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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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prince Cadwy. Owain nous avait promis de l’or
si nous nous acquittions convenablement de notre mission, puis il nous prévint
que cette tuerie nocturne devait rester secrète car nous n’avions pas reçu
d’ordre du conseil pour infliger ce châtiment. Au fond des bois épais, sur le
chemin de la lande, nous étions tombés sur un vieux sanctuaire édifié à l’abri
des chênes et Owain nous avait fait jurer le secret devant les crânes moussus
logés dans les niches du sanctuaire. La Bretagne regorgeait d’anciens
sanctuaires cachés de ce type  – preuve que les druides y avaient essaimé
avant l’arrivée des Romains  –, où les gens du pays venaient encore
solliciter l’aide des Dieux. Et cet après-midi-là, à l’ombre des chênes
couverts de lichen, nous nous étions agenouillés devant les crânes en touchant
la garde de l’épée d’Owain, et les hommes initiés aux secrets de Mithra avaient
reçu le baiser d’Owain. C’est ainsi que, bénis des Dieux et ayant juré de
garder le secret sur le carnage, nous nous enfonçâmes dans la nuit.
    C’est un
endroit immonde que nous découvrîmes. De grands feux destinés à fondre le
minerai crachotaient des étincelles et de la fumée vers le ciel. Un essaim de
cabanes étaient dispersées entre les feux et les gueules noires béantes où les
hommes creusaient la terre. D’immenses tas de charbon de bois ressemblaient à
des tors noirs, tandis que de la vallée se dégageait une odeur qui m’était
encore inconnue ; en vérité, dans mon imagination enflammée, ce village
minier haut perché ressemblait plus au royaume d’Annawn, à l’Au-Delà, qu’à un
peuplement humain.
    Des chiens
aboyèrent à notre approche, mais personne, dans le village, ne prit garde à
leur bruit. Il n’y avait pas de clôture, pas même une levée de terre pour
protéger l’endroit. Des poneys étaient au piquet, non loin de rangées de
charrettes ; ils se mirent à hennir alors que nous longions le côté du
village, mais personne ne sortit des cabanes basses pour s’assurer de la cause
de l’agitation. Les huttes étaient des cercles de pierre couverts d’un toit de
tourbe, mais au centre du village se dressaient deux bâtiments romains :
carrés, hauts et robustes.
    « Deux
hommes chacun, sinon plus, siffla Owain, histoire de nous rappeler combien
d’hommes nous étions censés tuer. Et je ne compte pas les esclaves ni les
femmes. Allez-y vite, tuez vite et surveillez toujours votre dos. Et restez
ensemble ! »
    On se sépara
en deux groupes. J’étais avec Owain, dont la barbe étincelait à cause du reflet
des flammes sur ses anneaux de fer de guerrier. Les chiens aboyaient, les
poneys hennissaient. Quand enfin un jeune coq lança son cocorico, un homme
sortit en rampant d’une hutte pour voir ce qui avait troublé le bétail, mais il
était déjà trop tard. Le carnage avait commencé.
    J’ai vu tant
de massacres de ce genre. Dans les villages saxons, nous aurions commencé par
mettre le feu aux cabanes avant d’entamer le carnage, mais ces cercles de
pierre et de tourbe ne prenaient pas feu, et force nous fut d’entrer à
l’intérieur avec lances et épées. Saisissant des morceaux de bois enflammés,
nous les balancions dans les huttes avant d’entrer en sorte que la lumière fût
assez grande pour la tuerie ; parfois, les flammes suffisaient à pousser
leurs habitants dehors, où les sabres qui attendaient les abattaient comme des
haches de bouchers. Si le feu ne faisait sortir la famille, Owain ordonnait à
deux d’entre nous d’entrer tandis que les autres montaient la garde à
l’extérieur. Je redoutais mon tour, mais je savais qu’il viendrait et je savais
aussi que je n’oserais pas désobéir au commandement. J’avais prêté serment
d’accomplir cette œuvre sanguinaire, et m’y refuser eût été aller au-devant
d’une mort certaine.
    Les hurlements
commencèrent. Avec les toutes premières huttes, ce fut un jeu d’enfant, car les
gens étaient endormis ou se réveillaient à peine, mais plus on s’enfonça dans
le village, plus la résistance devint farouche. Deux hommes nous assaillirent
avec des haches et se firent tailler en pièces par nos lanciers avec une
déconcertante facilité. Des femmes s’enfuirent avec des enfants dans les bras.
Un chien bondit sur Owain et mourut en geignant, l’épine dorsale brisée. Je
regardai une femme détaler avec un bébé dans un bras et tenant la main d’un
enfant

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