Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
Vom Netzwerk:
léger, il se cacha derrière une colonne, non
loin de la statue du culte – une image impressionnante d’Athéna, sculptée dans
la roche, peinte et munie d’armes de métal. C’était une idole raide et
primaire, creusée dans un unique bloc de pierre sombre ; ses yeux de nacre
ressortaient dans ce visage noirci par les années et par la fumée des lampes
votives.
    Une jeune fille, vêtue d’un péplos
blanc, les cheveux tirés sous une coiffe de la même couleur, s’approcha de la
statue, un petit seau dans une main et une éponge dans l’autre.
    Grimpant sur le piédestal, elle
entreprit de nettoyer la statue, répandant sous les hauts chevrons un parfum
pénétrant d’aloès et de nard. Alexandre la rejoignit d’un pas feutré et lui
demanda :
    « Qui es-tu ? »
    Sursautant, la jeune fille laissa
tomber son petit seau, qui rebondit sur le pavé et roula au pied d’une colonne.
    « N’aie pas peur, la rassura le
souverain. Je ne suis qu’un pèlerin soucieux de rendre hommage à la déesse. Et
toi, comment t’appelles-tu ?
    — Mon nom est Daunia, je suis
une esclave consacrée », répondit la jeune fille, intimidée par Alexandre
qui, contrairement à ce qu’il affirmait, ne ressemblait aucunement à un
pèlerin.
    On voyait en effet son armure et ses
jambières briller sous son manteau et son ceinturon en maille métallique
cliquetait à chacun de ses mouvements. « Une esclave consacrée ? On
ne le dirait pas. Tu as de beaux traits aristocratiques et un regard très fier.
    — Tu es peut-être habitué à la
vue des esclaves consacrées d’Aphrodite, qui sont d’abord esclaves de la
convoitise des hommes.
    — Pas toi ? interrogea
Alexandre en ramassant le seau.
    — Je suis vierge. Comme la
déesse. N’as-tu jamais entendu parler de la cité des femmes ? C’est de là
que je viens. »
    Son accent était très particulier,
le souverain n’en avait jamais entendu de pareil.
    « J’ignorais qu’il existait une
telle cité. Où se trouve-t-elle ?
    — En Italie. Elle se nomme
Locres, et son aristocratie est uniquement féminine. Elle a été fondée par cent
familles, qui toutes descendaient de femmes qui avaient fui la Locride, leur
patrie d’origine. Elles étaient veuves et s’étaient, dit-on, unies à leurs
esclaves.
    — Et pourquoi vis-tu ici, si
loin de ta patrie ?
    — Pour expier une faute.
    — Une faute ? Quelle faute
a bien pu commettre une personne aussi jeune que toi ?
    — Il ne s’agit pas de moi. Il y
a mille ans, la nuit où Troie tomba, Ajax d’Oilée, notre héros national, viola
la princesse Cassandre, fille de Priam, ici même, sur le piédestal où reposait
le Palladion sacré, la miraculeuse image d’Athéna tombée du ciel. Depuis lors,
les Locriens paient ce sacrilège en offrant deux jeunes filles de la meilleure
noblesse pour servir un an dans le sanctuaire de la déesse. »
    Alexandre secoua la tête comme s’il
n’en croyait pas ses oreilles. Il balaya la pièce du regard tandis que le
dallage du temple résonnait sous les sabots de nombreux chevaux : ses
compagnons étaient arrivés.
    Un prêtre entra. Comprenant aussitôt
à qui il avait affaire, il s’inclina devant le souverain et dit :
    « Bienvenue, puissant seigneur.
Je regrette que tu ne nous aies pas avertis : tu aurais eu droit à un tout
autre accueil. »
    Il fit signe à la jeune fille de
partir. Mais Alexandre la retint.
    « Celui que j’ai reçu me
convient parfaitement, affirma-t-il. Cette jeune fille m’a raconté une histoire
extraordinaire, qui dépasse mon imagination. J’ai entendu dire que des vestiges
de la guerre de Troie sont conservés dans ce temple. Est-ce vrai ?
    — Bien sûr. L’image que tu vois
est un Palladion : elle reproduit une ancienne statue d’Athéna, que Zeus
envoya du ciel. Cette statue rendait invincible la ville qui la
détenait. »
    C’est alors qu’Héphestion, Ptolémée,
Perdiccas et Séleucos pénétrèrent dans le sanctuaire.
    « Et où se trouve
l’original ? demanda Héphestion.
    — Certains disent que le héros
Diomède l’aurait ramenée à Argos. D’autres affirment qu’Ulysse alla en Italie
et l’offrit au roi Latinus. D’autres encore soutiennent qu’Énée la déposa dans
un temple non loin de Rome, où elle trônerait encore. Quoi qu’il en soit, de
nombreuses villes se vantent de posséder la véritable idole.
    — Je veux bien le croire,
observa Séleucos. Une telle conviction vous

Weitere Kostenlose Bücher