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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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apparition. Il se présenta aux convives tandis
qu’on servait le repas – un bouillon de poule avec des légumes, du pain, des
fromages et des œufs durs, assaisonnés avec de l’huile et du sel. Et du vin de
Thasos.
    « Quelles nouvelles d’Alexandre
d’Épire nous apportes-tu ? demanda Lysippe.
    — De grandes nouvelles,
répondit l’invité. Le souverain a pris la tête de notre armée et de la sienne,
et il vole de victoire en victoire. Il a battu les Messapiens et les Iapyges,
et conquis toute l’Apulie, un territoire de la taille de son royaume.
    — Et maintenant, où
est-il ? interrogea Aristote.
    — Il a dû prendre ses quartiers
d’hiver en attendant de poursuivre son action au printemps prochain contre les
Samnites, une population barbare établie au nord, dans les montagnes. Il a
conclu une alliance avec d’autres barbares, appelés Romains, qui attaqueront
par le nord tandis qu’il viendra du sud.
    — Comment le considère-t-on à
Tarente ?
    — Je ne suis pas un politicien,
mais il me semble que les gens ont une bonne opinion de lui… au moins pour le
moment.
    — Qu’entends-tu dire ?
    — Mes concitoyens sont parfois
étranges : ils ont pour passions principales le commerce et la jouissance
de la vie. Voilà pourquoi ils n’aiment pas beaucoup se battre. Quand ils ont
des problèmes, ils appellent quelqu’un à leur secours. C’est ce qu’ils ont fait
avec Alexandre d’Épire. Mais je suis prêt à jurer que certains trouvent déjà
qu’il les aide trop, et trop bien. »
    Aristote eut un sourire sarcastique.
« Croient-ils donc qu’il a laissé sa terre et sa jeune épouse, qu’il a
affronté des dangers et des privations, des veilles nocturnes, des marches
exténuantes et des combats sanglants pour leur permettre de s’adonner au commerce
et à la belle vie ? »
    Évhémère de Callipolis haussa les
épaules. « De nombreuses personnes pensent que tout leur est dû, mais
elles sont obligées, à un moment ou un autre, de se heurter à la réalité. Quoi
qu’il en soit, laissez-moi vous exposer la raison de ma visite : je
souhaitais rencontrer Lysippe et je bénis la déesse Fortune qui m’a donné
l’occasion de connaître l’excellent Aristote, l’esprit le plus perçant de toute
la grécité, ce qui signifie, sans le moindre doute, du monde entier. »
    Aristote ne montra aucune réaction
face à tant de grandiloquence, il attendit que l’invité poursuive.
    « Un groupe de riches citoyens
a eu l’idée de rassembler de l’argent pour financer un projet qui rendrait
notre ville célèbre dans le monde entier. »
    Lysippe, qui avait fini de manger,
avala une coupe de vin rouge et s’appuya contre le dossier de son siège.
« Continue, dit-il.
    — Ils aimeraient construire une
statue gigantesque de Zeus, et la placer non pas dans un temple ou un
sanctuaire, mais au centre de l’agora, en plein air et en pleine
lumière. »
    À ces mots, le jeune Charès
écarquilla les yeux. Plus d’une fois, il avait exposé à son maître les rêves
qu’il nourrissait.
    Lysippe sourit en imaginant les
pensées de son assistant. « Qu’entends-tu par
« gigantesque » ? » demanda-t-il.
    Évhémère parut hésiter un moment,
puis il dit dans un souffle : « Disons quarante coudées.
    — Quarante
coudées ? », s’écria Lysippe en refermant les mains sur les
accoudoirs de son siège, tandis que Charès sursautait. « Dieux du ciel, te
rends-tu compte que tu parles d’une statue de la taille du Parthénon
d’Athènes ?
    — Oui. Nous autres, Grecs des
colonies, nous voyons grand. »
    Le sculpteur se tourna vers son
jeune assistant : « Qu’en dis-tu, Charès ? Il s’agit d’une belle
dimension, n’est-ce pas ? Hélas, personne n’est encore capable d’ériger un
semblable géant.
    — Tes émoluments seraient
considérables, insista Évhémère.
    — Ce n’est pas une question
d’émoluments, répliqua Lysippe. Les techniques que nous possédons ne nous
permettent pas de liquéfier le bronze sur un parcours aussi long, il est
impossible d’augmenter indéfiniment la température externe du bloc de fusion
sans risquer de faire éclater le matériau réfractaire de la couverture. Cela ne
signifie pas que ce soit impossible dans l’absolu. Tu pourrais peut-être
t’adresser à d’autres artistes… Pourquoi pas à Charès ? proposa-t-il en
passant la main dans les cheveux de son élève. Il affirme qu’il construira

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