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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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et ordonne-lui de commencer au plus vite
les travaux pour la tombe royale.
    « Callisthène, tu resteras ici
pour enquêter sur l’auteur de ce crime. Recherche ses amis, ses complices,
renseigne-toi sur ses derniers mouvements, interroge les gardes qui l’ont tué
en enfreignant l’ordre de mon beau-frère. S’il le faut, utilise la
torture. »
    Eumène avança et tendit à Alexandre
un petit écrin. « Le sceau royal, sire.
    — Est-ce que tu as de
l’affection pour moi, Eumène ? Me gardes-tu ta confiance ? dit
Alexandre en se passant la bague au doigt.
    — Bien sûr, sire.
    — Alors, continue de m’appeler
Alexandre. »
    Laissant une garnison à Aigai aux
ordres de Philotas, il gagna la place d’armes, bondit sur Bucéphale et partit
en direction de Pella, bien décidé à s’installer sur le trône de Philippe et à
montrer à la cour qu’il était le nouveau roi.
    Le théâtre était désormais
complètement vide. Seules les statues des dieux veillaient, abandonnées sur
leurs piédestaux. Dans la lumière déclinante du couchant, celle de Philippe
avait la fixité mélancolique d’une divinité oubliée.
    Soudain, tandis que l’obscurité
commençait de tomber, une ombre sembla surgir du néant : un homme, dont la
tête était recouverte de son manteau, pénétra dans l’arène déserte et examina
longuement la tache de sang qui rougissait encore la terre. Se retournant, il
s’engagea sous l’archivolte, près de la scène. C’est alors que son attention
fut attirée par un objet métallique, ensanglanté et à moitié dissimulé sous le
sable. Il se pencha pour l’observer de ses petits yeux gris, très mobiles, puis
le ramassa et le cacha dans les plis de son manteau.
    Il sortit et s’immobilisa devant le
poteau où l’on avait cloué le corps de l’assassin, à présent enveloppé dans les
ténèbres. Une voix résonna dans son dos :
    « Oncle Aristote, je ne
m’imaginais pas te trouver ici.
    — Callisthène. Ce qui devait
être un jour de liesse s’est conclu par un bien triste épisode.
    — Alexandre espérait te serrer
une nouvelle fois dans ses bras, mais les événements…
    — Je le sais. Je le regrette
aussi. Où est-il à présent ?
    — Il marche sur Pella à la tête
de ses troupes, afin d’ôter l’envie de se soulever à une partie de la noblesse.
Mais toi, par quel mystère es-tu ici ? Ce n’est pas un spectacle bien gai.
    — Le régicide a toujours
constitué un point critique dans le devenir des êtres humains. Et, à ce que
j’ai entendu, l’oracle de Delphes l’avait prédit : « Voici le taureau
couronné : la fin est proche ; le sacrificateur est prêt. »
Puis, se tournant vers le cadavre mutilé de Pausanias : « Le voici,
le sacrificateur. Qui aurait pu penser que tel devait être l’épilogue de la
prophétie ?
    — Alexandre m’a demandé de
mener une enquête sur ce crime. De découvrir ce que cache l’assassinat de son
père. » Au loin, le chant lugubre des pleureuses s’échappait de la partie
la plus reculée du temple. « Veux-tu m’aider ? demanda Callisthène.
Tout cela me paraît si absurde…
    — C’est là que réside la clef
de ce crime, affirma Aristote. Dans son absurdité. Quel assassin aurait pu
choisir une forme aussi grossière, un assassinat au théâtre, comme la scène
d’une tragédie interprétée en direct, avec du vrai sang et… (il sortit un
instrument des plis de son manteau)… et une vraie épée. Une dague celtique,
pour être exact.
    — Une arme peu commune… Mais je
vois que tu as déjà entamé tes recherches.
    — La curiosité est la clef de
la connaissance. Que sait-on de l’assassin ?
    — Peu de chose. Il était
originaire de la Lyncestide et se nommait Pausanias. C’est grâce à sa prestance
physique qu’il avait été admis dans les rangs de la garde.
    — Hélas, il ne pourra plus rien
nous dire, et cela fait sans aucun doute partie du plan. As-tu interrogé les
soldats qui l’ont tué ?
    — Un ou deux, mais je n’en ai
pas tiré grand-chose. Ils affirment qu’ils n’ont pas entendu l’ordre du roi
Alexandre. La mort du souverain leur aurait fait perdre la tête. Aveuglés par
la colère, ils l’ont massacré au moment où il a esquissé un geste de défense.
    — Une thèse crédible, mais
probablement fausse. Où se trouve le roi d’Épire ?
    — Il est parti avec Alexandre
en direction de Pella.
    — Il a donc renoncé à sa nuit
de

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