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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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un
regard lourd de signification)… sur les intentions des généraux qui commandent
notre corps d’expédition en Asie : Attale et Parménion. Étant donné qu’ils
disposent d’une armée de quinze mille hommes, il est opportun de procéder au
plus vite à ces vérifications.
    — Que penses-tu faire ?
demanda Philotas non sans une certaine appréhension.
    — Je n’ai pas l’intention de
vous mettre dans l’embarras : je confierai mon message à un officier grec
du nom d’Hécatée, qui combat à notre service dans la région des Détroits, à la
tête d’un petit détachement. J’ai, de toute façon, décidé de destituer Attale
de ses fonctions, et vous pouvez aisément en comprendre la raison. »
    Il n’y eut pas d’objection : la
scène qui s’était déroulée un an plus tôt, lors du mariage de Philippe, était
encore vive dans leur mémoire.
    « Je crois que les conséquences
de la mort du roi se feront très vite sentir, continua Alexandre. Certains
penseront qu’il est possible de revenir en arrière, et nous devrons leur
prouver qu’ils se trompent. Ce n’est qu’ensuite que nous pourrons reprendre le
projet de mon père. »
    Alexandre se tut. Au cours de cet
instant, tout le monde se rendit compte que le temps s’était arrêté, qu’un
avenir dont on ne pouvait rien imaginer était en train de se préparer dans
cette pièce. Le jeune homme que Philippe avait soumis à un dur apprentissage
siégeait à présent sur le trône des Argéades et, pour la première fois de sa
vie, le pouvoir dévastateur qu’il n’avait vu s’exercer que par les héros des
poèmes se trouvait à présent entre ses mains.
    Alexandre laissa à ses amis le
commandement des diverses unités de la phalange et de la cavalerie des
hétairoï, et à Héphestion la responsabilité du palais royal ; puis il
repartit en compagnie du roi d’Épire pour Aigai, où son père attendait encore
une sépulture, et où il allait devoir accomplir des tâches difficiles.
    À mi-chemin, ils rencontrèrent un
émissaire d’Eumène qui apportait une dépêche urgente.
    « Je suis heureux de t’avoir
trouvé, sire ! s’exclama-t-il en lui tendant un rouleau scellé. Eumène
désire que tu lises cette missive sans tarder. »
    Alexandre l’ouvrit et parcourut son
message laconique :
    Eumène à Alexandre, roi des
Macédoniens, salut !
    Le petit garçon d’Eurydice a été
découvert inanimé dans son berceau et je crains pour la vie de sa mère.
    La reine Olympias est arrivée au
palais la nuit qui a suivi ton départ.
    Ta présence est indispensable ici.
    Prends soin de toi.
    « Ma mère est arrivée juste
après notre départ, le savais-tu ? demanda Alexandre à son beau-frère.
    — Elle ne m’a rien dit lorsque
j’ai quitté Boutrotos, répondit le roi d’Épire en secouant la tête, mais
j’étais intimement persuadé qu’elle n’assisterait pas à la cérémonie. Cela
constituait un nouvel affront pour elle. Elle se voyait totalement exclue par
Philippe, puisque ce mariage m’amenait à garantir les frontières occidentales.
Je n’aurais pas pu imaginer qu’elle avait décidé de me rejoindre à Aigai.
    — Quoi qu’il en soit, elle est
là, et elle a pris des initiatives très graves. Dépêchons-nous, avant qu’elle
n’accomplisse l’irréparable », dit Alexandre en poussant Bucéphale au
galop.
    Ils atteignirent Aigai au couchant
et entendirent de loin le palais résonner de cris poignants. Eumène vint à leur
rencontre sur le seuil.
    « Elle hurle ainsi depuis deux
jours. Elle dit que c’est ta mère qui a tué son enfant. Et elle refuse de se
séparer du petit cadavre. Mais le temps a passé et tu comprends…
    — Où est-elle ?
    — Dans l’aile sud, répondit
Eumène. Suis-moi. »
    Alexandre fit signe à sa garde de
l’accompagner, et il traversa le palais, entièrement occupé par des hommes
armés. Nombre d’entre eux étaient des Épirotes qui appartenaient à l’escorte de
son beau-frère.
    « Qui les a placés ici ?
    — La reine, ta mère »,
assura Eumène, hors d’haleine, derrière Alexandre.
    Plus ils s’approchaient, plus les
gémissements augmentaient ; ils explosaient brusquement en des cris
rauques, puis s’éteignaient en un long sanglot.
    Le petit groupe arriva devant une
porte qu’Alexandre ouvrit sans hésiter, mais il fut bientôt glacé par le
spectacle qui l’y attendait. Eurydice gisait dans un coin, échevelée, les yeux
gonflés et

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