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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’étoile ! L’étoile du Powys. Ils disent qu’elle est
très belle. »
    La perspective
lui agréait et, d’une certaine façon, son plaisir me surprit, mais je n’avais
pas encore perçu alors sa vanité.
    « Espérons
qu’elle soit aussi belle qu’une étoile, mais belle ou pas, je l’épouserai et
nous pacifierons la Silurie. Les Saxons seront alors confrontés à une Dumnonie
unifiée : Powys, Gwent, Dumnonie, Silurie, tous bras dessus, bras dessous,
tous faisant front contre le même ennemi et vivant en paix les uns avec les
autres. »
    Je ris, non
pas de lui, mais avec lui, car il avait proféré son ambitieuse prophétie sur le
ton de l’évidence.
    « Comment
le sais-tu ?
    — Parce
que Cuneglas a présenté une offre de paix. Naturellement, tu n’en parleras à
personne, Derfel, sans quoi ça pourrait tourner autrement. Même son père
l’ignore encore. C’est un secret entre toi et moi.
    — Oui,
Seigneur », fis-je, me sentant immensément privilégié d’être mis dans la
confidence d’un secret aussi important, mais tel était bien sûr le but que
visait Arthur. Il avait toujours su manipuler les hommes et il savait surtout
manipuler les jeunes hommes idéalistes.
    « Mais à
quoi bon la paix, reprit-il, si nous nous entre-tuons ? Notre tâche est
d’offrir à Mordred un royaume riche et paisible, et, à cette fin, il nous faut
en faire un royaume bon et juste. »
    Les yeux
braqués sur moi, il me parlait maintenant avec un grand sérieux, d’une voix
basse et grave.
    « Nous ne
saurions avoir la paix si nous brisons nos traités, et le traité qui laissait
les gens du Kernow exploiter notre étain était bon. Ils nous volaient, je n’en
doute pas, tous les hommes trichent quand il s’agit de donner leur argent aux
rois, mais était-ce une raison de les massacrer avec leurs enfants et les
chatons de leurs gamins ? Alors au printemps prochain, Derfel, ou nous en
finirons avec ces absurdités, ou nous aurons la guerre au lieu de la paix. Le
roi Marc attaquera. Il ne gagnera pas, mais par orgueil il veillera que ses
hommes tuent nombre de nos paysans et il nous faudra envoyer une bande au
Kernow, et c’est un sale pays pour se battre, un très sale pays, mais nous
finirons par l’emporter. L’orgueil sera sauf, mais à quel prix ? Trois
cents paysans morts ? Combien de bêtes perdues ? Et si Gorfyddyd voit
que nous livrons la guerre sur notre frontière occidentale, il sera tenté de
profiter de notre faiblesse en attaquant au nord. Nous pouvons faire la paix,
Derfel, mais uniquement si nous sommes assez forts pour faire la guerre. Si
nous avons l’air faibles, nos ennemis fondront sur nous comme des aigles. Et
combien de Saxons devrons-nous affronter l’an prochain ? Pouvons-nous
vraiment sacrifier quelques hommes pour franchir le Tamar et tuer quelques
fermiers du Kernow ?
    — Seigneur... »
    J’étais sur le
point de confesser la vérité, mais Arthur m’imposa le silence. Dans la salle,
les guerriers entonnaient le Chant de guerre de Beli Mawr, frappant des pieds
sur le sol de terre battue en promettant un grand massacre, et sans doute
prévoyaient-ils d’autres boucheries dans le Kernow.
    « Tu ne
dois pas dire un mot de ce qui s’est passé sur la lande, m’avertit Arthur. Les
serments sont sacrés, même pour ceux d’entre nous qui se demandent s’il est un
Dieu pour se soucier de les faire respecter. Supposons une minute, Derfel, que
la fillette de Tristan dise vrai. Qu’est-ce que ça veut dire ? »
    Mon regard se
perdait dans la nuit glacée.
    « La
guerre avec le Kernow, répondis-je d’une voix lugubre.
    — Non,
trancha Arthur. Cela signifie que, demain matin, lorsque Tristan reviendra, quelqu’un
doit lancer un défi pour savoir la vérité. Les Dieux, me dit-on, favorisent
souvent celui qui dit vrai dans les affrontements de ce genre. »
    Je savais ce
qu’il disait et je hochai la tête.
    « Mais
Tristan ne défiera point Owain.
    — Pas
s’il a autant de bon sens qu’il semble en avoir, consentit Arthur. Même les
Dieux auraient quelque mal à lui donner la victoire sur l’épée d’Owain. Donc,
si nous voulons la paix et toutes les bonnes choses qui en découlent, il faut
qu’un autre se fasse le champion de Tristan. N’est-ce pas ? »
    Je le
regardais, horrifié en pensant à ce qu’il était en train de dire.
    « Toi ? »
finis-je par demander.
    Il haussa les
épaules sous son manteau blanc.
    « Je ne
vois pas

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