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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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rien à nous apprendre. Je lis
Philistos.
    — N’est-ce pas un écrivain
sicilien ?
    — C’est l’historien de Denys de
Syracuse, qui conquit, il y a soixante-dix ans, une ville de Phénicie située
sur une île et semblable à Tyr : Motya.
    — Et comment ?
    — Assieds-toi et regarde. »
Alexandre prit une plume et se mit à tracer des signes sur une feuille.
« Voici l’île, et voici la, terre ferme. Il construisit une jetée jusqu’à
l’île, et y fit passer ses machines de guerre. Quand la flotte carthaginoise se
présenta pour les déloger, il disposa une rangée de catapultes et de harpons
d’un nouveau genre, grâce auxquels il coula les navires ou les brûla à l’aide
de projectiles enflammés.
    — Tu as l’intention de
construire une jetée jusqu’à Tyr ? Mais deux stades nous en
séparent !
    — Comme à Motya. Si Denys y est
parvenu, j’y parviendrai moi aussi. À partir de demain, vous commencerez à
démolir la vieille ville et vous utiliserez les pierres pour construire une
jetée. Ils verront que je ne plaisante pas. »
    Héphestion déglutit :
« Démolir la vieille ville ?
    — Tu as très bien
compris : démolissez-la et jetez-la à la mer.
    — Comme tu veux,
Alexandre. »
    Héphestion alla transmettre cet
ordre à ses compagnons tandis que le roi se replongeait dans sa lecture.
    Le lendemain, Alexandre convoqua les
ingénieurs et les mécaniciens qui suivaient l’expédition. Ils se présentèrent
avec leurs instruments et tout le matériel nécessaire pour dessiner et prendre
des notes. À leur tête, Diadès de Larissa, un disciple de Phaillos, l’ingénieur
en chef de Philippe qui avait notamment construit les tours d’assaut grâce
auxquelles le roi avait abattu les murs de Périnthe.
    « Messieurs les techniciens,
commença Alexandre, nous ne pourrons gagner cette guerre sans votre
contribution. Nous vaincrons nos ennemis sur votre table à dessin avant de les
vaincre sur le champ de bataille. Car il n’existe pas de champ de
bataille. »
    La mer étincelante s’étalait,
derrière la fenêtre, autour des remparts de Tyr, et les ingénieurs comprirent
aussitôt ce que le roi attendait d’eux.
    « Alors, voici mon plan,
continua Alexandre. Mes hommes construiront une jetée jusqu’à l’île tandis que
vous inventerez des machines plus hautes que la muraille.
    — Sire, lui fit remarquer
Diadès, tu parles de tours de cent cinquante pieds.
    « Je pense que oui, répliqua le
roi sans broncher. Ces machines devront être invulnérables, équipées de béliers
et de catapultes d’un nouveau genre. Elles projetteront des pierres de deux
cents livres à huit cents pieds de distance. »
    Les ingénieurs échangèrent des
regards égarés. En silence, Diadès se mit à tracer des signes apparemment
absurdes sur la feuille qu’il avait étalée devant lui, tandis qu’Alexandre
l’observait. Pour les ingénieurs, ce regard pesait encore plus lourd que les
rochers dont ils devraient équiper leurs catapultes. Le technicien finit par
relever la tête et dit : « C’est possible.
    — Très bien. Alors, mettez-vous
au travail. »
    Pendant ce temps, la vieille ville
résonnait des lamentations des gens qu’on chassait de leurs habitations et du
vacarme que produisaient les toits et les murs en s’écroulant. Héphestion avait
ordonné qu’on emploie des béliers à bascule pour mener à bien cette œuvre de
démolition. Au cours des jours suivants, les équipes de bûcherons, escortées
par des attaquants agrianes, grimpèrent dans la montagne pour y couper des
cèdres du Liban et les transformer en bois de construction. On se relayait nuit
et jour pour effectuer cet ouvrage, en utilisant des chars tirés par des bœufs
et des ânes, qui transportaient les matériaux qu’on déversait ensuite au fond
de la mer. Perchés sur les hautes murailles, les Tyriens s’égayaient et
plaisantaient, se moquant des efforts surhumains de leurs ennemis, mais à la
fin du quatrième mois, ils cessèrent de rire.
    Un matin, au lever du jour, les
sentinelles qui parcouraient le chemin de ronde virent avec stupéfaction deux
colosses immobiles d’une hauteur de cent cinquante pieds avancer en grinçant
sur ce nouveau terre-plein. On n’avait jamais construit des machines de siège
aussi grandes. Quand elles atteignirent l’extrémité de la jetée, elles
entreprirent de tirer des roches énormes et des bombes de flammes qui
s’abattirent en sifflant sur

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