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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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un
condamné prononçant ses dernières paroles. Nulle part il n’était question d’un
enfant parlant du massacre de sa famille. « Le seigneur Owain, conclut
Bedwin à l’adresse de Tristan, a Langue. »
    Tristan était
pâle, mais il n’était pas dit qu’il reculerait.
    « Je
crois l’enfant, dit-il, et demain, après le lever du soleil, je viendrai
chercher la réponse de la Dumnonie, et si l’on refuse de rendre justice au
Kernow, alors mon père se fera justice lui-même.
    — Qu’est-ce
qu’il lui arrive à ton père ? railla Owain. Il est fatigué de sa dernière
épouse, c’est ça ? Alors il a envie de prendre une raclée ? »
    Tristan se
retira sous les rires, des rires qui s’amplifièrent tandis que les hommes
essayaient d’imaginer le petit Kernow déclarant la guerre à la puissante
Dumnonie. Je ne me joignis point à l’éclat de rire général, préférant finir mon
ragoût en me disant que j’avais besoin de me sustenter si je voulais avoir
chaud pendant mon tour de garde, qui commençait à la fin du banquet. Je me
gardai bien de boire de l’hydromel, en sorte que j’étais encore parfaitement
sobre quand j’allai chercher mon manteau, ma lance, mon épée et mon casque
avant de rejoindre le mur nord. Le grésil avait cessé, et les nuages
s’effaçaient pour laisser paraître une demi-lune brillante flottant parmi un
chatoiement d’étoiles, mais d’autres nuages s’amoncelaient à l’ouest, au-dessus
du Severn. Je frissonnais en arpentant les remparts.
    Où Arthur me
trouva.
    Je savais
qu’il viendrait. Je l’avais souhaité et pourtant, lorsque je le vis traverser
l’enceinte et grimper la courte volée d’escaliers qui menaient au mur bas de
terre et de pierre, j’éprouvai une certaine peur. Au départ, il ne dit rien,
mais se borna à se pencher par-dessus la clôture pour regarder la lointaine
tache de lumière qui éclairait Ynys Wydryn. Il portait son manteau blanc,
remonté en sorte que l’ourlet ne traîne pas dans la boue. Il avait noué les
coins de son manteau à la taille, juste au-dessus de son fourreau brettelé.
« Je ne vais pas te demander ce qui s’est passé sur la lande, dit-il enfin
en envoyant un nuage de buée dans l’air nocturne, parce que je ne veux pas
inciter un homme, encore moins un homme que j’aime à trahir un serment.
    — Oui,
Seigneur », fis-je en me demandant comment il savait que nous avions prêté
un serment de ce genre au beau milieu de la nuit.
    « Marchons
plutôt. » Il m’adressa un sourire en m’invitant à marcher avec lui sur les
remparts.
    « Une
sentinelle qui marche reste au chaud, observa-t-il. Ainsi, j’entends dire que
tu es un bon soldat ?
    — J’essaie,
Seigneur.
    — Et on
me dit que tu réussis, c’est parfait. »
    Puis il se
tut : nous passions devant l’un de nos camarades blotti contre la
palissade. L’homme leva les yeux vers moi et, sur son visage, je vis la frousse
que je ne trahisse la troupe d’Owain. Arthur retira son capuchon. Il marchait
d’un pas long et ferme et je devais forcer l’allure pour le suivre.
    « À ton
avis, Derfel, quelle est la tâche du soldat ? me demanda-t-il sur ce ton
intime qui vous faisait sentir que vous l’intéressiez plus que tout au monde.
    — Livrer
des batailles. Seigneur. »
    Il secoua la
tête et me corrigea.
    « Livrer
des batailles, Derfel, au nom de gens qui ne peuvent se battre eux-mêmes. J’ai
appris cela en Bretagne. Ce monde misérable est plein de gens démunis,
impuissants, affamés, abattus, malades et sans le sou, et il n’est rien de plus
facile au monde que de mépriser les faibles, surtout si tu es un soldat. Si tu
es un guerrier et que tu veuilles la fille d’un homme, il te suffit de la
prendre. Veux-tu sa terre ? Tu n’as qu’à le tuer. Après tout, tu es un
soldat : tu as une lance et une épée, et il n’est qu’un pauvre homme sans
moyen avec une charrue brisée et un bœuf malingre. Qu’est-ce qui peut
t’arrêter ? »
    Il n’attendait
pas de réponse à sa question, mais il continua à faire les cent pas en silence.
Nous étions arrivés au portail ouest et les marches de rondins fendus qui
menaient à la plate-forme au-dessus du portail blanchissaient sous l’effet du
gel. Nous grimpâmes côte à côte.
    « Mais la
vérité, Derfel, reprit-il lorsque nous fûmes sur la plate-forme, c’est que nous
ne sommes des soldats que parce que ce pauvre homme fait de nous des soldats.
Il cultive

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