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Le Roi de l'hiver

Le Roi de l'hiver

Titel: Le Roi de l'hiver Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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siège et but dans une corne. Mgr Bedwin
avait l’air troublé.
    « Tu as
vraiment vu les tueurs ? demanda l’évêque à l’enfant.
    — Oui,
Seigneur. » »
    Maintenant
qu’elle ne récitait plus les mots qu’elle avait préparés, Sarlinna était plus
agitée.
    « Mais
c’était la nuit, petite, objecta Bedwin. La razzia n’a-t-elle pas eu lieu de
nuit ? » demanda-t-il à Tristan.
    Tous les
seigneurs de Dumnonie avaient entendu parler du raid sur la lande, mais ils
avaient cru Owain lorsqu’il assurait que le raid était l’œuvre des Irlandais au
Bouclier-noir d’Œngus.
    « Comment
l’enfant a-t-elle pu voir en pleine nuit ? » demanda Bedwin.
    Tristan
encouragea l’enfant en lui tapotant l’épaule.

« Raconte
au Seigneur Évêque ce qui s’est passé.
    — Les
hommes ont mis le feu à notre cabane, commença Sarlinna d’une voix faible.
    — Pas
assez, grogna un homme tapi dans l’obscurité, et la salle s’esclaffa.
    — Comment
t’en es-tu tirée, Sarlinna ? demanda Arthur d’une voix douce quand les
rires se furent calmés.
    — Je me
suis cachée, Seigneur, sous une peau. »
    Arthur sourit.
    « Tu as
bien fait. Mais as-tu vu l’homme qui a tué ton papa et ta maman ? Et ton
chaton », reprit-il après un temps de silence.
    Elle hocha la
tête. Dans la salle vaguement éclairée, ses yeux brillaient de larmes.
    « Je l’ai
vu, Seigneur, dit-elle calmement.
    — Alors
parle-nous de lui. »
    Sarlinna
portait une petite chemise grise sous un manteau de laine noire. Elle leva ses
bras maigrelets et, retroussant ses manches sur sa peau blanche,
expliqua : « Les bras de l’homme portaient des images, Seigneur, des
images de dragon. Et de sanglier. Ici. » Elle montra l’emplacement des
tatouages sur ses petits bras, puis regarda Owain. « Et il avait des
anneaux dans la barbe », ajouta la fille avant de se taire. Mais elle
n’avait aucun besoin d’en dire plus. Un seul homme portait des anneaux de
guerrier dans sa barbe et tous les hommes présents, ce matin-là, avaient vu les
bras d’Owain plonger sa lance dans le creux du ventre de Wlenca. Et chacun
savait qu’étaient tatoués sur ses bras le dragon de Dumnonie et le sanglier à
longues défenses, son symbole.
    Le silence se
fit. Une bûche craqua, envoyant une bouffée de fumée dans les combles. Une
rafale de vent fit crépiter la neige fondue contre la toiture de chaume et voleter
les flammes des chandelles à mèche de jonc accrochées dans la salle. Agricola
examinait le support de sa corne en argent repoussé comme s’il n’avait encore
jamais vu pareil objet. Quelque part dans la salle un homme rota, et le bruit
sembla pousser Owain à tourner sa grosse tête hirsute pour regarder l’enfant.
« Elle ment, fit-il sèchement, et les enfants qui mentent méritent d’être
fouettés jusqu’au sang. »
    Sarlinna se
mit à pleurer et enfouit son visage dans les plis mouillés du manteau de
Tristan. Mgr Bedwin fronça les sourcils.
    « Il est
exact, Owain, n’est-ce pas, que tu as rendu visite au prince Cadwy à la fin de
l’été ?
    — Et
alors ? » fit Owain d’un ton cassant. « Et alors »,
reprit-il en rugissant, lançant cette fois un défi à toute l’assemblée.
« Voici mes guerriers ! » Il fit un geste en notre direction, du
côté droit de la salle. « Demandez-leur ! Demandez-leur !
L’enfant ment ! Je vous jure qu’elle ment ! »
    Soudain le
tumulte s’empara de la salle, les hommes crachant en direction de Tristan.
Sarlinna pleurait tellement que le prince se pencha pour la prendre dans ses
bras pendant que Bedwin essayait de reprendre le contrôle de la situation.
    « Si
Owain en fait le serment, hurla l’évêque, c’est que l’enfant ment. »
    Les guerriers
acquiescèrent d’un grognement. Arthur, je le voyais, m’observait. Je tenais les
yeux baissés sur mon écuelle de venaison.
    Mgr Bedwin
regrettait d’avoir fait entrer l’enfant. Il se passa les doigts dans la barbe,
puis hocha la tête d’un air las. « La parole d’un enfant n’a aucune valeur
juridique, fit-il plaintivement. Un enfant ne compte pas parmi ceux qui ont
Langue. » Avoir Langue c’était compter au nombre des neuf témoins dont la
parole avait valeur de vérité devant la loi : un seigneur, un druide, un
prêtre, un père parlant de ses enfants, un magistrat, un donateur qui parle de
son présent, une demoiselle de sa virginité, un berger de ses animaux et

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