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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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et je m’emparai de la hache
de l’homme à la cognée pour faire mes premières bagues de bataille.
    Les Saxons
détalèrent, laissant huit morts et de nombreux blessés. Je n’avais pas tué
moins de quatre ennemis  – un exploit qui ne passa point inaperçu de mes
compagnons. Je jouissais de leur respect, même si plus tard, quand j’eus gagné
en années et en sagesse, j’attribuai mes prouesses à ma seule stupidité
juvénile. Souvent les jeunes se précipitent quand les plus avisés y vont
calmement. Nous perdîmes trois hommes, dont Licat, l’homme qui m’avait sauvé la
vie sur la lande. Je récupérai ma lance, ramassai deux autres torques d’argent
sur les hommes que j’avais tués dans le ruisseau, puis regardai comment on
expédiait les ennemis blessés dans l’Autre Monde où ils deviendraient les
esclaves de nos combattants morts. Nous découvrîmes six captives bretonnes
blotties parmi les arbres. Des femmes qui avaient suivi nos conscrits et qui
étaient tombées entre les mains des Saxons, et c’est l’une d’elles qui
découvrit le seul guerrier ennemi qui se cachait encore dans les ronces au bord
du ruisseau. Elle cria et essaya de le poignarder avec son couteau, mais il se
jeta à l’eau, où je le capturai. Ce n’était qu’un jeune homme imberbe,
peut-être de mon âge, et il tremblait de peur. « Comment tu
t’appelles ? » demandai-je en pointant mon fer de lance ensanglanté
sur sa gorge.
    Il rampait
dans l’eau. « Wlenca », répondit-il, puis il me dit qu’il était
arrivé en Bretagne juste quelques semaines plus tôt, même si, quand je lui
demandai d’où il venait, il fut incapable de répondre autre chose que « de
chez lui ». Il ne parlait pas tout à fait la même langue que moi, mais les
différences étaient minces et je le comprenais assez bien. Le roi de son
peuple, me dit-il, était un grand chef, un certain Cerdic qui s’installait sur
la côte sud de la Bretagne. Cerdic avait eu besoin de combattre Aesc, un roi
saxon qui régnait sur les terres Kentish, afin d’y installer sa nouvelle
colonie. Pour la première fois, je compris que les Saxons s’entre-tuaient tout
autant que les Bretons. Il semblait que Cerdic l’eût emporté sur Aesc et
pénétrât maintenant en Dumnonie.
    La femme qui
avait déniché Wlenca se tenait accroupi tout près et lui sifflait des menaces,
mais une autre déclara qu’il n’avait pas pris part au viol qui avait suivi la
capture. Soulagé d’avoir enfin quelque butin à rapporter, Griffid déclara que
Wlenca aurait la vie sauve ; le Saxon se retrouva nu comme un ver et placé
sous la garde d’une femme, marchant vers l’ouest et promis à une vie d’esclave.
    Ce fut la
dernière expédition de l’année et, si grande que nous prétendîmes notre
victoire, elle faisait pâle figure au regard des exploits d’Arthur. Non
seulement il avait chassé les Saxons d’Aelle du nord du Gwent, mais il avait
ensuite mis en débandade les forces du Powys et, chemin faisant, avait taillé
en pièces le mur de boucliers du roi Gorfyddyd. Le roi ennemi s’était enfui,
mais c’était tout de même une grande victoire et Gwent et Dumnonie chantèrent à
l’unisson les louanges d’Arthur. Owain n’était pas content.
    Quant à
Lunete, elle délirait. Je lui avais rapporté de l’or et de l’argent,
suffisamment pour qu’elle pût porter une robe de peau d’ours en hiver et se
payer une esclave, une gamine du Kernow qu’elle racheta à Owain. L’enfant
travaillait de l’aube à la brune et, la nuit, elle pleurait dans un coin de la hutte,
comme nous appelions maintenant notre logis. Comme la fille pleurait trop,
Lunete la frappa ; je voulus défendre la fille, et Lunete me frappa à mon
tour. Les hommes d’Owain avaient tous quitté les baraques surpeuplées des
guerriers de Caer Cadarn pour la colonie plus confortable de Lindinis, où
Lunete et moi avions une cabane de chaume et de boue à l’intérieur des remparts
de terre construits par les Romains. Caer Cadarn était à quatre kilomètres de
là et n’était occupé que lorsque l’ennemi s’approchait un peu trop, ou à
l’occasion d’une grande cérémonie royale. L’occasion s’en présenta cet hiver,
alors que Mordred eut un an de plus et que, comme par hasard, la situation en
Dumnonie n’avait jamais été aussi troublée. Ou peut-être n’était-ce pas du tout
un hasard, car Mordred était né sous de mauvais auspices et son acclamation

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