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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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un
jour la plus grande statue au monde. »
    Évhémère secoua la tête. « Si
le grand Lysippe n’en a pas le courage, qui d’autre oserait se proposer ?
    — Charès, peut-être, répéta
Lysippe en posant la main sur l’épaule de son assistant. Qui sait ? »
    Aristote fut frappé par le regard
brûlant et rêveur du jeune home. « D’où viens-tu, mon garçon ? lui
demanda-t-il.
    — De Lindos, dans l’île de
Rhodes.
    — Ah, de Rhodes… », répéta
le philosophe comme si ce nom lui évoquait quelque chose de familier. Puis il
revint à son sujet : « Dans ta région, les statues se nomment des
« colosses », n’est-ce pas ? »
    Un domestique entreprit de
débarrasser la table tout en servant un peu de vin. Lysippe en but une gorgée
avant de reprendre : « Ton idée me fascine, Évhémère, même si elle me
paraît irréalisable. Toutefois, je vais être très occupé au cours des prochaines
années, et je n’aurai pas le temps de me pencher sur un tel projet. Mais tu
diras à tes concitoyens qu’il y a désormais une image de Zeus dans l’esprit de
Lysippe, et qu’elle pourrait prendre forme, tôt ou tard : dans un an, dix
ans, ou même vingt… qui peut le dire ? »
    Évhémère se leva. « Alors,
adieu. Si jamais tu devais changer d’avis, sache que nous serons toujours prêts
à t’accueillir.
    — Adieu, Évhémère. Je dois
regagner mon atelier, où une troupe de cavaliers encore prisonniers de la
pierre attend de prendre vie dans le bronze fondu : la troupe
d’Alexandre. »
     

39
    Aristote pénétra dans son vieil appartement. Il alluma les lanternes et
ouvrit sa cassette personnelle, d’où il tira le courrier de Callisthène qu’il
attendait : un rouleau de papyrus scellé et attaché par un lacet de cuir.
La lettre était rédigée selon un code secret, dont seuls son neveu, Théophraste
et lui-même détenaient la clef. Le philosophe y superposa un cache isolant
ainsi les mots que Callisthène avait insérés dans un texte parfaitement banal,
et il commença à lire le message.
    Quand il eut terminé, il brûla la
feuille de papyrus et la regarda se tordre dans la flamme de la lanterne,
léchée par de petites langues bleuâtres qui emportaient son secret. Il
descendit ensuite aux écuries, réveilla le voiturier qui l’avait amené dans ces
lieux et lui confia un paquet scellé accompagné d’une lettre. Après lui avoir
fait de nombreuses recommandations, il lui ordonna : « Prends le
meilleur cheval que tu trouveras et pars immédiatement pour Méthône. Le
capitaine du bateau que j’ai emprunté devrait encore y être. Dis-lui de
remettre ce paquet à la personne dont l’adresse est inscrite sur la lettre.
    — Je doute qu’il veuille
partir : le mauvais temps arrive. »
    Aristote tira de son manteau une
bourse d’argent. « Voici de quoi le convaincre. Et maintenant, va, et
vite ! »
    L’homme alla chercher un cheval. Il
sortit son épée de son sac et y enfonça le paquet du philosophe ; puis il
accrocha le tout à sa ceinture et partit au galop.
    Malgré l’heure tardive, Lysippe
travaillait encore. Entendant du bruit, il se pencha à la fenêtre et aperçut
Aristote qui passait rapidement sous le portique de la cour intérieure. Il le
revit le lendemain matin, alors qu’il était lui-même occupé à se raser.
    Vêtu de pied en cap, un sac de
voyage à l’épaule, le philosophe se dirigeait vers les écuries, où il fit
atteler des mules. Désireux de le saluer, Lysippe s’essuya aussitôt le visage.
C’est alors qu’un domestique frappa à sa porte. Il lui remit le mot
suivant :
    Aristote à Lysippe, salut !
    Je dois partir immédiatement pour
une affaire urgente. J’espère te revoir bientôt. Je te souhaite une grande
réussite dans ton travail. Porte-toi bien.
    Assis sur le siège de sa petite
carriole, Aristote s’engagea sur la route qui menait vers le nord. Le ciel
était gris, la température basse. C’était un temps de neige. Le sculpteur
referma la fenêtre et finit de se raser avant de descendre pour le petit
déjeuner.
    Le philosophe voyagea toute la
journée, ne s’arrêtant que pour se nourrir rapidement dans une auberge de
Chition, à mi-chemin. Il arriva à destination au crépuscule et se dirigea vers
la tombe de Philippe, devant laquelle brûlaient deux trépieds, des deux côtés
d’un autel. Il y versa un parfum oriental fort précieux et se recueillit face à
la porte de pierre que surmontait une

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