-tu d’Arthur ? me demanda soudain Owain.
    — Je
l’aime bien », fis-je gêné, aussi embarrassé par sa question que je
l’avais été par celle d’Arthur sur Owain.
    Owain tourna
vers moi sa grosse tête hirsute, qui ressemblait fort à celle de son vieil ami
Uther.
    « Oh, il
est assez aimable, fit-il de mauvaise grâce. J’ai toujours aimé Arthur. Tout le
monde aime Arthur, mais les Dieux seuls savent si quelqu’un le comprend. Sauf
Merlin. Tu crois que Merlin est vivant ?
    — Je sais
qu’il l’est, dis-je avec ferveur, alors que je n’en savais strictement rien.
    — Bien »,
fit Owain.
    Je venais du
Tor et Owain imaginait que j’avais des connaissances magiques qui étaient
refusées aux autres hommes. Le bruit s’était propagé parmi ses guerriers que
j’avais échappé à la fosse du druide, et du coup ils me prêtaient une bonne
étoile.
    « J’aime
bien Merlin, reprit Owain, alors même que c’est à Arthur qu’il a donné cette
épée-là.
    — Caledflwlch ?
demandai-je en appelant Excalibur par son vrai nom.
    — Tu ne
savais pas ? » demanda Owain étonné.
    Il avait perçu
la surprise dans ma voix, et cela n’avait rien d’étonnant, car Merlin n’avait
jamais parlé d’un aussi grand cadeau. Il lui arrivait de parler d’Arthur, qu’il
avait connu à la faveur du bref séjour que celui-ci avait fait à la cœur
d’Uther, mais Merlin en parlait toujours sur un ton affectueusement
condescendant, comme si Arthur était un élève lent mais obstiné, dont les
exploits ultérieurs avaient dépassé ses espérances. Mais que Merlin lui eût
donné la fameuse épée suggérait qu’il avait de lui une opinion beaucoup plus
haute qu’il ne voulait bien le dire.
    « Caledflwlch,
m’expliqua Owain, a été forgée dans l’Au-Delà par Gofannon, le Dieu des forges.
Merlin l’a trouvée en Irlande, où on l’appelait Cadalchog. Il l’a gagnée à un
druide des suites d’un concours de rêves. Les druides irlandais disent que, si
l’homme qui porte Cadalchog est aux abois, il peut enfoncer l’épée dans le
sol : Gofannon quittera l’Autre Monde pour voler à son secours. »
    Il secoua la
tête, d’un air non pas incrédule, mais émerveillé.
    « Alors
pourquoi Merlin a-t-il fait un tel cadeau à Arthur ?
    — Pourquoi
pas ? fis-je prudemment, devinant la jalousie derrière sa question.
    — Parce
qu’Arthur ne croit pas aux Dieux, voilà pourquoi. Il ne croit pas même en cette
poule mouillée que vénèrent les chrétiens. Pour autant que je puisse le
deviner, Arthur ne croit à rien, sauf aux grands chevaux, et les Dieux seuls
savent à quoi ils servent ici bas.
    — Ils
sont effrayants ! dis-je, voulant rester loyal envers Arthur.
    — Oh oui,
ils sont effrayants, convint Owain, mais uniquement si tu n’en as jamais vu.
Ils sont lents, il leur faut deux à trois fois plus de fourrages qu’à un cheval
normal, deux palefreniers, leurs sabots se fendent comme du beurre chaud si on
ne les protège avec ces sandales disgracieuses, et pas question de les faire
charger sur un mur de boucliers.
    — Ah
bon ?
    — Aucun
cheval ne le fera, observa-t-il avec mépris. Attends l’ennemi de pied ferme, et
il n’est pas un cheval au monde qui ne se dérobera devant une rangée de lances.
Les chevaux ne servent à rien dans la guerre, petit, si ce n’est à dépêcher des
éclaireurs loin en

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