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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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aux eaux limpides qui coulait sur un lit de gravier.
    Le satrape de Lydie, un certain
Mithrènès, était un homme raisonnable. Comprenant qu’il n’avait pas le choix,
il envoya à Alexandre une délégation chargée de lui offrir la citadelle. Il
l’emmena ensuite visiter la forteresse, dotée d’une triple enceinte, de
contreforts et de chemins de ronde.
    « C’est de là que partit la
retraite des Dix Mille » observa Alexandre en posant les yeux sur la
plaine, tandis que le vent s’insinuait dans ses cheveux et fléchissait les
branches des saules et des ormes.
    Un peu à l’écart, Callisthène
prenait des notes sur une tablette. « C’est vrai, dit-il. Et la demeure du
prince Cyrus le Jeune, alors satrape de Lydie, se dressait ici.
    — C’est ici, d’une certaine
façon, que commence aussi notre expédition. Mais nous ne suivrons pas le même
itinéraire. Demain, nous irons à Éphèse. »
    Éphèse se rendit, elle aussi, sans
coup férir. La garnison de mercenaires grecs était déjà partie, et quand
Alexandre prit position dans la ville, les démocrates, qui revenaient de leur
exil, engagèrent une véritable chasse à l’homme, incitant le peuple à piller les
demeures les plus riches, celles des seigneurs qui avaient appuyé le gouverneur
perse.
    Certains se réfugièrent dans les
temples. On les en chassa pour les lapider. Devant tant de confusion, Alexandre
rétablit l’ordre en envoyant des patrouilles « d'écuyers » dans les
rues. Il déclara que la démocratie serait restaurée et ordonna aux riches de
payer, à titre de dédommagement, un impôt pour la reconstruction du sanctuaire
d’Artémis, incendié quelques années plus tôt.
    « Sais-tu ce qu’on
raconte ? interrogea Callisthène au cours d’une visite du gigantesque
temple en ruine. Que la déesse ne put éteindre le feu, car elle était trop
occupée à te faire naître. Le sanctuaire brûla en effet, il y a vingt et un
ans, le jour même de ta naissance.
    — Je veux qu’on le rebâtisse,
affirma Alexandre. Je veux qu’une forêt de colonnes monumentales en soutienne
le toit, et je veux qu’il soit décoré par les meilleurs sculpteurs.
    — C’est un beau projet. Tu
pourras en parler à Lysippe.
    — Il est arrivé ? demanda
le roi dont le visage s’illumina.
    — Oui. Il a débarqué hier soir,
et il lui tarde de te revoir.
    — Lysippe, dieux du ciel !
Ces mains, ce regard… Je n’ai jamais vu brûler autant de puissance créatrice
que dans les yeux de cet homme. Lorsqu’il te contemple, il entre en contact
avec ton âme, il crée une autre personne… D’argile, de bronze, de cire, peu
importe : il crée l’être qu’il aurait engendré s’il avait été dieu.
    — Dieu ?
    — Oui.
    — Quel dieu ?
    — Le dieu qui est en tous les
dieux et en tous les hommes, mais que de rares élus peuvent voir et
entendre. »
    Les notables de la ville, les chefs
démocrates que son père avait jadis établis, que les Perses avaient ensuite
chassés et qui étaient revenus à la faveur de son arrivée, l’attendaient pour
lui montrer les merveilles d’Éphèse.
    Les habitations s’étendaient sur une
hauteur qui déclinait doucement vers la mer et vers la vaste baie où se jetait
le fleuve Caystros. Le port était rempli de vaisseaux, qui ne cessaient de
déverser toutes sortes de marchandises. D’autres embarquaient des étoffes, des
épices et des parfums en provenance de l’Asie intérieure, pour les revendre au
loin, à l’autre bout du golfe Adriatique, sur les îles de la mer Tyrrhénienne,
sur la terre des Étrusques et des Ibères. On pouvait entendre le bruissement
que produisaient ces activités et les cris des marchands d’esclaves qui
vendaient aux enchères des hommes robustes et de belles jeunes filles que la
vie avait conduits à ce triste destin.
    Les rues étaient bordées d’arcades
sur lesquelles donnaient les demeures les plus riches ; les sanctuaires
des dieux étaient entourés d’étals et les vendeurs ambulants offraient aux
passants des amulettes qui portaient bonheur ou protégeaient contre le mauvais
œil, des reliques et des images d’Apollon et de sa sœur Artémis au visage
d’ivoire.
    Le sang versé à la suite des émeutes
avait été nettoyé dans les rues, et la douleur des parents des victimes
confinée entre les murs de leurs habitations. La ville n’était que fêtes et
allégresse, les habitants se pressaient pour voir Alexandre tout en agitant

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