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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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colonnes
corinthiennes, silhouettes d’or sur fond de pourpre.
    Dans cette débauche de couleurs,
dans ce triomphe de lumière cristalline, le silence qui enveloppait
Halicarnasse faisait frissonner les hommes. Était-il possible que les mères ne
pleurent pas leurs fils tombés au combat ?
    « Est-ce possible ?
demanda Alexandre à Eumène qui s’était approché.
    — Bien sûr, répondit le
secrétaire. Personne ne pleure les mercenaires. Les mercenaires n’ont ni mère
ni père, ni amis. Ils n’ont que leur lance, au moyen de laquelle ils gagnent
leur pain quotidien, le pain le plus dur et le plus amer qui soit. »
     

30
    Ptolémée accourut. « Alexandre, dit-il, nous attendons tes ordres.
    — Prends Perdiccas et
Lysimaque, partagez-vous les attaquants et les « écuyers » et passez
la ville au peigne fin. Les hoplites grecs et nos pézétairoï vous emboîteront
le pas. Débusquez tous les hommes armés, et surtout essayez de dénicher Memnon.
Mais je tiens à ce qu’il ne lui soit fait aucun mal : si vous le trouvez,
amenez-le-moi.
    — Nous nous y
emploierons », acquiesça Ptolémée.
    Et il s’éloigna pour transmettre ces
ordres à ses compagnons.
    Le roi demeura avec Eumène sous
l’auvent d’une casemate derrière la muraille, d’où l’on avait une jolie vue sur
Halicarnasse. Peu de temps s’écoula avant que Ptolémée ne lui envoie une
estafette, chargée d’un message :
    Le satrape Orontobatès, le tyran
Pixodaros et la garnison perse se sont barricadés dans les deux forteresses du
port. Elles sont imprenables car les machines de siège ne peuvent les atteindre
par manque d’espace. Aucune trace de Memnon pour le moment. J’attends tes
ordres.
    Alexandre demanda qu’on lui amène
Bucéphale. Monté sur son étalon, il parcourut les rues désertes de la ville, où
les portes étaient verrouillées et les fenêtres barrées : terrorisés, les
gens s’étaient enfermés chez eux. Quand il atteignit les environs des
forteresses qui défendaient l’accès au port, il vit Perdiccas venir vers lui.
    « Que devons-nous faire,
Alexandre ? », demanda celui-ci.
    Le roi examina les fortifications
avant de se tourner vers la muraille.
    « Détruisez toutes les maisons
situées sur le côté gauche de cette rue et celles qui s’entassent dans la zone
du port. Une fois cette tâche accomplie, nous pourrons faire avancer les
machines et les placer derrière les forteresses. Les Perses doivent comprendre
qu’il n’y a pas un mur ou un bastion dans toute cette région où ils pourront
trouver refuge. Ils doivent se résigner à partir pour ne plus revenir. »
    Perdiccas acquiesça avant de sauter
sur son cheval et de rejoindre le quartier incendié. Il fit sonner les
trompettes pour réveiller les sapeurs et les pelleteurs qui s’étaient endormis
là où ils se trouvaient, épuisés par la fatigue et le travail d’une nuit
entière.
    L’ingénieur en chef, un Thessalien
du nom de Diadès, ordonna à ses hommes de démonter les deux plates-formes supérieures
des tours d’assaut afin d’y placer un bélier qui abattrait les maisons. Eumène
envoya, pour sa part, des hérauts dans les rues, qui enjoignirent aux Perses de
quitter leurs habitations.
    Les habitants, qui avaient craint
les massacres, les viols et les mises à sac, commencèrent à sortir. D’abord,
les enfants, intrigués par ces grandes manœuvres, puis les femmes et enfin les
hommes.
    Mais les destructions furent plus
importantes que prévu car nombre de maisons étaient adossées les unes aux
autres. Il était fréquent qu’un mur écroulé en entraînât d’autres. Voilà
pourquoi certains murmurèrent qu’Alexandre avait fait raser Halicarnasse.
    On dégagea, en quatre jours, une
bande de terrain sur laquelle on fit avancer les machines d’assaut. Une fois
qu’elles furent placées devant les forteresses du port, elles se mirent à en
saper les murs. Mais, au cours de la nuit, Memnon, Orontobatès et Pixodaros
s’embarquèrent sur plusieurs navires de la flotte à bord desquels ils prirent
le large. Ils rejoignirent le gros de l’escadre perse qui croisait plus au
nord, dans les eaux de Chios. En revanche, les mercenaires grecs qui restaient
se retranchèrent sur l’acropole, pratiquement imprenable du fait de sa
position.
    Alexandre pensa qu’il perdrait du
temps en tentant de les débusquer, d’autant plus que, encerclés par les troupes
macédoniennes, ces hommes finiraient par se rendre.

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