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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Égyptiens,
décréta Ptolémée. Qui sait quelles idées il lui a fourrées dans la tête ?
Comme si ce devin, Aristandre, ne suffisait pas…
    — À mon avis, Héphestion est au
courant, mais il préfère garder le silence.
    — Oui. Il obéit aveuglément à
Alexandre.
    — C’est vrai. De quoi peut-il
s’agir ? Une mauvaise nouvelle certainement. Et puis, pourquoi tant de
hâte ? Il est peut-être arrivé quelque chose à Parménion. »
    Ptolémée jeta un coup d’œil à
Alexandre, qui chevauchait non loin d’eux.
    « Il nous l’aurait dit. Quoi
qu’il en soit, Parménion n’est pas tout seul : il est entouré du Noir, de
Philotas, de Cratère et d’Amyntas, à la tête de la cavalerie thessalienne. Il
n’y aurait donc aucun rescapé ?
    — Qui peut le dire ? S’ils
sont tombés dans une embuscade… À moins qu’il ne pense à Memnon. Cet homme est
capable de tout : à l’heure qu’il est, il pourrait déjà avoir débarqué en
Macédoine ou au Pirée.
    — Que faire ? Crois-tu
qu’il faille lui poser la question s’il nous invite à dîner, ce soir ?
    — Cela dépendra de son humeur.
Il vaut peut-être mieux demander conseil à Héphestion.
    — Oui, tu as raison. »
    Le soleil était maintenant couché.
Les deux amis songèrent aux filles qu’ils avaient laissées en larmes dans leurs
maisons de Piérie ou d’Éordée. Peut-être les évoquaient-elles en cette heure
mélancolique.
    « As-tu jamais songé à te
marier ? demanda soudain Ptolémée.
    — Non. Et toi ?
    — Moi non plus. J’aurais bien
épousé Cléopâtre.
    — Moi aussi.
    — Perdiccas également, si tu
veux tout savoir.
    — Eh oui, Perdiccas
aussi. »
    Un cri retentit à la tête de la
colonne. Des éclaireurs rentraient au galop d’une de leurs missions de
reconnaissance.
    « Célènes ! Célènes !
    — Où ? interrogea Eumène
en se précipitant vers eux.
    — À cinq stades, dans cette direction »,
répondit un éclaireur en indiquant une colline où un nombre infini de lumières
scintillaient.
    C’était un spectacle
merveilleux : la ville ressemblait à une gigantesque fourmilière éclairée
par des milliers de lucioles.
    Semblant sortir de sa torpeur,
Alexandre leva le bras pour arrêter la colonne. « Nous bivouaquerons ici,
ordonna-t-il. Et demain, nous marcherons sur la ville. C’est la capitale de la
Phrygie et le siège du satrape perse de la province. Si Parménion ne s’en est
pas encore emparé, c’est nous qui le ferons. Il doit y avoir beaucoup d’argent
dans cette forteresse.
    — On dirait qu’il a changé
d’humeur, observa Ptolémée.
    — En effet, admit Séleucos. Il
s’est sans doute rappelé ce que disait Aristote : « De deux choses
l’une. Soit il y a une solution au problème, et il est inutile de s’inquiéter.
Soit il n’y a pas de solution au problème, et il est inutile de
s’inquiéter. » Il va peut-être nous inviter à dîner. »
     

38
    Aristote arriva à Méthône sur l’un des derniers bateaux qui partaient
encore du Pirée en dépit de la mauvaise saison. Le capitaine avait décidé de
profiter d’un vent du sud, relativement égal, pour livrer une cargaison d’huile
d’olive, de vin et de cire d’abeille, qui, sinon, aurait dû attendre l’arrivée
du printemps et des prix plus bas.
    Une fois à terre, il monta sur un
chariot, tiré par deux mules, et se fit conduire à Miéza. Il possédait les
clefs de tous les bâtiments, qu’il était autorisé à utiliser comme bon lui
semblait. En outre, il savait qu’il y trouverait une personne à qui il voulait
parler, une personne qui lui donnerait des nouvelles d’Alexandre :
Lysippe.
    Le sculpteur était en train de
travailler dans sa fonderie. Il effectuait l’esquisse en argile d’un groupe de
statues représentant la troupe d’Alexandre durant la bataille du Granique. Il
la fondrait ensuite à une échelle définitive pour réaliser le monument que le
roi lui avait commandé. Le soir était presque tombé et déjà les lanternes
brûlaient dans l’atelier, le réfectoire et quelques chambres d’invités.
    « Bienvenue, Aristote !
lança Lysippe. Pardonne-moi de ne pas te serrer la main : elle est toute
sale. Un instant, et je suis à ta disposition. »
    Aristote examina l’ébauche :
une sculpture de vingt-six personnages sur une plate-forme de huit ou dix pieds
de longueur. C’était stupéfiant : on pouvait voir le tourbillon des vagues
et presque

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