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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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d’agir avec honneur et d’être
clément chaque fois que cela lui est possible. C’est la seule dignité qui lui
est concédée depuis qu’il a été mis au monde, la seule lumière avant que ne
viennent les ténèbres d’une nuit sans fin… »
     

40
    Le lendemain, Eumène annonça à Alexandre que la tombe de son père était
prête, et que l’on pouvait célébrer ses funérailles. En réalité, seule la première
partie du grand sépulcre avait été achevée, dans un délai extrêmement
court : on avait prévu une seconde chambre où l’on déposerait d’autres
objets précieux pour accompagner le souverain dans l’au-delà.
    Revêtu d’habits somptueux et la tête
ceinte d’une couronne de feuilles de chêne en or, Philippe fut placé sur le
bûcher par ses soldats. Deux bataillons de la phalange et un escadron des
hétairoï à cheval lui rendirent les honneurs.
    Le bûcher fut éteint avec du vin
pur ; les cendres et les os furent enveloppés dans un tissu de pourpre et
d’or, en forme de chlamyde macédonienne, et enfermés dans un coffret en or
massif muni de pieds en forme de pattes de lion et d’un couvercle frappé de
l’étoile argéade à seize pointes.
    À l’intérieur de la tombe, on installa
la cuirasse en fer, cuir et or, que le roi avait portée durant le siège de
Potidée, ses deux jambières de bronze, son carquois en or, son bouclier de
parade en bois, recouvert d’une feuille d’or et orné d’une scène dionysiaque de
satyres et de ménades sculptée dans l’ivoire. Ses armes d’attaque – son épée et
la pointe de sa lance – furent jetées dans le feu de l’autel et fléchies
rituellement afin qu’elles ne soient plus jamais utilisées.
    Alexandre déposa ses offrandes
personnelles : une magnifique carafe en argent massif, dont l’anse était
décorée d’une tête barbue de satyre, et une coupe en argent à deux anses d’une
telle beauté et d’une telle légèreté qu’elle semblait sans poids.
    L’entrée du sépulcre fut fermée par
une grande porte de marbre à deux battants, flanquée de deux demi-colonnes
doriques qui reproduisaient l’entrée du palais royal d’Aigai. Un artiste de
Byzance s’employait encore à peindre sur le linteau une magnifique scène de
chasse.
    La reine Olympias n’assista pas au
rite funèbre, parce qu’elle ne souhaitait pas placer d’offrandes votives sur le
bûcher ni dans la tombe de son mari, et parce qu’elle ne voulait pas rencontrer
Eurydice.
    Quand les soldats refermèrent la
grande porte de marbre, Alexandre pleura : il avait aimé son père et il sentait
qu’on enterrait à jamais sa jeunesse derrière ces battants.
    Eurydice se laissa mourir
d’inanition avec la petite Europe, et les soins de Philippe, le médecin, qui
fit appel à toutes ses connaissances, ne servirent à rien.
    Alexandre fit édifier une somptueuse
tombe pour la jeune femme et ordonna qu’on y place le trône de marbre que son
père utilisait pour administrer la justice sous le chêne d’Aigai, une pièce
magnifique, ornée de griffons et de sphinx en or, ainsi que d’un quadrige peint
sur le dossier. Une fois ses devoirs accomplis, il s’en retourna à Pella, l’âme
remplie de tristesse.
    Le général Antipatros était un
officier de la vieille garde de Philippe, loyal envers le trône et extrêmement
fiable. Alexandre l’avait chargé de suivre la mission d’Hécatée en Asie, auprès
de Parménion et d’Attale, et il en attendait impatiemment le résultat.
    Il savait que les barbares du nord,
les Triballes et les Illyriens, récemment soumis par son père, pouvaient
s’insurger d’un moment à l’autre ; il n’ignorait pas que les Grecs
n’avaient accepté les clauses de la paix de Corinthe qu’après le massacre de
Chéronée, et que tous ses ennemis, en premier lieu Démosthène, étaient encore
vivants et en pleine activité. De plus, Attale et Parménion contrôlaient les
Détroits et se trouvaient à la tête d’un corps d’expédition fort de quinze
mille hommes.
    Comme si cela ne suffisait pas, on
venait d’apprendre que des agents perses prenaient des contacts à Athènes avec
le parti antimacédonien et qu’ils offraient de gros financements en or pour
fomenter un soulèvement.
    Les éléments d’instabilité étaient
nombreux, et si toutes ces menaces se concrétisaient en même temps, le nouveau
souverain n’aurait pas d’issue.
    La première réponse à ses
interrogations arriva au début de

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