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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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les chemins de ronde et dans la ville, semant la
destruction et la terreur.
    Les habitants de Tyr répondirent
aussitôt en édifiant d’autres catapultes au sommet de leur muraille et en
bombardant les hommes qui travaillaient à la jetée, ainsi que les machines de
guerre.
    Alors Alexandre ordonna qu’on
prépare des abris et des auvents de bois, recouverts de peaux d’animaux non
tannée qui les rendraient ininflammables. C’est ainsi que les travaux purent
continuer. On rapprocha les machines, dont le tir devint de plus en plus
précis, et donc de plus en plus dangereux. Si les choses avaient pu progresser
de la sorte, les murs auraient été sérieusement menacés.
    Pendant ce temps, la flotte de Sidon
et de Byblos, des navires de Chypre et de Rhodes s’étaient placés sous les
ordres de Néarque. Mais la flotte de Tyr, enfermée dans des ports
inaccessibles, refusait le combat. Ou plutôt, elle préparait une contre-attaque
inattendue et dévastatrice.
    En effet, au cours d’une nuit sans
lune, après une journée d’assauts incessants, deux trières quittèrent le port
en remorquant un vaisseau de transport : une énorme coque, complètement
creuse, remplie d’un matériau incendiaire. Deux longues vergues de bois,
auxquelles on avait accroché deux récipients de poix et de naphte, dépassaient
de la proue. Dès qu’elles se furent rapprochées de la jetée, les trières
accélérèrent leur allure avant de larguer le vaisseau auquel les marins avaient
mis le feu.
    Enveloppé dans un tourbillon de
flammes, le vaisseau continua sur sa lancée tandis que les trières viraient de
bord. Il finit par s’écraser sur le flanc de la jetée, non loin des tours de
siège. Dévorées par le feu, les vergues plièrent et cassèrent, et les
récipients incendiaires explosèrent à la base des machines de guerre.
    Des escadrons macédoniens surgirent
alors des postes de garde pour éteindre ce bûcher, mais les trières ennemies
déversaient déjà des groupes d’assaut, qui les affrontèrent sans tarder. Dans
la clarté rougeoyante de l’incendie, dans la fumée et le tourbillon des
étincelles, dans l’air que les vapeurs de naphte et de poix rendaient
irrespirable, la bataille prenait une allure terrifiante. Le vaisseau de
transport se désintégra dans une ultime déflagration et les deux tours furent
entièrement consumées par le feu.
    Du fait de leur hauteur, les tours
alimentaient des flammes et des étincelles qui dépassaient de plus de cent
pieds le sommet de ces énormes treillis, éclairant comme en plein jour toute la
baie et jetant un reflet rougeâtre sur les remparts de la ville.
    Tandis que des cris de jubilation
s’élevaient chez les Tyriens, les Macédoniens obtinrent une maigre consolation
en exterminant le contingent de débarquement au moyen d’une contre-attaque sur
la jetée, et en détruisant les deux trières. Un travail de plusieurs mois,
fruit du génie des meilleurs ingénieurs du monde, s’était évanoui en quelques
heures.
    Alexandre arriva au grand galop sur
la jetée, monté sur Bucéphale, et traversa le feu comme une furie infernale. Il
s’arrêta non loin des tours à l’instant même où elles s’écroulèrent
définitivement, dans une explosion de flammes, de fumée et d’étincelles.
    Ses compagnons le rejoignirent
aussitôt, suivis des ingénieurs et des mécaniciens qui avaient construit ces
merveilles. Impuissant, les yeux remplis de rage, l’ingénieur en chef, Diadès
de Larissa, contemplait ce désastre sans broncher.
    Alexandre mit pied à terre. Il posa
le regard sur les murailles, puis sur les restes des machines, et enfin sur ses
ingénieurs qui semblaient paralysés par ce spectacle. Il leur ordonna :
« Reconstruisez-les. »
     

54
    Quelques jours plus tard, tandis que les ingénieurs d’Alexandre
étudiaient la façon la plus rapide de reconstruire les machines de siège, une
violente marée emporta une partie de la jetée. Les dieux semblaient avoir
brusquement tourné le dos à leur élu, et le moral des hommes fut mis à rude
épreuve par cette série de revers.
    Le roi devint intraitable, personne
n’osait plus l’approcher. Monté sur Bucéphale il se promenait le long du rivage
en examinant l’île murée qui se moquait de lui, ou bien s’asseyait sur un
rocher, d’où il contemplait pendant des heures les vagues qui se brisaient sur
le sable.
    Barsine, elle aussi, avait
l’habitude de prendre son cheval et d’aller sur la

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