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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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plage, à l’aube, avant de
s’enfermer dans sa tente en compagnie de ses servantes et de sa nourrice. C’est
ainsi qu’un jour elle rencontra Alexandre : il marchait, suivi de
Bucéphale, la cuisse bandée, le visage dissimulé par ses longs cheveux agités
par le vent. Une fois encore, Barsine fut secouée par un frisson, comme si elle
était en présence d’un être irréel.
    Alexandre la regarda sans rien dire.
Soucieuse de ne pas le dominer, elle sauta à terre et baissa la tête en
murmurant : « Sire. »
    Le souverain s’approcha d’elle,
caressa sa joue de la paume de la main et l’observa, la tête légèrement penchée
sur l’épaule droite, comme il en avait l’habitude dès qu’il était envahi par
des sentiments intenses et profonds. Incapable de soutenir la force de son
regard, elle ferma les yeux.
    Le roi la surprit par un baiser
enflammé, puis il bondit à cheval et s’éloigna vers le rivage. Quand Barsine se
retourna il était déjà loin, enveloppé dans le nuage d’embruns scintillants que
soulevaient les sabots de Bucéphale.
    Elle regagna sa tente et s’effondra,
en pleurs, sur son lit.
    Une fois sa colère retombée,
Alexandre reprit la situation en main. Il réunit un conseil de guerre élargi,
convoquant ses généraux, ses architectes, ses techniciens, ses ingénieurs,
ainsi que Néarque et les capitaines de sa flotte.
    « Les événements qui viennent
de se produire n’ont rien à voir avec la colère des dieux. Ils sont dus à notre
sottise. Nous allons y remédier, et Tyr n’aura bientôt plus d’issue. Commençons
par la jetée : nos capitaines devront étudier les vents et les courants
qui animent ce bras de mer et en instruire les architectes de façon qu’ils
puissent édifier une nouvelle structure capable d’épouser leur force et leur
direction, au lieu de s’y opposer.
    « Passons aux machines,
continua-t-il en s’adressant à Diadès et à ses ingénieurs. Attendre
l’achèvement de la jetée nous ferait perdre trop de temps. Voilà pourquoi nous
devons empêcher les Tyriens de trouver le moindre repos. Il faut qu’ils
comprennent qu’ils seront inquiétés de jour comme de nuit. Nous disposerons
donc de deux équipes, qui travailleront simultanément : certains
s’occuperont des projets, d’autres construiront les tours d’assaut que nous
placerons sur la jetée dès qu’elle sera prête. D’autres encore concevront des
machines de siège flottantes.
    — Flottantes, sire ?
demanda Diadès en écarquillant les yeux.
    — Exactement. J’ignore comment
vous vous y prendrez, mais je suis sûr que vous y arriverez, et rapidement. Mes
compagnons seront, quant à eux, chargés de pacifier les tribus qui peuplent les
montagnes du Liban afin que nos bûcherons puissent travailler sans être
menacés. Dès le retour du printemps, nous entrerons à Tyr, j’en suis persuadé.
Je vais d’ailleurs vous en révéler la raison. Cette nuit, j’ai fait un
songe : Héraclès m’apparaissait sur les murs de la ville et m’invitait à
le rejoindre d’un geste des bras. J’ai raconté ce songe à Aristandre, qui l’a
interprété sans la moindre hésitation : j’entrerai à Tyr et j’offrirai un
sacrifice au héros dans son temple, à l’intérieur des murs. Je veux que cette
nouvelle soit rapportée aux soldats afin qu’ils soient certains de notre
victoire.
    — Ce sera fait », dit
Eumène en pensant que ce songe tombait fort à propos.
    Les travaux reprirent
aussitôt : on s’employa à reconstruire la jetée en suivant les indications
des marins chypriotes et rhodiens qui connaissaient très bien ces eaux. Pendant
ce temps, Diadès, qui était chargé de la tâche la plus importante, inventa des
tours d’assaut montées sur une plate-forme qu’on avait fixée sur les ponts de
navires de guerre réunis deux par deux, Deux bâtiments de ce genre furent
achevés en un mois, et à la première journée de beau temps, on les approcha à la
rame de la muraille. Quand ils eurent atteint la distance nécessaire, on les
ancra et on déclencha l’action des béliers, qui commencèrent à saper les murs.
Les habitants de Tyr réagirent rapidement en envoyant pendant la nuit des
plongeurs qui coupèrent les câbles des ancres, poussant ainsi les navires vers
les récifs. Néarque, qui veillait sur la quinquérème royale, donna aussitôt le
signal d’alarme et s’élança avec une dizaine de bateaux vers les plates-formes
flottantes, que le

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