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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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les créatures d’une
autre tribu, en fait d’une autre nation, et cette justification leur suffisait
amplement. Mais moi, j’avais été élevé sur le Tor, où nous étions issus de
toutes les races et de toutes les tribus, et bien que Merlin lui-même fût chef
de tribu et protégeât farouchement quiconque pouvait revendiquer le nom de Breton,
il n’enseignait point la haine des autres tribus. Son enseignement me préparait
mal au carnage aveugle d’inconnus pour la seule raison qu’ils étaient des
étrangers.
    Reste que,
préparé ou non, j’ai tué, que Dieu me le pardonne ! Mes autres péchés sont
beaucoup trop nombreux pour que je m’en souvienne.
    Nous
repartîmes avant l’aube. La vallée fumait, imbibée de sang, repoussante. Hanté
par les geignements des veuves et des orphelins, l’étang avait une forte odeur
de carnage. Owain me donna un lingot d’or, deux barres d’argent ainsi qu’une
poignée de pièces et, Dieu me pardonne, je les gardai.
     
     
    L’automne
apporte la bataille, car tout au long du printemps et de l’été les bateaux
déversent sur notre côte est de nouveaux Saxons, et c’est à l’automne que ces nouveaux
venus tâchent de se trouver une terre. C’est la dernière offensive avant que
l’hiver ne verrouille le pays.
    Et c’est cet
automne, l’année même de la mort d’Uther, que je combattis pour la première
fois des Saxons, car nous n’étions pas plus tôt de retour de notre collecte
d’impôts à l’ouest que la nouvelle nous parvint que des pillards saxons
opéraient dans l’est. Owain nous plaça sous la houlette de son capitaine, un
dénommé Griffid ap Annan, et nous envoya secourir Melwas, roi des Belges,
monarque vassal de Dumnonie. Melwas avait à charge de défendre notre côte sud
contre les envahisseurs Saïs qui, en cette sinistre année du bûcher funéraire
d’Uther, avaient repris goût à la guerre. Owain resta à Caer Cadarn car, au
conseil du royaume, une vive querelle s’était ouverte pour savoir qui serait
chargé de l’éducation de Mordred. L’évêque Bedwin voulait élever le roi dans sa
maison, mais les non-chrétiens, majoritaires au conseil, ne voulaient pas que
Mordred fût élevé en chrétien, tout comme Bedwin et les siens refusaient qu’il
reçût l’éducation d’un païen. Owain, qui prétendait adorer également tous les
Dieux, se proposa comme solution de compromis. « Non qu’il importe de
savoir en quel Dieu croit un roi, nous expliqua-t-il avant notre départ, parce
que c’est à se battre qu’il faut entraîner un roi, non à prier. » Nous le
laissâmes plaider sa cause tandis que nous partions trucider des Saxons.
    Griffid ap
Annan, notre capitaine, était un homme efflanqué et lugubre, qui subodorait que
la véritable intention d’Owain était en fait d’empêcher Arthur d’élever
Mordred. « Ce n’est pas qu’Owain n’aime pas Arthur, s’empressa-t-il
d’ajouter, mais si le roi appartient à Arthur, la Dumnonie sera à lui.
    — Est-ce
si mal ? demandai-je.
    — Pour
toi comme pour moi, mon garçon, mieux vaut que le pays appartienne à
Owain. » Griffid tripotait l’un des torques d’or qu’il avait autour du cou
pour bien se faire comprendre. Ils me donnaient tous du fiston ou du mon
garçon, mais uniquement parce que j’étais le plus jeune de la troupe et parce
que je n’avais pas encore fait mon véritable baptême du sang en bataillant
contre d’autres guerriers. Ils croyaient aussi que ma présence dans leurs rangs
leur portait chance parce que j’avais jadis échappé à la fosse d’un druide. Les
hommes d’Owain, comme tous les soldats du monde, étaient terriblement
superstitieux. Chaque signe était considéré et débattu ; chaque homme
portait une patte de lièvre ou une pierre de feu ; et chaque action était
ritualisée, en sorte que personne ne pouvait se chausser le pied droit avant le
gauche ni affiler sa lance à l’ombre de son corps. Il y avait dans nos rangs
une poignée de chrétiens et j’avais cru qu’ils se montreraient moins craintifs
à l’égard des Dieux, des esprits et des fantômes, mais ils se révélèrent en
tous points aussi superstitieux que nous.
    Venta, la
capitale du roi Melwas, était une pauvre ville de frontière. Ses ateliers
avaient fermé de longue date et les murs de ses grands bâtiments romains
portaient de grandes cicatrices du temps où les pillards saxons avaient mis la
ville à sac. Le roi Melwas vivait dans

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