Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
interrogea Cratère qui ne s’était jamais
posé de problèmes de nature philosophique.
    — C’est évident, répondit
Alexandre. Se connaître soi-même est l’entreprise la plus difficile qui soit,
car elle implique directement notre faculté de raisonner, mais aussi nos peurs
et nos passions. C’est uniquement en se connaissant soi-même à fond que l’on est
en mesure de comprendre les autres, ainsi que la réalité qui nous
entoure. »
    Ils observèrent le long défilé de
fidèles venus de toutes parts, qui apportaient des offrandes et demandaient un
verdict au dieu. Il n’y avait pas de localité grecque qui n’eût des
représentants à Delphes.
    « Crois-tu que l’oracle dit la
vérité ? questionna Ptolémée.
    — Le verdict qu’il a livré à
mon père résonne encore dans mes oreilles.
    — Un verdict ambigu, commenta
Héphestion.
    — Mais véridique, en fin de
compte, répliqua Alexandre. Si Aristote était ici, il nous dirait peut-être que
les prophéties confirment l’avenir mais ne le prévoient pas…
    — C’est probable, admit
Héphestion. Un jour, j’ai assisté à l’un de ses cours à Miéza : Aristote
n’a confiance en personne, pas même dans les dieux. Il ne se fonde que sur son
esprit. »
    Aristote se laissa aller contre le
dossier de son fauteuil et croisa les mains sur son ventre. « Et l’oracle
de Delphes ? As-tu pensé à l’oracle de Delphes ? Nous pouvons
également le soupçonner. Rappelle-toi : un oracle vit sur sa propre
crédibilité. Mais pour construire cette crédibilité, il lui faut posséder un
immense patrimoine de connaissances. Et personne ne possède autant de
connaissances que les prêtres du sanctuaire d’Apollon : voilà pourquoi ils
peuvent prévoir l’avenir. Ou le déterminer. Le résultat est le même. »
    Callisthène tenait une tablette sur
laquelle il avait noté les noms de ceux que l’on pouvait jusqu’à présent
soupçonner d’avoir assassiné le roi.
    Aristote reprit : « Que
sais-tu de l’assassin ? Qui a-t-il fréquenté les jours qui ont précédé le
meurtre du roi ?
    — C’est une triste histoire,
mon oncle, commença Callisthène. Une histoire dans laquelle Attale, le père
d’Eurydice, est profondément impliqué. Jusqu’au cou, si l’on peut dire.
    — Et Attale a été tué.
    — Exact.
    — Eurydice aussi est morte.
    — En effet. Alexandre lui a
fait construire une tombe somptueuse.
    — En outre, il s’est violemment
dressé contre sa mère Olympias, qui s’est acharnée sur la jeune femme, et a
probablement fait assassiner l’enfant.
    — Cela innocenterait Alexandre.
    — Mais cela le favorise
également dans la succession.
    — Le soupçonnes-tu ?
    — Le connaissant comme je le
connais, non. Mais parfois être au courant d’un crime, ou le soupçonner, sans
rien tenter pour l’empêcher, constitue une forme de culpabilité.
    « Le problème, c’est que de
nombreuses personnes avaient intérêt à tuer Philippe. Nous devons continuer de
recueillir des renseignements. La vérité, dans ce cas précis, pourrait être la
somme du plus grand nombre d’indices en défaveur de l’un ou de l’autre suspect.
Poursuis ton enquête concernant les faits qui impliquent Attale, et tiens-moi
informé. Informe également Alexandre : c’est lui qui t’a confié cette
mission.
    — Dois-je tout lui
rapporter ?
    — Tout. Et observe bien ses
réactions.
    — Puis-je lui dire que tu me
prêtes main-forte ?
    — Bien sûr, répondit le
philosophe. Premièrement, parce que cela lui fera plaisir. Deuxièmement, parce
qu’il le sait déjà ».
     

42
    Le général Parménion rentra à Pella en compagnie de Philotas, son fils,
vers la fin de l’automne, après avoir pris les dispositions nécessaires pour
que l’armée d’Asie puisse hiverner tranquillement.
    Il fut reçu par Antipatros, qui
avait alors la garde du sceau royal et remplissait la fonction de régent.
    « J’ai été fort chagriné de ne
pouvoir assister aux funérailles du roi, dit Parménion. Et j’ai été attristé
par la mort d’Attale, même s’il m’est impossible d’affirmer que je ne m’y
attendais pas.
    — Quoi qu’il en soit, Alexandre
a fait preuve d’une confiance totale à ton égard puisqu’il t’a envoyé Philotas.
Il a voulu que tu prennes en toute liberté la décision qui te semblait la plus
juste.
    — Voilà pourquoi je suis
revenu. Mais je m’étonne de voir le sceau royal à

Weitere Kostenlose Bücher