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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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l’aide d’Aristandre, Eumène parvint à conclure rapidement un
traité avec une population voisine, les Selgéens, ennemis farouches des
Termessiens en dépit de leur langue et de leurs divinités communes. Il leur
offrit de l’argent et Alexandre conféra à leur chef le titre grandiloquent de
« dynaste suprême et autocrate de Pisidie ». Aussitôt, ces gens se
postèrent autour de la ville en s’organisant pour le siège.
    « Je t’avais dit que Termessos
serait bientôt à ta merci », rappela Aristandre au souverain en
interprétant à sa façon la situation.
    Le roi s’assura la soumission de
plusieurs cités voisines, telles que Sidé et Aspendos, de très belles villes
côtières en partie construites à la grecque avec des places, des colonnades et
des temples ornés de statues. Il réclama le paiement des impôts jusqu’alors
destinés aux Perses. Enfin, il laissa un groupe d’officiers des hétairoï et un
détachement d’attaquants du corps des « écuyers » à ses alliés
barbares, au pied de la muraille de Termessos, et reprit la route du nord.
    Les montagnes du Taurus étaient
couvertes de neige, mais il faisait relativement beau et le ciel était pur,
d’un bleu intense. Ici et là, deux ou trois hêtres isolés, ou des chênes, dont
les branches étaient encore parées de feuilles ocre et rouges, se détachaient
sur cette blancheur aveuglante comme des joyaux sur un plateau d’argent. Au fur
et à mesure que l’armée avançait, les Thraces et les Agrianes, conduits par
Lysimaque, étaient envoyés en reconnaissance pour occuper les défilés et parer
à d’éventuelles attaques surprises. C’est ainsi que la marche se déroula sans
encombre.
    Afin de ne pas irriter les
populations indigènes et s’assurer une traversée pacifique de la grande chaîne
de montagnes, on achetait le ravitaillement dans les villages que l’armée
traversait. Alexandre chevauchait Bucéphale en silence, à la tête du convoi, et
il était difficile de deviner les pensées qui le tourmentaient. Il était coiffé
d’un chapeau macédonien à larges bords et portait une chaude chlamyde militaire
de laine brut. Péritas trottait dans les jambes de l’étalon. Une entente
amicale s’était établie entre les deux animaux : quand le chien ne dormait
pas au pied du lit de son maître, il se blottissait sur la paille, près du
cheval.
    Au bout de trois jours de marche à
travers la montagne, les troupes atteignirent une étendue plate et aride,
battue par un vent froid. Au loin, on voyait briller un miroir d’eau limpide et
sombre, qui tranchait sur la blancheur des alentours.
    « Encore de la neige !
grommela Eumène qui souffrait du froid et avait définitivement abandonné son
court chiton militaire pour un pantalon phrygien, beaucoup plus confortable.
    — Non, c’est du sel, corrigea
Aristandre qui chevauchait à ses côtés. Voici le lac Ascania, il est encore
plus salé que la mer. L’été, sa surface s’amenuise et l’étendue de sel augmente
considérablement. Les habitants de cette région en vendent, dans toute la
vallée. »
    Quand l’armée s’engagea sur cette
étendue immaculée, le soleil commençait à se coucher derrière les montagnes et
la lumière rasante, réfléchie par des millions de cristaux de sel, créait un
spectacle fantasmagorique, une atmosphère magique et irréelle. Les soldats ne
parvenaient pas à détourner le regard de ces couleurs changeantes, des rayons
de soleil que ces milliers de facettes décomposaient en éventails irisés, en
étincelles de feu.
    « Par les dieux de l’Olympe…,
murmura Séleucos. Quelle merveille ! Maintenant, nous pouvons vraiment
dire que nous sommes loin de chez nous.
    — Oui, admit Ptolémée. Je n’ai
jamais vu un tel spectacle de toute mon existence.
    — Vous pourrez en admirer
d’autres, continua Aristandre. Un peu plus loin se trouve le mont Argée, qui
crache du feu et des flammes et jette un manteau de cendres sur des régions
entières. On dit que le géant Typhon est enchaîné sous son énorme masse. »
    Ptolémée fit signe à Séleucos de le
suivre. Il poussa son cheval comme s’il avait l’intention d’inspecter la
colonne. Il ralentit l’allure un demi-stade plus loin et continua au pas.
« Alexandre aurait-il des problèmes ? », demanda-t-il.
    Séleucos le rejoignit. « Je
l’ignore. Il est dans cet état depuis l’arrivée de l’Égyptien.
    — Je n’aime pas les

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