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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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des
rameaux d’olivier ; les jeunes filles lançaient des pétales de roses sur
son passage, emplissant l’air d’un tourbillon de couleurs et de parfums.
    Ils finirent par gagner un
magnifique palais, dont l’entrée était soutenue par des colonnes de marbre
surmontées de chapiteaux ioniques, bordées d’or et peintes en bleu. Cette
résidence avait appartenu à l’un des aristocrates qui avaient payé de leur sang
le prix de leur amitié avec les dominateurs perses. Elle allait servir de
demeure au jeune dieu descendu de l’Olympe pour aborder les rives de l’Asie.
    Lysippe l’attendait, debout dans
l’antichambre. Dès qu’il le vit, il se précipita à sa rencontre et referma sur
lui ses grosses mains de casseur de pierre.
    « Mon cher ami ! s’exclama
Alexandre en l’étreignant à son tour.
    — Mon roi ! répondit
Lysippe, les yeux brillants.
    — As-tu pris un bain ?
As-tu déjeuné ? T’a-t-on donné des vêtements propres pour te
changer ?
    — Tout va bien, ne t’inquiète
pas. Je n’avais qu’un seul désir : celui de te revoir. C’est autre chose
que de contempler tes portraits. Est-il vrai que tu vas poser pour moi ?
    — Oui, mais j’ai également
d’autres projets en tête. Je veux que tu construises un monument hors du
commun. Assieds-toi.
    — Je t’écoute, dit Lysippe
tandis que les domestiques approchaient des sièges pour les dignitaires et pour
les amis d’Alexandre.
    — Tu as faim ? Veux-tu
déjeuner avec nous ?
    — Volontiers. »
    Les domestiques placèrent des tables
devant les convives et leur offrirent les spécialités de la ville : du poisson
grillé au romarin et aux olives salées, des légumes secs et des légumes frais,
du pain qui sortait tout juste du four.
    « Voilà, commença le roi tandis
que ses invités se servaient : je voudrais un monument qui soit édifié en
l’honneur des vingt-cinq hétairoï de la Pointe tombés sur le Granique au cours
de la première attaque contre la cavalerie perse. J’ai ordonné qu’on exécute
leurs portraits avant qu’ils soient placés sur le bûcher funèbre, car je désire
qu’ils soient ressemblants. Tu les représenteras dans la fureur de la charge,
dans l’ardeur du combat. Il faut que l’ensemble se rapproche de la réalité, et
que l’on ait le sentiment d’entendre le halètement de leurs chevaux, le
martèlement de leur galop. Il ne manquera à ces formes que le souffle vital…
que tu ne peux, hélas, encore leur donner. »
    Il baissa la tête. Un voile de
mélancolie tomba sur ses yeux, alors qu’il se trouvait au milieu de la liesse
générale, au milieu des coupes qui débordaient de vin et des plats remplis de
mets parfumés.
    « Lysippe, mon ami… ces jeunes
gens sont réduits à l’état de cendres, et leurs os gisent sous la terre.
Capture donc leur âme frémissante, saisis-la avant que le vent ne l’emporte
tout à fait, fonds-la dans le bronze, rends-la éternelle ! »
    Il s’était levé et gagnait à présent
l’embrasure d’une fenêtre qui donnait sur la baie scintillante. Échauffés par
le vin, ses invités mangeaient, buvaient et plaisantaient. Lysippe le
rejoignit.
    « Vingt-six statues à cheval…
la troupe d’Alexandre sur le Granique. Un enchevêtrement de membres et
d’échines puissantes, de bouches grandes ouvertes et préparant le cri de la
guerre, de bras brandissant le glaive et la lance, voilà ce que je veux. Me
comprends-tu, Lysippe ? Comprends-tu ce que je veux te dire ?
    « Tu érigeras ce monument en
Macédoine afin qu’il célèbre éternellement ces jeunes gens qui ont sacrifié
leur vie pour le pays, dans le mépris d’une existence obscure et sans gloire.
    « Je veux que tu verses dans le
bronze ta propre énergie vitale, je veux que ton art accomplisse le plus grand
miracle qu’on ait jamais vu. Les gens qui passeront devant ce monument devront
frissonner d’admiration et d’effroi, comme si ces cavaliers s’apprêtaient à
charger, comme si leurs bouches allaient délivrer le cri qui dépasse la mort,
qui franchit les brumes de l’Hadès dont personne n’est jamais revenu. »
    Lysippe le regardait sans mot dire,
abasourdi. Ses grosses mains calleuses pendaient le long de son corps, inertes
et comme impuissantes.
    Alexandre les serra dans les
siennes. « Ces mains peuvent accomplir ce miracle, je le sais. Il n’existe
pas de défi que tu ne puisses relever, il suffit pour cela que tu le veuilles.
Tu me

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